Mali – Cedeao : Faure Gnassingbé en passe de réussir son pari

Le président togolais était sollicité par les autorités de transition malienne pour jouer un rôle de médiateur avec les chefs d’Etat ouest-africains.Plus d’un mois après avoir accepté un rôle de médiateur dans la crise malienne, le président togolais, Faure Gnassingbé, a réussi à rapprocher les positions entre les militaires au pouvoir à Bamako et l’organisation régionale.

En effet, selon le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop,  les dirigeants ouest-africains ont accepté la transition 24 mois décrétée par la junte avant l’organisation des élections qui doivent permettre le retour des civils au pouvoir en mars 2024.

Si les sanctions sont toujours maintenues, souligne-t-il, c’est qu’il reste « certains détails » à finaliser comme la présentation d’un chronogramme détaillé et la mise en place d’un comité conjoint de suivi. Deux préalables qui seront réglés selon le dirigeant malien avant le sommet de la Cedeao du 3 juillet prochain. 

Si les sanctions venaient à être levées, Faure Gnassingbé, doyen des chefs d’Etat de la sous-région (17 ans au pouvoir), en tirerait à coup sûr « un succès diplomatique éclatant. »

Le président togolais; a toujours milité pour une levée des sanctions contre le Mali s’attirant la sympathie des dirigeants maliens. « Nous avons, au nom du président de la transition, sollicité le président Faure Gnassingbé (…) pour faciliter le dialogue avec les acteurs régionaux et plus largement le dialogue avec l’ensemble de la communauté internationale pour trouver un compromis pouvant nous permettre de sortir de la crise », avait déclaré M. Diop, en visite à Lomé.

Selon lui, la situation dans laquelle se trouve le Mali, « nécessite qu’on fasse preuve de génie politique », avait-il indiqué lors de sa rencontre avec le président togolais.

Un mois plus tard, un dénouement heureux est sur le point d’être trouvé dans cette crise malienne, au grand bonheur des populations.

 

 

Mali : colère et déception à Bamako contre la Cedeao

Colère et amertume sont les sentiments les mieux partagés à Bamako, la capitale malienne, après le maintien de l’embargo de la Cedeao.« C’était vraiment le sommet de l’espoir. Ce fut vraiment une surprise générale », lance un confrère malien, déçu de la tournure des évènements. Beaucoup de Maliens se disent déçus de l’issue du sommet de la Cedeao du 4 juin dernier, alors qu’ils attendaient une levée des sanctions.

A Bamako, le maintien de l’embargo et le report du sommet au 3 juillet prochain, sonnent comme un coup de semonce. « On sait que le président sénégalais (Macky Sall) a mis tout son poids pour que les sanctions soient levées, mais on apprend aussi que Nana Akufo-Addo du Ghana, Muhammadu Buhari du Nigeria et Mohamed Bazoum du Niger se sont opposés à la levée de l’embargo. Les Maliens sont évidemment très déçus de la tournure du sommet, parce que la situation se tend chaque jour», ajoute notre confrère.

Dans le Grand marché de Bamako, l’embargo de la Cedeao commence à se faire ressentir au niveau des commerces. « Ici, les gens font semblant, mais la situation est devenue intenable. Le kilogramme de sucre est passé de 450 francs à 600 francs, le kilogramme de lait est passé de 2300 à 2800 francs, le riz est passé de 450 à 650 francs, pour ne citer que ces exemples »  indique Moustapha, un Sénégalais, qui vit à Bamako, depuis plus de 30 ans.

Depuis l’entrée en vigueur des sanctions le 9 janvier dernier, le Mali navigue entre inflation et pénurie. « Il faut reconnaître que les Maliens ont une capacité de résilience incroyable motivée en cela par le sens patriotique mis en avant par les militaires » souligne un confère. Mais, « il faut se demander jusqu’à quand, ils vont pouvoir tenir, parce que la situation est devenue difficile pour tout le monde. Il y a des hausses et des pénuries depuis quelques semaines dans le pays », ajoute-t-il. 

Une « colère grandissante » commence même à gagner Bamako et certaines villes du pays pour dénoncer la vie chère. Une marche est même prévue vendredi prochain dans le pays pour fustiger la « hausse des prix », selon une source locale.

Plusieurs secteurs sont paralysés et le pays marche au ralenti. Les banques, l’agriculture, l’élevage et les commerces sont les secteurs les plus impactés par les sanctions. « Les banques sont asphyxiées par les sanctions de l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine). Les transactions ne peuvent plus se faire correctement, et dans un pays, quand le système financier est dérégulé, tout est paralysé », reconnaît, ce cadre, chargé de communication d’une grande banque installée à Bamako.

Les fonctionnaires payés en liquide

Le paiement des salaires par virement bancaire est pour le moment « impossible » selon un fonctionnaire qui s’est confié à APA. Le pays vit de « la mobilisation interne des ressources », selon Moussa (nom d’emprunt) fonctionnaire malien. « Tous les agents de l’Etat sont payés en liquide par le bureau de comptabilité de leur service respectif à la fin du mois », indique-t-il.

« Évidemment, la conséquence est que les banques qui avaient prêté de l’argent à des fonctionnaires sont pénalisées parce qu’elles ne peuvent plus opérer des retenues à la source. Les sanctions financières de l’Uemoa ont sérieusement touché le système bancaire. Aujourd’hui le monde est interconnecté », indique ce fonctionnaire.

La tension monte à Bamako et les prix s’envolent. A un mois de la fête musulmane du sacrifice (l’Aïd el-Kébir), les prix des ovins se sont envolés à cause de l’embargo et surtout de l’insécurité dans la région du Sahel. « Le prix des moutons a doublé au Mali en un an. Tout est devenu subitement cher à cause de la guerre et de l’embargo », explique Moustapha, qui opère au Grand marché de Bamako.

Le commerce du mouton est en péril au Mali surtout si les frontières restent fermées au-delà du sommet du 3 juillet. « Beaucoup d’éleveurs maliens sont inquiets. Le Mali ravitaille beaucoup de pays de la sous-région durant la fête de Tabaski. Actuellement, si les sanctions ne sont pas levées, les moutons maliens ne sortiront pas. Il n’y aura pas de dérogation. Pour le secteur de l’élevage, ce serait un coup terrible, puisque c’est plusieurs milliards chaque année » indique un interlocuteur.

Face à « l’orgueil » de la communauté internationale et « l’arrogance » des militaires, le peuple malien est en train de « mourir », selon l’Imam Mahmoud Dicko, personnalité incontournable du paysage politique malien. Le charismatique prêcheur, appelle les autorités de la transition et les chefs d’Etat ouest-africains à trouver un terrain d’entente pour mettre fin à l’embargo.

Dans ce contexte de crise, le prochain sommet du 3 juillet s’annonce crucial pour le Mali et la Cedeao, dont certains des chefs d’Etat adoptent des positions divergentes sur le dossier malien. 

Pour tenter de rapprocher les positions, le président en exercice de la Cedeao, Nana Akufo Addo, le président sénégalais Macky Sall et le médiateur de la Cedeao dans le dossier malien, Goodluck Jonathan, sont attendus à Bamako dans les prochains jours. Cette visite a pour mission de rechercher un consensus sur la durée de la transition, pomme de discorde, entre la junte au pouvoir et les chefs d’Etat ouest-africains.

 

 

« Les risques liés à l’usage abusif des drones armés » (Chercheure)

Chargée de recherche au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité, basé à Bruxelles, Solène Jomier a répondu aux questions de APA sur l’utilisation des drones dans les conflits armés.Les drones armés sont devenus monnaie courante dans l’arsenal de guerre de beaucoup de pays. Qu’est ce qui explique le recours à cette arme ?

Il faut relativiser cette notion de « monnaie courante ». Les drones sont présents parmi l’arsenal de nombreux pays, mais les drones équipés d’armes létales, dits « drones armés », n’en sont qu’une infime partie. Sur 193 pays reconnus à l’ONU, environ une vingtaine, 26 selon l’observatoire « Drone Wars », possèdent un ou plusieurs drones armés. Le nombre de pays capables de les produire est encore plus réduit. Ceux capables de les exporter sont une poignée. Il s’agit d’un marché appelé à connaitre une croissance significative dans les prochaines années.

Les forces armées recourent aux drones car ceux-ci apportent un avantage comparatif sur le terrain : ils sont plus discrets que des avions de chasse, peuvent être mobilisés plus rapidement et sur des plus longues périodes, et ne nécessitent pas de mettre en danger la vie de troupes au sol ou celle du pilote. Ils viennent donc apporter une capacité d’action différente à l’éventail d’options déjà à la disposition des militaires. En d’autres termes, ils ne sont pas plus ou moins décisifs que d’autres armes, ils proposent simplement des modalités d’action différente.

En Afrique, des pays s’intéressent de plus en plus à ce genre d’équipements militaires dans la guerre contre les nouvelles menaces, notamment jihadistes. A votre avis, peuvent-ils être décisifs ?

Les drones armés impliquent une dimension létale. C’est-à-dire qu’on élimine physiquement des personnes et on détruit des infrastructures.

Mais le terrorisme et le djihadisme en particulier s’inscrivent dans des dynamiques politiques et sociétales complexes qui nécessitent des réponses multidimensionnelles et transversales. On est donc loin de mettre fin à ces phénomènes en se confinant à l’outil militaire.

Par ailleurs, l’usage dont en font les forces militaires est ambivalent. Une frappe de drone peut viser des individus qui représentent des menaces directes pour les États et leurs populations. La menace terroriste (et djihadiste) est bien réelle et ne doit pas être minimisée ici. Mais la lutte contre le terrorisme est également utilisée par certains États comme une forme de répression contre toute forme d’opposition politique.

Une telle pratique remet en cause la légitimité des États à recourir à la violence et à justifier leurs actions. Elle crée un climat de défiance au sein des populations. Celles-ci peuvent craindre d’être visées à tout moment par ces armes furtives, puissantes et qui semblent frapper sans distinction. Paradoxalement, cet écueil peut nourrir la popularité des mouvements terroristes et djihadistes dans ces pays, où ils sont perçus comme une forme de résistance à un État oppresseur.

Quels sont les risques liés à l’usage abusif des drones armés?

Sans même parler d’abus, les drones armés facilitent le recours à la puissance de feu comme réponse à un problème sécuritaire donné. Il devient plus simple pour une force armée d’éliminer les menaces, plutôt que de mobiliser d’autres outils de terrain, comme l’interpellation par exemple.

La multiplication des appareils à la disposition des États et donc de leur recours soulève des questions majeures en termes de risques associés.

Tout d’abord, il faut souligner un risque majeur de tuer des civils et des personnes innocentes, quel que soit le contexte. Le recours aux drones armés participe à l’érosion de la protection des civils, portant atteinte à une valeur fondamentale du droit international. Dans son rapport sur l’« Utilisation de drones armés pour des assassinats ciblés » publié en 2020, Agnès Callamard, rapporteuse spéciale de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires, pointait du doigt les lacunes majeures des États en matière d’identification des cibles des frappes de drones, ce qui conduit à une multiplication des risques d’erreurs et d’exécutions arbitraires. En d’autres termes, l’usage des drones armés est associé à des victimes collatérales. Leur proportion est régulièrement sous-évaluée par les États selon les ONGs.

A lire aussi: Sahel : les drones peuvent-ils vaincre les jihadistes ?

Cela interroge sur la proportionnalité de ces frappes : Tuer les suspects est-il la réponse la plus adaptée ? Le coût humain, en particulier en termes de victimes collatérales, est-il acceptable au regard des bénéfices sécuritaires ?

Il faut également rappeler l’opacité autour des frappes de drones. Beaucoup ne sont pas revendiquées ouvertement par les États les conduisant, ce qui complique l’enquête, l’examen des responsabilités, l’imputabilité des personnes commettant des exactions et limite l’accès à la justice pour les victimes et leurs familles. Par ailleurs, certains États conduisent des frappes de drones armés sur des territoires étrangers sans demander l’autorisation du pays où la frappe est menée. Ces frappes ont souvent lieu en dehors d’une situation de guerre ouverte, ce qui pose problème sur le plan du respect de la souveraineté nationale.

Pour plus d’informations sur les écueils en matière des respects des droits humains et de la transparence, vous pouvez consulter ma publication https://grip.org/wp-content/uploads/2021/04/NA_2021-05-19_FR_SJ-drones-armes-RW.pdf

En Afrique, quels pays mènent la danse dans ce marché et quels sont ses points forts par rapport aux autres ?

À ce stade, les pays africains éprouvent des difficultés significatives à structurer une chaine de production complète et autonome de drones armés opérationnels. Autrement dit, personne ne produit actuellement à grande échelle ses propres drones armés en Afrique. Il faut comprendre que l’armement de drones militaires est une étape extrêmement pointue qui demande une maitrise très avancée de ce type de technologie, ainsi qu’un fort investissement pécuniaire, pour des résultats qui ne sont pas toujours au rendez-vous. Nombreux sont les pays qui développent des prototypes mais ne peuvent pas pousser plus avant leurs efforts, faute de capacités techniques et financières suffisantes. Sur le continent africain, c’est le cas de l’Afrique du Sud et de l’Algérie.

L’Afrique du Sud a testé un prototype armé en 2013, il s’agissait d’une variation du drone de surveillance « Seeker 400 » (développé par Denel Dynamics) équipée d’armes létales. Cependant, le pays ne semble pas avoir donné suite à ces efforts, se concentrant sur le développement de drones militaires de reconnaissance et de surveillance.

L’Algérie a affirmé en 2018 avoir utilisé avec succès des drones armés algériens dits « Djazair 54 » contre des caches d’armes terroristes. L’incertitude plane autour de ces appareils. L’Algérie affirme avoir produit localement ces appareils et les avoir équipés d’armes létales. Toutefois, la presse a mis en doute cette version des faits, estimant que l’Algérie n’est pas capable d’une telle production. Il s’agirait non pas d’un appareil produit entièrement par les Algériens, mais plutôt d’un appareil dérivé d’un modèle émirati, le « Yabhon 40 » qui est initialement un drone de reconnaissance et qui a été modifié pour l’occasion. Son opérabilité semble également très limitée puisque l’Algérie n’a fait que peu voire pas mention de cet appareil ces dernières années. Il s’agissait donc probablement d’un prototype utilisé pour une démonstration. À noter que l’Algérie a depuis fait acquisition de drones armés chinois (CH-3 et Ch4) ce qui soutient sa probable incapacité à produire localement.

À ce stade, les acteurs africains restent dépendants de l’offre étrangère et risquent de le rester pour les prochaines années.

Comment l’expertise locale africaine peut-elle renverser la tendance actuelle dominée par l’offre étrangère ?

Pour l’heure, le marché international des drones armés reste largement structuré autour de l’offre américaine. Les américains sont les précurseurs de ce domaine et possède la technologie la plus avancée. La Chine et la Turquie sortent également leur épingle du jeu. Israël possède des technologies reconnues en la matière mais n’a pas initié de commerce international. Les drones armés produits dans le pays vont renforcer les capacités de l’armée nationale.  

D’autres pays ambitionnent de produire voire d’exporter leurs drones armés, comme la Russie, l’Iran, l’Indonésie, la Corée du Sud, ou bien encore des pays européens (via le projet commun EuroMALE).

Étant donné les couts élevés de pénétration de ce marché, ainsi que sa très haute technicité, il y a pour l’heure peu de perspectives d’avenir pour une offre africaine.

Sahel : les drones peuvent-ils mettre fin au jihadisme ?

Le drone armé est devenu la nouvelle convoitise pour traquer les jihadistes au Sahel.Les 20 et 21 mai, un Iliouchine IL-76, immatriculé UR-FSE affrété par une compagnie ukrainienne a atterri à l’aéroport international de Niamey. Ce gros porteur avait à son bord un chargement bien particulier destiné au Niger.

Depuis novembre 2021, le président Mohamed Bazoum, arrivé au pouvoir sept mois plut tôt au pouvoir, a décidé de doter son armée de drones Bayraktar TB2 avant d’effectuer une visite de terrain à la firme Baykar au mois de mars 2022. Le Niger devient à cet effet, l’un des rares pays africains à accéder à cette nouvelle arme.

« Un système de drone armé se compose d’une console de contrôle au sol et d’un ou plusieurs appareils sans pilote (dits Unmaned Aerial vehicle – UAVs) équipés d’armes, le plus souvent de type missile ou bombe », décrit la chercheure Solène Jomier dans sa note d’analyse intitulée : « Le Marché international des drones armés : des ventes bourgeonnantes dominées par l’offre américaine », réalisée en novembre 2021 pour le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP), basé à Bruxelles.

Destiné à « démocratiser les frappes aériennes à moindre coût », comme l’explique à Apa le fabricant d’armes, Serigne Mactar Bâ, le drone armé est néanmoins une denrée rare. « Sur 193 pays reconnus à l’Onu, environ une vingtaine, 26, selon l’observatoire « Drone Wars », possèdent un ou plusieurs drones armés », précise Solène Jomier, dans une interview avec Apa.

Dominé par les Etats-Unis, le marché des drones s’est ouvert ces dernières années aux chinois suivis des turcs qui se sont lancés dans ce créneau en ciblant une clientèle moins fortunée dont des pays africains. « L’intérêt de certains pays africains pour les drones Bayraktar TB2, c’est qu’ils sont beaucoup moins chers que les drones Reapers américains, beaucoup plus faciles à manier et ont besoin d’une infrastructure logistique moindre », argumente Wassim Nasr, journaliste à France24 et spécialiste des mouvements jihadistes.

Selon le journaliste Jean Dominique Merchet, spécialiste des questions militaires, « un lot de 16 Repears (du constructeur américain General Atomics) avec tous leurs équipements et la formation des personnels, coûterait 1,5 milliards de dollars, soit 1,5 milliards d’euros. Soit, 72 millions d’euros par appareil ».

Le Niger qui est devenu le 14e pays acquéreur de ce système turc, n’a pas communiqué sur les conditions d’achat du lot de 6 appareils reçus de Baykar mais on sait qu’en 2019, l’Ukraine a acheté six systèmes Bayraktar TB2 à 69 millions de dollars. Donc, accessibles pour des pays au portefeuille modeste et faisant face à des défis sécuritaires importants.

Depuis quelques années, cet Etat sahélien est en guerre contre des jihadistes affiliés à l’Etat islamique ou à Al Qaïda qui opèrent dans la partie sud de son territoire. Cette crise sécuritaire qui s’enlise, avec ses victimes militaires et civiles, met le président Mohamed Bazoum et son gouvernement dans une position de recherche de solutions pour inverser durablement la tendance.

A lire aussi : Sécurité : le Niger s’arme en Turquie

C’est dans cette logique que s’inscrit l’acquisition de drones armés qui ont la particularité d’être plus discrets que les avions de chasse en sus de leur capacité d’être mobilisés rapidement sur de longues périodes en préservant la vie de troupes au sol ou celle du pilote. Ces caractéristiques ont permis à ces nouveaux types d’armement de faire leur preuve dans beaucoup de combats récents. « C’est le cas en Ukraine, entre les ukrainiens et les russes. En Libye, le recours à ce même type de drones a permis au gouvernement de l’Ouest de contrer l’offensive du maréchal Khalifa Haftar pour prendre Tripoli », rappelle Wassim Nasr.

Dans la lutte contre les groupes jihadistes, les pays sahéliens comme le Niger peuvent-ils espérer le même résultat ? Wassim Nasr pense que les efforts visant à s’équiper en drones pour les armées locales, est un pas vers l’indépendance tactique. Cependant, il reste dubitatif quant à l’efficacité du Bakratar TB2 contre les groupes insurrectionnels de type jihadiste même s’il estime qu’ils peuvent être efficaces pour « cibler des colonnes ou déplacements de jihadistes en motos ».

Héni Nsaibia invite à moins d’engouement autour de ces aéronefs sans pilotes. « L’arrivée récente des drones et leur utilisation émergente par les forces locales dans la région du Sahel suscitent beaucoup d’attentes et de nombreuses personnes pensent qu’en acquérant ces moyens, forces de leurs pays pourront surveiller, détecter et détruire les ‘terroristes’ à tout moment et à tout lieu », tempère ce chercheur sénior à l’ONG Armed Conflict Location and Event Data Project (ACLED). « Ce qui est plus important pour un drone, c’est de savoir où l’envoyer. C’est l’équivalent d’une lampe torche, armée ou pas, qui éclaire une cible précise », schématise l’auteur de l’ouvrage : « Etat islamique : le fait accompli ».

Ce préalable est important pour réduire le risque de bavures auquel s’expose ses utilisateurs. C’est d’autant plus nécessaire que des puissances militaires, malgré les nombreux succès enregistrés sur le terrain, n’ont pas toujours été exempts de reproche dans l’utilisation des drones contre des cibles présumées jihadistes au Sahel.

A titre illustratif, le 3 janvier 2021, la force française Barkhane, présente au Sahel depuis 2014, a mené une opération au village de Bounti, dans le centre du Mali, tuant 21 personnes qui assistaient à un mariage. Pour l’État-major des armées françaises, les individus neutralisés appartiennent à un groupe jihadiste. Une thèse affaiblie par l’enquête de la Division des droits de l’homme de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) qui n’a identifié que trois jihadistes appartenant à la Katiba Serma (JNIM) sur les 21 victimes. Dans cette opération, les renseignements ont été collectés par un drone Reaper MQ-9 alors que les frappes ont été l’œuvre de Mirages 2000.

Wassim Nasr cite l’exemple d’une frappe menée par les américains dans la foulée de leur retrait de l’Afghanistan en août 2021. Un individu supposé appartenir à l’Etat islamique, soupçonné de préparer un attentat a été ciblé par une frappe de drone qui a tué au passage des civils dont un enfant.

Ces épisodes mettent en évidence ce qu’Agnès Callamard relevait dans son rapport sur « l’utilisation de drones pour les drones armés pour des assassinats ciblés ». Selon Solène Jomier, ledit rapport « pointait du doigt les lacunes majeures des Etats en matière d’identification des cibles des frappes, ce qui peut conduire à une multiplication des risques d’erreurs et d’exécutions arbitraires. À cela s’ajoute « l’opacité autour des frappes de drone ». « Beaucoup ne sont pas revendiquées ouvertement par les Etats les conduisant, ce qui complique l’enquête, l’examen des responsabilités, l’imputabilité des personnes commettant des exactions et limite d’accès pour les victimes et leurs familles », soulève la chargée de recherche au GRIP.

Souvent au banc des accusés en termes d’exactions contre les civils, les armées africaines pourront-elles relever le défi de la transparence que nécessite l’usage des drones pour des résultats efficaces sur le terrain ? Rien n’est sûr.

Quoi qu’il en soit, Héni Nsaibia recommande de ne pas se fier « aux solutions-miracles pour mettre fin aux conflits qui durent depuis une décennie ». Le chercheur sénior à ACLED est plutôt favorable à une introspection sérieuse « impliquant une combinaison d’outils comprenant des opérations de contre-insurrection, des programmes de démobilisation et d’amnistie, le dialogue et le rétablissement du contrat social avec les populations ».

Mali : l’imam Dicko charge la junte et la communauté internationale

Figure emblématique de la révolution contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keita (2013 – 2020), l’imam Mahmoud Dicko ne partage pas aujourd’hui la politique des autorités de transition et des acteurs impliqués dans la résolution de la crise malienne.L’imam Dicko refait surface. Intervenant à l’ouverture du Forum de Bamako, jeudi 26 mai, il a été appelé à se prononcer sur le thème « Femmes, paix, sécurité et développement en Afrique ». Un thème qui a fait tilt dans sa mémoire puisqu’il évoque largement la situation alarmante que traverse son pays.

Outre les violences jihadistes notées sur presque deux tiers de son territoire, le Mali est sous le coup de l’embargo de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) après le refus des autorités militaires d’organiser rapidement des élections et permettre le retour d’un pouvoir civil. Au même moment, certaines voix discordantes sont pourchassées dans le pays.

A lire aussi : Mali: Qui est l’Imam Dicko, «l’homme le plus influent du pays» ?

Mais cette situation ne fait pas peur outre mesure au religieux. Il a été à la tête des manifestations qui ont emporté le régime du président IBK, renversé en août 2020 par un coup d’Etat dirigé par le colonel Assimi Goïta et ses hommes. Face au public du Forum de Bamako, l’imam Mahmoud Dicko n’a pas mis de gants pour s’indigner aujourd’hui de la gestion de la crise politique malienne.

« L’arrogance de nos dirigeants, je le dis ici, je vais sortir et ils vont m’interpeller, mais je le dirai, leur arrogance, et l’orgueil de la communauté internationale, c’est le peuple malien qui est en train de payer ça. C’est extrêmement grave », a-t-il déclaré.

Mahmoud Dicko n’a pas raté aussi la classe politique locale, qu’il trouve « moribonde », et « une société civile qui a cessé d’exister, il faut le dire ». Par conséquent, « aujourd’hui, le peuple est trimbalé entre des gens qui veulent une transition indéfinie, des gens qui ont des principes tuent au nom de ces principes », a poursuivi l’imam.

Pour lui, les acteurs doivent se départir de « l’arrogance » et de « l’orgueil » pour changer le cours des choses. « Le peuple malien, l’Afrique entière doit assister à sa destruction, à son effondrement sans lever le petit doigt ? Je crois que l’histoire retiendra cela », a-t-il dit. Il promet de reprendre la parole plus souvent pour parler de la situation du pays et « défendre les populations » malmenées par les sanctions économiques des pays voisins du Mali.

En outre, les tractations vont bon train pour la levée de ces sanctions asphyxiantes. Plusieurs observateurs ont appelé à leur levée après que la junte militaire a accepté de réduire ses prétentions de se maintenir au pouvoir jusqu’à cinq ans à vingt-quatre mois pour le moment. Dans cet élan, les chefs d’Etat de la Cedeao prévoient de tenir un sommet, le 4 juin à Accra, pour discuter du Mali et d’autres sujets d’ordre régional.

G5 Sahel : le Mali invité à reconsidérer sa position

Le retrait du Mali préoccupe le Général Mahamat Idriss Déby Itno, président en exercice de l’organisation régionale.Sa réaction était très attendue. Le Général Mahamat Idriss Déby Itno, chef de l’Etat du Tchad, quatre jours après la décision du Mali de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel, y compris la force conjointe, rompt le silence.

C’est avec une « vive préoccupation » que le président en exercice du G5 Sahel dit avoir appris la nouvelle. Dans un communiqué daté du 19 mai, le fils du défunt Idriss Déby Itno note « avec regret une décision prise sans consultation préalable », mais tient compte des « raisons avancées » par le gouvernement malien.

Dimanche dernier, le Mali a dénoncé des manœuvres visant à l’empêcher d’assurer la présidence du G5 Sahel à partir de février 2022 comme le veut le principe de présidence tournante de cette organisation formée en 2014 avec le Burkina, le Tchad, la Mauritanie et le Niger.

Malgré tout, le président tchadien invite Bamako à « reconsidérer sa position (car il y a) des efforts en cours pour apporter une solution à ses préoccupations à travers la tenue imminente d’une conférence des chefs d’Etat et de gouvernement » en Mauritanie où se trouve le siège du Secrétariat permanent du G5 Sahel.

A cet effet, le Général Mahamat Idriss Deby Itno promet de tout mettre en œuvre pour « préserver l’unité et la cohésion du G5 Sahel. Un instrument irremplaçable en matière de mutualisation d’efforts, des moyens et d’actions de ses Etats membres face aux défis du développement et de la sécurité ».

Pour le président tchadien, il est hors de question de « laisser le G5 Sahel se disloquer ». Une position partagée par Nouakchott favorable à la recherche de solutions pour « surmonter les obstacles qui se dressent » devant l’organisation régionale.

Dans cette perspective, un déplacement à Bamako du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Mauritaniens de l’Extérieur, Mohamed Salem Ould Merzoug, était annoncé pour jeudi 19 mai.

Le Niger ne semble pas être sur la même longueur d’onde. Mohamed Bazoum a regretté, dans un entretien avec La Croix, la mort du G5 Sahel, tout en accusant le Mali d’être dans une position « de fuite en avant qui l’isole en Afrique et nous prive d’une stratégie concertée et coordonnée pour lutter contre le terrorisme ».

Tchad : « Plus rien ne sera comme avant » (expert)

Au-delà de l’attaque des symboles de la présence française, une jeunesse « désespérée » s’est exprimée samedi à N’Djamena, selon le Professeur Zakaria Ousman Ramadan, président du Centre tchadien des études stratégiques et des recherches prospectives.Le sentiment anti-français se propage en Afrique. Une marche s’est tenue ce week-end dans la capitale tchadienne, à l’appel de la coalition d’opposition Wakit Tama, pour dénoncer l’ingérence de la France dans la politique intérieure du pays.

Démarrée pacifiquement, la manifestation a été émaillée de violences à la fin. Des jeunes ont notamment attaqué plusieurs stations Total, la multinationale française. « La rue gronde. Il faut l’écouter. Je pense que le problème n’est pas tant soit peu la France et la présence de ses soldats au Tchad, mais l’exaspération d’une jeunesse ayant perdu tout espoir et en quête de repères », analyse le Professeur Zakaria Ousman Ramadan.

À la mort d’Idriss Déby Itno, grand allié militaire de la France, son fils Mahamat a pris les rênes du Tchad pour une transition d’une durée initiale de 18 mois qui tend à être prolongée. De l’avis du président du Centre tchadien des études stratégiques et des recherches prospectives, « il paraît urgent de recentrer les débats sur les questions de justices sociales et de sécurité humaine » parce que « la jeunesse tchadienne
est
connectée à un monde virtuel qui la renseigne, la fascine et la façonne ».

« Des dizaines de milliers de chômeurs et de badauds » figuraient parmi les manifestants et « c’est la premiere fois dans l’histoire du Tchad qu’autant de personnes, de tout bord, protestent ensemble », renseigne le Professeur Zakaria Ousman Ramadan qui intervient aussi à l’école de maintien de la paix Alioune Blondin Beye de Bamako (Mali).

Tchad: les conséquences du report du dialogue national inclusif

Initialement prévue le 10 mai prochain, le dialogue nationale inclusif au Tchad a été reporté à une date « ultérieure ».Cette décision a été prise sur demande des partenaires du gouvernement tchadien notamment le Qatar, médiateur dans ce pré-dialogue.

Les pourparlers lancés le 13 mars dernier à Doha entre les représentants du gouvernement tchadien et plusieurs mouvements rebelles sont au point mort depuis plusieurs semaines. Et l’un des plus puissants groupes rebelles du pays, le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR), a même claqué la porte début avril. 

Dans un communiqué, le ministère tchadien des Affaires étrangères n’a pas donné de nouveau calendrier, mais il a évoqué un « accord des plus hautes autorités de la Transition pour un report du Dialogue national inclusif à une date ultérieure qui sera retenue après consultations avec les institutions et les acteurs politiques pertinents ».

Transition chamboulée

Après la mort d’Idriss Deby Itno le 20 avril 2021, son successeur Mahamat Idriss Deby, intronisé président du Conseil militaire de transition (CMT) du Tchad, a engagé de larges consultations avec des groupes rebelles. Celles-ci devront déboucher sur une remise du pouvoir aux civils au sortir des prochaines élections dont la date n’est pas encore fixé.

La transition dix-huit (18) annoncée après sa prise de pouvoir, doit déboucher sur l’organisation des « élections libres et démocratiques » au terme du dialogue national inclusif (DNI). Ce report pourrait entraîner un chamboulement du calendrier de la transition.

Afrique de l’Ouest : les solutions endogènes pour contrer la faim (FAO)

Dans un entretien accordé à APA, le Coordonnateur du bureau sous-régional de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO, sigle en anglais) pour l’Afrique de l’Ouest, Robert Gueï, invite les États à davantage développer leurs productions locales.1. Qu’est ce qui explique le risque de famine en Afrique de l’Ouest que votre organisation redoute ?

Plusieurs facteurs peuvent être convoqués. Nous avons l’exacerbation de la crise sécuritaire dans le bassin du lac Tchad et l’insécurité qui règne dans la partie anglophone du Cameroun. En Afrique de l’Ouest, la crise sécuritaire se dégrade également au Nord-Est du Nigeria et se propage dans d’autres zones du pays. Nous savons tous aussi ce qui se passe dans la zone des trois frontières (Burkina, Mali et Niger) où des bandes armées sévissent.

Cette situation a causé des déplacements de populations qui ont alors perdu leurs capacités de production. Ces gens sont aujourd’hui dépendants des aides humanitaires. Cela a un impact sur la sécurité alimentaire. En outre, le Sahel est confronté au changement climatique. Les phénomènes extrêmes (longues sécheresses, inondations…) affectent la production agricole. Par ailleurs, les affrontements ethniques liés souvent au pastoralisme s’accentuent. La Covid-19 est venue aggraver la situation. Les crises politiques, ayant occasionné les coups d’État, ont multiplié les tensions et moult frontières ont ainsi été fermées. Aujourd’hui, la crise ukrainienne a déjà un impact sur l’inflation. Ce sont tous ces facteurs réunis qui menacent la sécurité alimentaire de la région.

2. Qu’est-ce que la FAO préconise comme réponses ?

Notre mandat est de développer l’agriculture et l’alimentation dans le monde. Donc, en ce qui concerne la production agricole et la production animale et même dans le domaine de la gestion des ressources naturelles, nous aidons les pays à pouvoir faire face à ces crises. Mais il faut dire qu’ils ne pourront pas le faire seuls. C’est pourquoi, ils sont soutenus par des organisations sous-régionales.

La crise ukrainienne devrait ouvrir les yeux des dirigeants de la sous-région. Ils ne pourront pas toujours compter sur l’extérieur pour nourrir leurs populations. Il faut résolument croître les capacités internes de ces pays pour produire suffisamment ce dont ils ont besoin. Nous aidons les pays à se préparer contre les effets de cette guerre en Europe en augmentant la production locale et en développant les chaînes de valeurs avec nos céréales. Nous les assistons également dans la fabrication de l’engrais au niveau local.

3. Les États de la région sont-ils préparés à faire face à une éventuelle crise alimentaire ?

Il faut signaler que certains États n’ont suffisamment pas investi dans la production agricole. Ce secteur n’a malheureusement pas été considéré comme une priorité. Cette crise permet ainsi d’ouvrir les yeux de ceux-là qui ont négligé l’agriculture.

Les données de la FAO ont montré que nous sommes très dépendants de l’Ukraine et de la Russie d’où nous importons du blé devenu au fil du temps une denrée incontournable de notre alimentation. Nous avons pourtant d’autres farines issues du maïs, du mil, du sorgho… Dans certains pays, elles sont mélangées avec la farine de blé pour fabriquer du pain. C’est le moment pour nos gouvernants de promouvoir ces farines et le pain qui en provient. Cela ne veut pas dire que nous allons nous passer de la farine de blé, mais cette crise est l’occasion pour nous de développer notre agriculture locale.

Par ailleurs, il faut encourager le secteur privé pour qu’il puisse intervenir. Il faut faire en sorte que les femmes et les jeunes, qui constituent une force inestimable pour le travail agricole, puissent mener à bien leurs projets en accédant notamment à la terre, à l’eau, à la formation et aux financements. Ce n’est pas souvent le cas. Nous pensons qu’avec cette crise les choses vont commencer à se mettre en place.

Decryptage: Où va le Tchad, un an après la mort d’Idriss Déby?

Zakaria Ousman Ramadan,
directeur du centre tchadien d’études stratégiques, décrypte pour Apa news l’état du Tchad, un an après la disparition du président Idriss Déby Itno.Il y a un an disparaissait le président Idriss Déby Itno au Tchad. Dans la foulée, une transition conduite par un comité militaire dirigé par un de ses fils avait été annoncée. Comment va le pays aujourd’hui?

Idriss Deby Itno a marqué le Tchad par sa longévité au pouvoir. Il a passé trente ans à la tête du pays. Ce qui n’est pas peu. 
Pour les tchadiens nés dans les années 1990, c’est l’unique chef d’Etat qu’ils ont connu.
Cette longévité explique la solidité du système de pouvoir qu’il a construit et qu’il a légué à ses héritiers politiques qui tiennent aujourd’hui le pays. 
Combien de temps conserveront-ils un tel héritage ? Pourront-ils tenir autant que lui? La réponse est difficile, même si une très grande partie des tchadiens se reconnaissent aujourd’hui dans le système politique construit par le président disparu. 

Un pré-dialogue inter-tchadien a été lancé depuis le 13 mars à Doha sous le patronage du Qatar. La réunion se poursuit encore. Quels sont les objectifs de ce dialogue? 

Le pré-dialogue de Doha est censé être le début d’un processus qui devrait conduire à un dialogue inclusif sur la transition pour un retour à l’ordre constitutionnel prévu début mai à Ndjamena, la capitale tchadienne.
La rencontre réunit les représentants de plus d’une cinquantaine de groupes politico-militaires et près de 200 délégués, dont 25 représentants du Conseil militaire de la transition (CMT) que par Mahamat Idriss Déby Itno, homme fort du Tchad depuis la mort au front de son père, en avril 2021. 
C’est une sorte de mise  » en jambe » qui a pour objectif d’arrondir les angles et definir les modalites de participation de tous les acteurs politico- militaires en assurant aux uns et aux les conditions de sérénité et de sécurité au cours de la rencontre et surtout en offrant à ceux qui en font la demande une garantie absolue pour leur intégrité physique.
Les périodes sombres de l’histoire du Tchad ont été marquées par des violences politiques et des contentieux qui ont fortement abîmé le tissu social sur fond de règlement de compte et des représailles sans fin. 
A Doha, les acteurs de ce pré-dialogue ont pour tâche essentielle d’aplanir les malentendus et d’assainir les cœurs et les esprits.

Le processus de Doha a-t-il enregistré des avancées?

Le fait d’avoir réussi à réunir dans le même lieu les principaux acteurs de la crise tchadienne est une avancée en soi. Mais obtenir d’une telle réunion des résultats majeurs en trente jours seulement est très difficile.
En 61 ans d’indépendance, le Tchad n’a connu que huit à douze ans de paix et de stabilité. 
L’essentiel n’est, donc, pas la vitesse et le rythme avec lequel avance les discussions. Mais la direction que celles-ci devraient prendre. En raison de l’immensité des malentendus et des rancœurs accumulées depuis de longues années, le chemin vers la paix sera naturellement très long. L’essentiel est que ce chemin est désormais tracé. 

Alliance Sahel: 23 milliards d’euros d’engagements financiers

Les membres de l’Alliance Sahel réaffirment leur engagement aux côtés des populations.Dans un contexte d’instabilité et d’insécurité croissantes, l’Alliance Sahel veut maintenir et adapter le soutien au bénéfice des populations pour ne pas compromettre les gains obtenus en termes de développement. Ainsi, depuis son lancement en 2017, les engagements financiers en sa faveur sont passés de 7,3 à 23 milliards d’euros.

« La présence de l’État et la fourniture des services essentiels dans tous les territoires des pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad), la restauration de la cohésion sociale et de la confiance des citoyens dans leurs institutions publiques, demeurent une priorité absolue », rapporte le compte rendu de la 3e Assemblée générale de l’Alliance Sahel tenue le 4 avril dernier à Madrid (Espagne).

En juillet 2017, la France, l’Allemagne et l’Union Européenne, accompagnées de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement et du Programme des Nations Unies pour le développement lancent l’Alliance Sahel, une plate-forme de coopération internationale pour intervenir davantage et mieux au Sahel. Depuis son lancement, l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Danemark, la Banque Européenne d’Investissements, la Norvège et la Suède ont rejoint l’initiative comme membres de plein exercice.

Dans leur intervention, les membres de l’Alliance Sahel se sont fortement mobilisés pour la mise en œuvre du Programme de développement d’urgence (PDU) du G5 Sahel, qui cible les régions fragiles frontalières.

« Le PDU a montré des impacts rapides et tangibles : 1 080 000 bénéficiaires ont d’ores et déjà eu un accès amélioré à l’eau ; 125 000 personnes ont bénéficié d’une assistance alimentaire ; 1 572 structures contribuant à la prévention des conflits et à la cohésion sociale ont été créées et 414 000 personnes ont été formées au dialogue, à la gestion et à la médiation des conflits », poursuit le communiqué de l’AG.

« Les efforts collectifs et la nécessité d’une coordination entre l’humanitaire, le développement et la paix pour relever les défis de la région ne sauraient être surestimés », a dit pour sa part, Yero Baldeh, directeur du Bureau de coordination des États en transition au sein du Groupe de la Banque africaine de développement (Bad).

Au Sahel, près de 2,5 millions de personnes ont fui leur foyer au cours de la dernière décennie. Environ 6,7 millions de personnes ont besoin d’assistance alimentaire en urgence, un chiffre qui pourrait atteindre 10,5 millions de personnes si des mesures urgentes ne sont pas prises.

À cette situation déjà critique s’ajoute l’impact sans précédent de la guerre en Ukraine sur le marché mondial des céréales et des fertilisants pour l’approvisionnement des pays et l’assistance destinée aux populations souffrant d’insécurité alimentaire. La pandémie de Covid-19 a égalmement amplifié les fragilités économiques, sanitaires et nutritionnelles auxquelles étaient déjà confrontées les populations.

« Face à cette situation, il faut comprendre que si nous, pays sahéliens, sommes responsables de l’avenir de nos États en tant que dirigeants, nous restons dépendants de l’environnement politique, économique et financier international, sur lequel nous avons peu de prise. Aussi, la situation sécuritaire dans nos pays, nous rappelle l’urgence du développement et notre responsabilité particulière en la matière », a souligné Mahamat Hamid Koua, président du Conseil des ministres du G5 Sahel.

Pré-dialogue tchadien : le gouvernement regrette le départ du CCMSR

Le Conseil du Commandement Militaire pour le Salut de la République (CCMSR) a suspendu sa participation aux discussions préparatoires du dialogue national devant débuter en mai dans la capitale tchadienne.« Nous regrettons la décision du CCMSR de suspendre sa participation au pré-dialogue », a écrit sur Twitter le ministre des Affaires étrangères, Chérif Mahamat Zene, ajoutant qu’« il est tôt de tirer des conclusions du processus avant même d’avoir une synthèse du médiateur ».

Ce désistement à moins d’un mois du début du dialogue national n’impactera pas le calendrier déjà établi. « Le pré-dialogue va suivre son cours (au Qatar) et les portes restent ouvertes à tous et à tout moment », a assuré M. Zene.

Dans un communiqué diffusé jeudi, le CCMSR accuse la junte au pouvoir d’entreprendre « des actions qui laissent présager d’un agenda caché, animé de mauvaises intentions ». Le mouvement rebelle en veut pour preuve l’invitation à Doha (Qatar) « de faux opposants qui sont en réalité des éléments du régime, afin de noyer la voix des vrais groupes militaires et d’imposer un accord à leur avantage ».

Le groupe armée impute également au pouvoir la violation de la trêve sur le terrain et lui reproche sa position floue sur la non-participation des membres du gouvernement de transition aux prochaines élections.

Pour le CCMSR, cela traduit « la fourberie » des hommes forts de N’djaména qui chercheraient « à les piéger ». Il exige désormais des éclaircissements et des garanties pour retourner à la table des négociations.

Le Conseil du Commandement Militaire pour le Salut de la République est la deuxième rébellion à se retirer des pourparlers de Doha après le départ, au tout début des négociations, du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact).

Tchad : une figure du Fact se rallie à Mahamat Idriss Deby

C’est un ralliement peu ordinaire qui fait grand bruit à N’DjamenaLe chef d’état-major adjoint des rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) Nigue Kross (59 ans) a rallié le Conseil militaire de transition (CMT) dirigé par Mahamat Idriss Deby.

Cette figure marquante de la rébellion tchadienne depuis plusieurs décennies, rejoint le nouvel homme fort de N’Djamena, Mahamat Idriss Deby. Selon des sources militaires, Nigue Kross avait mené l’offensive du Fact le 11 avril 2021 depuis la Libye, qui avait débouché dix jours plus tard, à la mort de l’ancien président tchadien Idriss Deby Itno, le 21 avril 2021.

Ce vieux routier de la rébellion a livré plusieurs batailles contre le pouvoir tchadien. Et l’un de ses faits d’armes a été son intervention décisive qui avait sauvé la vie  à Mahamat Mahdi Ali, le chef du Fact, d’une capture de l’armée tchadienne lors des violents combats d’avril 2021.

Par la suite, Nigue Kross va prendre du galon au sein du mouvement politico-militaire du Fact, où il passe de chef d’état-major adjoint à chef d’état-major par intérim après la mort au front de son supérieur immédiat, Mahamat Oumar Choukou.

Passé par l’armée tchadienne, il a intégré tour à tour plusieurs groupes rebelles comme le Frolinat en 1979 avant d’atterrir à l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) de Mahamat Nouri, ancien ministre de la Défense d’Idriss Deby. Mais le mouvement va se fissurer donnant naissance au Fact de Mahamat Mahdi Ali en avril 2016.

Très vite des dissensions entraînent son départ au sein du groupe rebelle composé des officiers dissidents et des combattants de l’ethnie gorane, à laquelle appartient l’ancien président tchadien Hissène Habré décédé en exil à Dakar le 24 août 2021.

Après l’offensive ratée des Fact aux portes du Kanem en mai dernier, Nigue Kross décide de prendre ses distances avec Mahamat Mahdi Ali, avec qui, les relations se seraient fortement dégradées. Il justifie son choix de rejoindre le Conseil militaire de transition par « l’appel au dialogue de la junte tchadienne ». Avant lui, une vingtaine d’ex-rebelles de l’Union des forces et de la résistance (UFR) s’étaient ralliés en septembre dernier au régime de la transition.

Tchad : Makaïla N’guebla, un destin avec les Déby

Mahamat Idriss Deby Itno, président du Conseil Militaire de la Transition (CMT), a nommé l’activiste et farouche opposant de son défunt père au poste de Conseiller aux Droits humains.Après des années d’exil, Makaïla N’guebla nourrissait le rêve de revenir un jour dans son Tchad natal. Il y a juste quatre mois, le célèbre journaliste et blogueur voyait ce souhait être exaucé.

Ce retour découle de la politique de la main tendue de l’actuel homme fort de N’djamena, Mahamat Idriss Deby Itno, intronisé à la tête du pays suite à la mort au front de son père.

Malgré l’opposition radicale, le président tchadien de la transition n’a pas hésité à lui confier des postes de responsabilité. Auparavant Conseiller Chargé de mission, Makaïla N’guebla occupe maintenant une fonction qui colle mieux à son expertise. Il a consacré presque toute sa vie à la défense des droits de l’Homme.

Durant son exil, M. N’guebla n’a en effet jamais manqué de dénoncer les violations des droits humains perpétrées au Tchad. C’est d’ailleurs ses tribunes au vitriol contre le régime de Déby père qui lui ont valu ses expulsions de la Tunisie en 2005 et du Sénégal en 2013. Après un bref séjour en Guinée, il rejoint la France pour y résider jusqu’à sa nomination.

Makaïla N’guebla n’a pas caché sa fierté en apprenant la mesure prise par le président de la transition qu’il qualifie de « ferme volonté de rupture ». Ainsi, « nous lui exprimons ici nos sincères remerciements ainsi qu’à tous les collaborateurs qui œuvrent à ses côtés. Nous devons cette confiance aussi à nos partenaires locaux et internationaux avec lesquels, nous avons collaboré depuis plus d’une décennie sur la thématique des droits humains et des libertés », a-t-il déclaré dans un communiqué reçu mardi à APA.

En outre, le désormais Conseiller aux Droits humains espère avoir les coudées franches pour mener à bien sa nouvelle mission : « Que les autorités (mettent) à notre disposition les moyens nécessaires pour améliorer cette situation préoccupante qui n’est pas insurmontable ».

Mali : HRW dénonce une nouvelle « vague d’exécutions » (rapport)

Un rapport de Human Rights Watch (HRW) met en cause les forces armées maliennes (FAMa) et les groupes jihadistes.L’organisation non gouvernementale internationale dont la mission est de défendre les droits de l’homme et le respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme, accuse d’une part l’armée malienne et d’autres les islamistes de commettre des « atrocités ».

L’armée malienne et des groupes islamistes armés auraient tué au moins 107 civils dans le centre et le sud-ouest du Mali depuis décembre 2021, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport.

Les victimes, dont la plupart auraient été exécutées sommairement, selon HWR, incluent des commerçants, des chefs de villages, des responsables religieux et des enfants.

Selon, HWR, les forces de sécurité maliennes auraient commis des « exactions » lors d’opérations antiterroristes dans le village de Tornou. S’appuyant sur des témoignages, l’ONG indique que « 14 civils de l’ethnie dogon auraient été exécutés sommairement par des militaires », apparemment en représailles de la mort par engin explosif improvisé (EEI) de deux militaires dans le site. « Les militaires ont traîné deux octogénaires et quatre autres personnes jusque sur le lieu de l’explosion de la mine et ils les ont exécutés sur place », a indiqué un témoin.

Début mars souligne toujours le rapport, des militaires se seraient livrés à des exécutions extrajudiciaires contre au moins 35 suspects dont les corps calcinés ont été retrouvés près du hameau de Danguèrè Wotoro, dans la région de Ségou indique HWR, dans son rapport, soulignant que c’est l’allégation la plus grave impliquant jusque-là, des membres de l’armée gouvernementale depuis 2012.

Le ministère de la Défense et des Anciens combattants du Mali avait qualifié le 11 mars dernier de « fake news », ces accusations dont l’objectif est selon lui, « de discréditer les FAMa, les (Forces Armées maliennes) ».

De l’autre côté, HWR qui suit la situation au Mali depuis 2012 et l’éclatement de l’insurrection jihadiste, cite des meurtres présumés de civils par des groupes islamistes armés. Le 16 janvier, des témoins qui se sont confiés à l’ONG soutiennent que « les combattants islamistes armés ont exécuté quatre hommes de l’ethnie dogon qu’ils avaient fait sortir de force d’un convoi de commerçants (…) au motif qu’ils auraient soutenu une force de défense villageoise ».

Parmi les exactions attribuées à des groupes jihadistes, HRW cite le massacre en décembre 2021 de 32 personnes qui se trouvaient à bord d’un bus reliant Songho à Bandiagara (centre). Des habitants locaux ont confié à l’ONG que « des combattants islamistes avaient tiré des coups de feu sur un bus conduisant des commerçants à un marché à Bandiagara début décembre 2021, tuant 32 civils, dont au moins six enfants ».

Dans un courrier adressé au gouvernement de transition le 4 mars 2022, HWR demande l’ouverture d’enquêtes sur ces crimes. « Ce sont des allégations. Parce que Human Rights Watch n’est pas un organe judiciaire, mais plutôt une ONG avec une autre méthode de travail, précisément le travail avec les témoignages », indique Corinne Dufka, la directrice pour le Sahel de Human Rights Watch.

Avant d’ajouter que « c’est pour cela que nous avons recommandé au gouvernement malien de mener des enquêtes en profondeur afin d’identifier les auteurs de ces présumés assassinats et établir la véracité des accusations ».

En réponse, le secrétaire général du ministère de la Défense et des Anciens combattants a indiqué dans une réponse datée du 11 mars adressée à l’ONG, que la gendarmerie avait ouvert des enquêtes sur les incidents dans certaines localités et que celles-ci étaient toujours en cours soutient l’ONG.

La BCEAO dément une dévaluation du franc CFA

L’information diffusée le 9 mars sur les réseaux sociaux est fausse,
annonce la Banque centrale.La Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) dément fermement à travers un communiqué, une information diffusée sur les réseaux sociaux annonçant la dévaluation du franc CFA.

L’information diffusée  le 9 mars 2022 sur les réseaux sociaux est fausse, annonce la Banque centrale qui précise que le taux de change entre l’Euro et le FCFA demeure inchangé, à savoir 1 euro = 655,957 FCFA.

Elle rappelle également que les taux de change officiels des principales devises sont publiés quotidiennement sur son site internet consultable sur www.bceao.int dans la rubrique Statistiques – « Cours des devises contre Franc CFA ».

La BCEAO invite par conséquent les populations à la plus grande vigilance et à ne se référer qu’aux seules voies de communication officielles usuelles de l’Institut d’émission.

A cet égard, elle rappelle que tous ses communiqués sont publiés sur son site internet, ainsi que dans la presse écrite et audiovisuelle officielle des Etats membres de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA).

La BCEAO, affirme qu’elle, se réserve le droit d’engager des poursuites judiciaires à l’encontre des auteurs et complices des actes et messages de nature à porter atteinte aux signes monétaires ayant cours légal dans les Etats membres de l’UMOA.

Créée par la France alors puissance coloniale en 1945, le franc Cfa s’appelait initialement Franc des Colonies Françaises d’Afrique. Quinze ans plus tard, à la faveur des indépendantistes de ces colonies, il devient le Franc de la Communauté financière africaine en Afrique de l’Ouest et Franc de la Coopération financière en Afrique centrale dans la région du même nom.

En plus des Comores, le Franc Cfa est utilisé par les citoyens de douze autres pays africains de l’Ouest et du Centre du continent.

Les premiers réunis au sein d’une Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Leur Institut d’émission est la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), créée en 1962 et dont le siège est à Dakar.

Les seconds organisés dans le cadre d’une Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) sont le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad. Eux aussi disposent d’un l’institut d’émission : la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), créée en 1972 et dont le siège est à Yaoundé.

Afrique : de nouveaux fonds dédiés aux startups

Microsoft vient d’annoncer un financement potentiel de 500 millions de dollars en partenariat avec des investisseurs en capital-risque pour soutenir les jeunes entreprises africaines.Les petits poucets africains bénéficient de plus en plus de la confiance des investisseurs. Dans un communiqué diffusé ce jeudi, la multinationale américaine Microsoft a fait savoir qu’elle apportera un demi milliards de dollars aux entrepreneurs du continent. Ce fonds permettra de soutenir 10 mille start-ups au cours des cinq prochaines années.

Le lancement de l’initiative est prévu en même temps que le Microsoft Startups Founders Hub. Ce dernier est un centre en libre-service qui fournit aux PME/PMI une très large palette de ressources comme l’accès à des formations spécifiques, ainsi que de nombreux outils tels que Microsoft Azure et GitHub, et de l’assistance.

Par ailleurs, Microsoft prévoit de signer de nouveaux partenariats avec des accélérateurs et des incubateurs pour fournir aux startups un accès aux marchés, des compétences techniques et des financements. La priorité sera donnée aux sociétés ayant une portée mondiale et des bases régionales solides.

Tchad : soutien des femmes leaders au pouvoir de transition

Le Conseil Militaire de Transition (CMT) a évité au pays de sombrer dans le chaos après le décès du Maréchal Idriss Déby Itno, soutiennent ces femmes.Le Président du Conseil Militaire de Transition, le général Mahamat Idriss Déby Itno, a reçu ce mercredi 02 mars une délégation de responsables des organisations féminines du Tchad, conduite par l’ambassadrice Mariam Mahamat Nour, présidente du Conseil national des femmes leaders du Tchad (CONAF).

« Elles sont venues présenter au Chef de l’Etat les conclusions d’une grande rencontre qui a réuni du 14 au 16 février dernier à Bongor dans le Mayo Kebbi Est, plusieurs leaders des organisations des femmes tchadiennes. Rencontre au cours de laquelle elles ont discuté des problèmes des tchadiennes, questionné la transition en cours mais aussi réfléchi sur le rôle que doivent jouer les femmes », informe la présidence de la République tchadienne.

Elle ajoute que ces femmes ont souhaité « une transition apaisée, inclusive et réussie ».

« Une motion de soutien des femmes a été adressée au Conseil Militaire de Transition et à son Président pour avoir évité au pays de sombrer dans le néant après le décès tragique du Maréchal du Tchad (Idriss Déby Itno) » en avril 2021, conclut notre source.

Guerre en Ukraine: l’UA exige un bon traitement des réfugiés africains

Au sixième jour de l’invasion russe, de nombreuses personnes dont des Africains continuent d’affluer aux frontières pour quitter l’Ukraine même si l’Union africaine (UA) déplore les « mauvais traitements » dont ces derniers sont victimes.C’est une attitude « inacceptable » à l’égard des ressortissants africains, selon Macky Sall et Moussa Faki Mahamat, respectivement Président en exercice de l’UA et Président de la Commission de cette organisation continentale.

Suivant de près l’évolution de la situation en Ukraine, ils se disent « particulièrement préoccupés par les informations rapportées selon lesquelles les citoyens Africains, se trouvant du côté Ukrainien de la frontière, se verraient refuser le droit de traverser la frontière pour se mettre en sécurité ».

Selon le quotidien burkinabè Wakatsera, des milliers d’Africains, ressortissants essentiellement de l’Afrique du sud, du Nigeria ou de la Côte d’Ivoire, pour ne citer que ces pays, sont « pris non seulement au piège » de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, mais également de la « discrimination dans la tentative de traversée » vers les pays frontaliers pour échapper aux roquettes, obus et autres artillerie lourde. S’ils réussissent à traverser l’Ukraine sous la pluie des bombes, c’est la « désillusion » qui les attend aux frontières qu’ils doivent traverser pour s’éloigner du théâtre du conflit.

Face à ces rapports sur le « traitement différent inacceptable » des Africains, le chef de l’Etat sénégalais et le diplomate tchadien estiment qu’ils « seraient choquants et racistes et violeraient le droit international ».

Ce mardi, le journal rwandais The New Times  livre un témoignage fort sur la situation infernale des Africains en Ukraine. Il raconte « la triste histoire de deux sœurs rwandaises », Emmanuella Kanyana et Aline Uwamahoro. Les deux étudiantes sont « coincées » dans la ville de Soumy, dans le Nord-Est de l’Ukraine, à moins de 50 kilomètres de la frontière russe, non loin de Kharkiv, la deuxième plus grande ville du pays et théâtre d’intenses combats.

« Lorsque vous essayez de sortir de la ville, vous rencontrez des forces ukrainiennes ou russes et ils vous disent simplement de rentrer chez vous », dit Uwamahoro. En plus de cela, elle craint justement « que certaines personnes racistes en Ukraine ne profitent d’une telle période de chaos pour maltraiter les Noirs ». « Nous avons des gens racistes ici. Et le plus drôle, c’est que beaucoup de gens ont reçu des armes pour combattre les Russes. Il y a donc aussi un risque de se faire tirer dessus par des racistes », affirme-t-elle.

De ce fait, Macky Sall et Moussa Faki Mahamat exhortent « tous les pays à respecter le droit international et à faire preuve de la même empathie et du même soutien envers toutes les personnes qui fuient la guerre, nonobstant leur identité raciale ».

Par ailleurs, « les deux Présidents rappellent que toute personne a le droit de franchir les frontières internationales pendant un conflit et, à ce titre, devrait bénéficier des mêmes droits de traverser la frontière pour se mettre à l’abri du conflit en Ukraine, quelle que soit sa nationalité ou son identité raciale ».

Dette du Tchad au Congo : les deux pays s’accordent

Le prêt de cinquante milliards FCFA avait été accordé à la République du Tchad depuis décembre 2011.

 

Une convention financière pour la restructuration de la dette du Tchad envers le Congo, d’environ cinquante milliards FCFA, a été signée le 26 février à Brazzaville. L’accord a été signé entre le ministre congolais des Finances, Roger Rigobert Andely, et son homologue tchadien, Tahir Hamid Nguilin.

Le prêt de cinquante milliards FCFA avait été accordé à la République du Tchad depuis décembre 2011. Pour le ministre Roger Rigobert Andely, la restructuration de cette dette est importante pour le Tchad.

« Cette signature permet de réaménager la dette, de la rendre compatible avec les exigences du cadre commun pour l’assistance du Tchad du G20 de telle sorte que ce programme ne soit pas bloqué, parce qu’un pays frère n’a pas aligné les conditions de prêt douces que demande la communauté internationale », a souligné le ministre Roger Rigobert Andely.

Selon les deux parties, la signature de la convention financière s’inscrit dans le cadre du raffermissement des liens de coopération économique entre le Congo et le Tchad. En effet, l’acte posé est un bel exemple de la coopération Sud-Sud.

La Bdeac va décaisser 189,5 milliards F CFA

La Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (Bdeac) s’engage à financer sept projets pour l’émergence de cette partie du continent noir.En ce début d’année, l’enveloppe promise par la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (Bdeac) établit « un nouveau record » dans la mesure où elle représente « plus de la moitié du volume de l’ensemble des engagements de l’exercice précédent », se félicite l’institution financière.

Les projets accélérant l’intégration de la sous-région occupent « une place importante » dans ces financements conclus lundi dernier par le Conseil d’administration et l’Assemblée Générale de la Bdeac réunis en visioconférence.

Il s’agit notamment, détaille la source, du Projet de construction du nouvel Aéroport de Libreville (Gabon), du Projet de réhabilitation et d’équipement du Chemin de Fer Congo-Océan (Congo) et du Projet d’aménagement de la route Akurenam-Minang (Guinée équatoriale).

En outre, la Banque accompagne le secteur privé dans l’agro-industrie, l’industrie, la santé pharmaceutique et la microfinance. La Bdeac, « avec ces nouveaux financements, porte ses interventions en faveur des projets intégrateurs à plus de 309 milliards F CFA (et dépasse) les engagements pris lors de la table-ronde des bailleurs de fonds de Paris (France) en novembre 2020 (308 milliards FCFA) », souligne-t-elle.

Mali : la France ne tolérera « aucun ultimatum » (PM)

La France ne tolérera « aucun ultimatum » et ne sera « sensible à aucune pression » dans la gestion du retrait de ses troupes du Mali selon son Premier ministre Jean Castex.Face à la demande de la junte malienne de faire partir ses troupes « sans délai », le Premier ministre français a répondu que le « désengagement progressif des militaires français déployés Mali se fera en bon ordre et en sécurité ».

« Nous ne tolérerons aucun ultimatum, et ne serons sensibles à aucune pression, quelle que soit leur provenance », a déclaré Jean Castex, lors d’une déclaration devant l’Assemblée nationale.

« Sur le plan militaire, nous serons amenés à fermer les bases de Gossi, Ménaka et enfin Gao. La manœuvre s’effectuera en bon ordre et en sécurité et durera entre quatre et six mois », a indiqué Jean Castex. La France a annoncé le 17 février 2022 à Paris, le départ de Barkhane, sa force militaire composée de 2400 militaires sur un total de 4600 déployés au Sahel. Un départ qui entraîne aussi celui de la force militaire de l’Union européenne Takuba.

Devant les députés français, le Premier ministre a chargé le régime de la transition qui a « renié, un par un, ses engagements », faisant « le choix de s’appuyer sur une organisation privée bien connue de mercenaires russes, Wagner, dont le modèle économique repose sur la prédation des richesses des pays dans lesquels elle opère » a-t-il justifié.

Il a soutenu que la France et ses partenaires de l’Union européenne ne peuvent plus « s’investir dans un pays dont les autorités ne souhaitent plus coopérer avec les Européens et entravent leur capacité d’action. »

Mali : le CNT entérine une transition de cinq ans

Le Conseil national de transition (CNT), qui fait office d’organe législatif au Mali, a entériné ce lundi 21 février 2022, une transition 5 ans avant la tenue d’élections.C’est une douche froide pour la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Alors que l’organisation sous-régionale se montrait favorable à une transition d’un an Mali pour envisager une levée de l’embargo économique décrété depuis le 9 janvier 2022, le CNT vient d’entériner ce lundi, une période de transition pouvant aller jusqu’à cinq ans avant des élections et un retour des civils à la tête du pays.

Le Conseil national de transition (CNT), dirigé par le colonel Malick Diaw, a approuvé par 120 voix pour, aucune voix contre et aucune abstention une révision en ce sens de la charte de la transition. Désormais cette charte fait office d’acte fondamental durant ce quinquennat précédent un retour des civils à l’horizon 2027.

La révision approuvée ce lundi, dispose que la durée de la transition sera conforme aux recommandations formulées à l’issue de consultations nationales qui ont eu lieu en décembre 2021. Les conclusions des Assises ont donné mandat aux autorités maliennes de conduire une transition de six mois à cinq ans. Les Assises ne mentionnent pas de date exacte pour la tenue des futures élections présidentielles et législatives devenue la pomme de discorde entre le Mali et la Cedeao.

La version originelle de la charte, promulguée par les militaires le 1er octobre 2020 un peu plus d’un mois après leur premier putsch en août 2020 contre Ibrahim Boubacar Keïta, fixe la durée de la transition à 18 mois. Elle prévoyait un couplage de la présidentielle et des législatives le 27 février 2022. Mais face à la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays, les autorités maliennes sont revenues sur cet engagement.

Le Mali est plongé dans une grave crise sécuritaire et politique depuis le déclenchement d’insurrections indépendantiste et jihadiste en 2012.

Cela avait nécessité l’intervention de la France en 2013 dans le cadre de l’opération Serval sur demande du gouvernement de la transition de Dioncounda Traoré pour repousser les jihadistes dans les villes de Gao et de Tombouctou notamment.

Mais, presque dix ans après cette intervention de l’armée française, Serval devenue Barkhane et sous une forme plus élargie aux autres pays de l’Union européenne dans le cadre de Takuba, ont annoncé leur retrait du territoire malien à cause des désaccords avec les dirigeants maliens sur la durée de la transition et l’arrivée de la société privée militaire russe Wagner. Cette décision majeure a été annoncée par la France et ses alliés européens dans un communiqué commun le 17 février 2022 en marge du sommet Union européenne – Union africaine.

Ce retrait, selon Emmanuel Macron, président de la République française « se traduira par la fermeture des emprises de Gossi de Ménaka et de Gao, il sera effectué de manière ordonnée, avec les forces armées maliennes et avec la Mission des Nations unies au Mali et durant cette période, nous maintiendrons nos missions de soutien au profit de la Minusma » a-t-il précisé.

Mali : « la France ne veut pas perdre le Mali » (expert)

Les rapports heurtés entre Paris et Bamako montrent que l’ex-puissance coloniale veut coûte que coûte garder son influence sur son ancienne colonie, estime le Docteur en Sciences politiques et enseignant-chercheur à l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest (Ucao) de Dakar, Adama Sadio, interrogé par APA.1. Le retrait du Mali des soldats de Barkhane et Takuba a été décidé jeudi à l’occasion du Sommet UE-UA. Comment analysez-vous cette décision ? 

Les forces françaises sont au Mali depuis neuf ans, mais cela n’a pas empêché le pays de vivre dans l’insécurité. L’instabilité persiste. D’ailleurs, c’est ce qui explique le mécontentement des populations et autorités maliennes qui demandent leur départ.

Maintenant, nous sommes dans une dynamique géopolitique mondiale où le Mali fait appel à la Russie pour ne pas dire des « mercenaires russes » également présents en Centrafrique.

Il y a de cela un an, ce sont ces mêmes mercenaires qui avaient aidé le pouvoir de Bangui, menacé par les rebelles, à se maintenir. Ces hommes sont aussi intervenus en Syrie lorsque le régime de Bachar Al Assad était dans de grandes difficultés.

La guerre contre le jihadisme au Sahel est extrêmement compliquée. Jusque-là, on peut dire que l’armée française a eu de bonnes intentions. Cependant, rien n’est encore gagné dans les faits.

L’avenir nous dira si le retrait des troupes étrangères est un pari risqué pour le Mali ou non. Une chose est sûre : Wagner a déjà obtenu des résultats ailleurs même si on l’accuse de tous les noms d’oiseaux, notamment des violations de droits humains…

Nous ne devons pas oublier de rappeler que l’armée française, qui est intervenue en Centrafrique sous la bannière des Nations Unies, a également commis des actes de pédophilie. C’est dire que ce que l’on reproche aux Russes actuellement, on le retrouve dans d’autres armées.

2. la France et ses alliés vont se redéployer d’autres pays du Sahel. Que vous inspire ce choix ?

C’est juste parce que la France ne veut pas perdre le Mali. À vrai dire, elle ne veut pas quitter le Mali. L’enjeu n’est pas seulement la démocratie. Il est beaucoup plus géostratégique et économique.

Au Tchad par exemple, Paris a intronisé Deby fils à la tête du pays et mené un lobbying intense pour ne pas que N’Djamena soit sanctionné par l’Union Africaine (UA) ou la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale.

Tout le contraire de ce que l’Elysée a fait pour Bamako alors que les deux pouvoirs sont issus de coup d’Etat. La France a activé tous ses leviers pour que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), l’UA et la communauté internationale sanctionnent le Mali.

Cela est dû au fait que la France ne veut pas quitter et perdre le Mali. Un rapport du Sénat français, publié en 2014, dit que l’avenir de l’Hexagone est en Afrique.

La France est en effet une voiture dont le moteur est le continent noir. Elle a carrément besoin de lui. Le problème est qu’aujourd’hui, il y a un sentiment, pas anti-français comme le disent certains, mais plutôt un sentiment antipolitique française en Afrique qui gagne de plus en plus de terrain.

La France a perdu la Centrafrique. Aujourd’hui, avec la junte malienne, Paris est également sur le point de perdre. Il y a un effet de contagion qu’elle redoute.

L’autre aspect qu’il ne faut pas perdre de vue, si la France est membre du Conseil de sécurité des Nations Unies, au-delà d’être parmi les Etats vainqueurs de la seconde guerre mondiale, c’est parce qu’elle a eu des colonies importantes sur le continent africain.

Il faut ajouter la démographie galopante de ce continent qui inquiète d’une part les occidentaux, mais qui représente en même temps un marché énorme pour leurs entreprises.

Plusieurs grandes enseignes européennes s’installent dans nos pays. C’est une politique bien pensée par les Occidentaux. Chaque année, un pays africain découvre du pétrole ou du gaz.

La France a de plus en plus besoin de ces ressources pour assurer son approvisionnement surtout dans un contexte très tendu avec la Russie. Enfin, elle a besoin de l’Afrique pour s’affirmer comme une puissance militaire africaine. C’est seulement dans ce continent que la France peut changer le cours de l’histoire d’un pays.

Le Mali presse les militaires français à quitter son territoire

Au lendemain de l’annonce d’un « retrait coordonné » des soldats français et de leurs alliés européens, les autorités de transition maliennes veulent que cette opération se fasse « sans délai ».Le Mali d’Assimi Goïta a hâte de tourner la page. Dans un communiqué, publié ce vendredi, Bamako enjoint à Paris de ne pas perdre de temps pour le retrait des forces militaires de Barkhane et Takuba.

Les autorités de transition prennent acte de la « décision unilatérale » de la France même si elle constitue une « violation » des accords liant les deux pays ainsi que d’autres partenaires. Au plus vite, le gouvernement malien s’attend donc à ce que ces troupes étrangères quittent son territoire national sous sa supervision.

 

Le sommet UE-UA soulève de « grands espoirs », selon Faki Mahamat

Le sixième sommet euro-africain suscite de « réelles » attentes au sein des gouvernements, des élites et des peuples des deux continents, a soutenu jeudi le président de la Commission de l’Union africaine.Le changement s’impose désormais dans les relations entre l’Afrique et l’Europe. S’exprimant à l’ouverture de cette rencontre qui se tient à Bruxelles, la capitale de l’UE, Moussa Faki Mahamat a fait savoir que « de grands espoirs sont soulevés aujourd’hui par notre sommet. Les attentes qu’il suscite au sein des gouvernements, des élites et des peuples des deux continents sont réelles ».

Quarante chefs d’Etat et de gouvernements africains et vingt-sept dirigeants européens sont réunis dans la capitale belge pour un sommet de refonte de la relation Afrique-Europe. Les dirigeants se retrouvent deux jours autour de tables rondes thématiques pour élaborer une série de projets concrets dans tous les domaines.

C’est ainsi que le président de la Commission de l’Union Africaine a mis hier sur la table une série de questions à propos de l’avenir des relations des deux continents. « Sera-t-il par ses décisions innovantes et courageuses ce sommet d’un partenariat rénové, revitalisé, nourri d’une âme nouvelle de pragmatisme créateur de projets concrets, structurants et transformateurs dont l’espérance a marqué ses travaux préparatoires ? Saura-t-il refonder les relations Afrique-Europe, dont le solide socle invite instamment à une adaptation à l’évolution mondiale vertigineuse où les exigences de rationalité, de technicité, de transparence, de redevabilité, d’égalité, sont les vrais paramètres de performance et de modernité de la gouvernance ? », s’est interrogé le Tchadien.

D’après M. Mahamat, il se dégage du parcours jusqu’ici accompli par le partenariat UA-UE « une préoccupation sur le comment de la mise en œuvre efficace et efficiente des différentes activités figurant dans les plans d’action. La lisibilité du partenariat ne pouvant être reflétée que dans des résultats tangibles. Ce souci du comment interpelle notre commune réflexion ».

Selon le président de la CUA, « deux paramètres » pourraient être conjointement pris en compte, à savoir, d’une part les mécanismes de financement et d’autre part les mécanismes de suivi et d’évaluation des projets et programmes.

Moussa Faki Mahamat souligne que les mécanismes classiques ont « clairement affiché leurs limites », invitant les deux Unions à « en inventer de nouveaux plus souples, plus efficaces, plus producteurs de résultats ». Pour lui, ces dernières devront surtout « coopérer plus efficacement dans la lutte contre les flux financiers illicites et rapatrier les fonds issus de tels flux vers l’Afrique ».

Par conséquent, « la bonne pratique d’évaluation périodique et régulière mérite d’être rapidement prise en compte, car elle offre le bénéfice de faciliter les ajustements conjoncturels requis et d’envisager l’avenir avec plus d’assurance et de maîtrise », suggère le Tchadien.

« Notre objectif est que notre frontière avec le Mali soit sécurisée » (Bazoum)

Le président nigérien Mohamed Bazoum, estime que le retrait des forces militaires européennes comme Barkhane et Takuba au nord Mali, risque de plonger tout le Sahel dans le chaos.Le président nigérien soutient qu’un départ de la force française Barkhane et de l’Union européenne Takuba, appelle à une réorganisation des pays du Sahel notamment le Niger qui partage une frontière avec le Mali. « Notre objectif est que notre frontière avec le Mali soit sécurisée. Nous prévoyons qu’après le départ de Barkhane et de Takuba, cette zone soit encore plus infestée et que les groupes terroristes se renforcent. Or, nous savons qu’ils ont vocation à étendre leur emprise » a indiqué Bazoum sur son compte Twitter.

Selon le chef de l’Etat de ce pays du G5 Sahel, les risques d’une résurgence des groupes jihadistes sont réels. « Le départ de Barkhane va créer un vide qui sera rempli par les organisations terroristes déjà présentes dans cette région. Cela va être une menace qui hypothéquera toute la stabilité du Mali d’abord, puis celle du Niger et de la sous-région par effet de contagion » craint-t-il. Bazoum déplore le retrait des forces militaires Barkhane et Takuba qui, à ses yeux, jouent un rôle très important dans la sécurisation du nord du Mali, si proche du Niger.

Barkhane va quitter le territoire malien, mais pas la bande du Sahel puisque les discussions engagées à Paris avec les pays ont « débouché à l’unanimité sur la nécessité d’une réarticulation du dispositif qui était en place au Mali Cela conduira notamment à une forme de présence de ces forces au Niger et sur le territoire d’autres pays africains, un peu plus au sud, qui en feraient la demande », s’est réjoui le président nigerien.

Au regard des développements récents au Bénin, il est clair, justifie Bazoum, « que ces pays ont des besoins. Il est prévisible qu’un certain nombre de ces forces soient disposées dans ces régions face à ces nouvelles menaces, ainsi qu’au Niger » dit-il.

Le Niger devrait accueillir de nouvelles bases pour la force militaire européenne Takuba, indique Bazoum. Cette décision va offrir de « grands avantages
à son pays », selon le successeur de Mahamadou Issoufou, arrivé au pouvoir en avril 2021. Car selon Bazoum, la « forces spéciales dispose de capacités répondant à la menace posée par les organisations terroristes ». A ce titre ajoute-t-il, « les discussions sont en cours avec la France et l’Union européenne et des protocoles doivent être signés à partir du mois de juin » informe Mohamed Bazoum.

Mais l’arrivée de Barkhane et Takuba suscitent déjà des remous au Niger. Selon Moussa Tchangari, secrétaire général de l’Association Alternative espace citoyens cité par Deutsche Welle, « C’est un risque que le régime prend en acceptant ce redéploiement ». Un risque surtout pour Mohamed Bazoum, qui après avoir contenu les contestations liées à son élection, joue avec « sa stabilité, son maintien (au pouvoir) au moment où on assiste, dans notre espace sahélien et en Afrique de l’Ouest de façon générale, à un retour des militaires aux affaires », explique-t-il.

La santé doit être « au cœur » du partenariat Afrique-Europe (Macky Sall)

Pour le chef de l’Etat sénégalais et président en exercice de l’Union Africaine (UA), « sans sécurité sanitaire, la relance économique est impossible ».La relance économique tant espérée par les dirigeants a des préalables. Et la plus importante, selon le président Macky Sall, est la sécurité sanitaire. S’exprimant dans une tribune publiée, ce jeudi, premier jour du sixième Sommet Union Européenne (UE)-Union Africaine (UA), qui se tient à Bruxelles (Belgique), il a fait savoir que la santé est l’un secteur crucial que doit prendre en compte le partenariat entre les deux continents.

« Sans sécurité sanitaire, la relance économique est impossible. La crise du Covid-19 le prouve, de même qu’elle a prouvé l’interdépendance entre nos deux continents », a soutenu Macky Sall, rappelant que la santé ne faisait pas partie, en 2017, des quatre domaines stratégiques considérés comme prioritaires à l’occasion du cinquième sommet entre l’UE et l’UA.

Le président en exercice de l’UA relève qu’entre-temps, la pandémie de Covid-19 « a dévasté le monde, nous rappelant une vérité que nous avions tendance à oublier : notre santé, clé de notre bien-être, est aussi le fondement de notre agenda de développement commun ». Il a ainsi invité les uns et les autres à ne pas reproduire « les mêmes erreurs ».

Par ailleurs, le président Macky Sall a rappelé que « de nombreux pays d’Afrique ont vu leur marge budgétaire se réduire et leurs efforts en matière de santé mis à mal ». Cela a durement affecté les programmes de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, trois épidémies qui freinent considérablement le développement de l’Afrique, a-t-il ajouté.

Partant de constat, Macky Sall a souligné la nécessité pour le partenariat UE-UA de reconnaître l’urgence de renforcer les systèmes de santé des pays africains et d’en faire un domaine d’investissement prioritaire. A l’en croire, cela permettra de concrétiser la relance et prémunir les économies des conséquences d’une future pandémie.

Pour le chef de l’Etat sénégalais, « ce sommet sera aussi celui qui changera, pour de bon, le paradigme de la coopération entre l’UE et l’Afrique, que nous souhaitons voir fondée sur une relation de partenariat entre pairs, sur la base d’objectifs partagés. » Selon lui, « la santé en est un ».

Macky Sall a appelé « l’Union européenne, ses Etats membres et la communauté internationale à renforcer sa collaboration avec le Fonds mondial et l’ensemble des organisations multilatérales de santé afin que nous puissions, ensemble, continuer à sauver des vies et préserver nos perspectives communes de développement équitable et durable ».

La Banque de l’UE soutient le secteur privé africain

L’institution financière va débloquer 62 millions d’euros pour accompagner les entreprises privées touchées par la crise sanitaire de la Covid-19.L’investissement dans le secteur privé en Afrique, comme partout ailleurs dans le monde, est indispensable pour remédier aux conséquences de la crise sanitaire et enclencher une croissance durable. Les fonds de la Banque européenne d’investissement (BEI) promis en marge du Sommet Union européenne-Union africaine (17-18 février à Bruxelles) permettront de financer six initiatives d’investissement à fort impact en faveur du secteur privé.

Il s’agit entre autres de l’accélération de l’investissement dans les jeunes pousses du secteur technologique d’Afrique, la garantie de l’accès au financement des populations éloignées et fragiles et le soutien au financement du secteur privé avec les principales banques africaines locales.

« L’anti-terrorisme au Sahel ne saurait être la seule affaire des pays africains » (Macky Sall)

Le combat contre les groupes jihadistes au Sahel ne saurait être la seule affaire des pays africains », a estimé à Paris le président sénégalais Macky Sall, réagissant à l’annonce du retrait du Mali des forces françaises et européennes.« Nous comprenons cette décision » a déclaré Macky Sall  ce jeudi matin dans une conférence de presse commune avec le président Emmanuel Macron, Nana Akufo-Addo, president en exercise delà Cedeao et Charles Michel, président du Conseil européen. 

Le president sénégalais qui assure la présidence tournante de l’Union africaine, a soutenu que « la lutte contre le terrorisme au Sahel ne saurait être la seule affaire des pays africains ».

Macky Sall s’est réjoui par ailleurs de la décision de la France de l’Union européenne d’accompagner les pays du Sahel et du Golfe de Guinée en proie au jihadisme. « Nous sommes heureux que l’engagement ait été renouvelé de rester dans la région et de réarticuler le dispositif », a-t-il dit en ce sens.

Emmanuel Macron a soutenu ce jeudi à Paris lors d’une conférence de presse commune avec l’UE, la Cedeao et l’UA que les forces militaires françaises Barkhane et européennes Takuba vont quitter définitivement le territoire malien lors d’un « retrait coordonné ».

Une décision qui vient entériner les mesures arrêtées mercredi soir lors d’un dîner de travail à l’Élysée réunissant plusieurs dirigeants européens et des pays du G5 Sahel, de la Cedeao et l’UA.