Après plus de vingt ans à la plus haute juridiction nationale en qualité de premier président, Placide Lenga a passé le témoin le 20 mars à son successeur, Henri Bouka, qui l’a suppléé pendant autant d’années.
La cérémonie de passation de consignes entre les premiers présidents de la Cour suprême sortant et entrant s’est déroulée au palais de justice de Brazzaville, en présence des représentants du ministre en charge des questions de Justice. Ainsi, le sortant, Placide Lenga, en poste depuis 1998, a remis à son successeur un procès-verbal consignant les dossiers en état d’être évoqués en audiences publiques et ceux en cours d’instruction, chambre par chambre. Il s’agit, entre autres, du contentieux qui est actuellement pendant devant la plus haute justice nationale ; des demandes d’avis émanant du secrétariat général du gouvernement ainsi que des dossiers d’avancement des magistrats.
Passant le témoin à son successeur, Placide Lenga qui fut également premier président de la Cour suprême de 1991 à 1996 pense que son vœu a été compris par les décideurs. « Finalement, c’est ce que je repondais à ceux qui me posaient la question sur mon successeur. Je leur disais que si jamais la politique intervient là où je suis fatigué, mon successeur vous le connaissez, je vous le dis déjà, c’est Henri Bouka, mon cadet, mon frère. Il parle avec la même émotion que moi-même et je souhaite que le vœu politique soit dans ce sens également. Je suis heureux que ce soit vous qui puissiez conduire cette maison de justice, soyez béni, soyez heureux, merci infiniment. », s’est exprimé le désormais ancien premier président de la Cour suprême.
Un projet de décret portant attributions et privilèges attachés à l’honorariat
En effet, Placide Lenga qui avait succédé à Charles Assemekang, en 1991, s’est dit heureux d’avoir accompli un acte que l’histoire judiciaire n’a jamais révélé en tant que tel par manque de matière. Se souvenant encore de son oraison funèbre lors de la disparition de ce dernier, Placide Lenga a élaboré un projet de décret qui permettrait qu’un magistrat puisse bénéficier de l’honorariat au moment du départ pour la retraite. « Premier président honoraire parce qu’il s’agit du premier président de la Cour suprême, première juridiction du pays, c’est un projet que je vous laisse, vous sachant extraordinaire, l’ancien vice-président que j’ai connu, comme je n’en ai jamais connu d’autres. Il ne fallait plus qu’on voit ce haut magistrat, très âgé, expérimenté, aller chercher les services ondoyants et divers d’un taxi. Je pense que cette question doit être réglée avec les attributions et les privilèges attachés à l’honorariat. », a conclu Placide Lenga, visiblement ému, rappelant que les magistrats étaient des soldats de la justice.
Sixième premier président de la Cour suprême, Henri Bouka a indiqué qu’il connaissait bien les affaires qu’il hérite. « Les défis en tant que nouveau premier président sont multiples et infinis. Pour l’essentiel, j’apporterai dans la continuité de ce que j’ai pu faire avec mon aîné, des changements nécessaires attendus et espérés par le peuple congolais. », s’est-il engagé.
Georges Akiera passe le témoin à Gilbert Mouyabi
La passation de consignes entre le procureur général près la Cour suprême sortant, Georges Akiera, et entrant, Gilbert Mouyabi, s’est déroulée également le même jour. Ainsi, le sortant a transmis à son successeur les dossiers qui l’attendent et présenté dans le procès verbal le patrimoine du parquet général. « Je vous connais, vous êtes doublement de la maison et depuis, vous étiez pendant de longues années procureur à différents niveaux, vous sortez fraîchement d’un parquet général. Je vous souhaite bonne chance et de faire mieux que moi pour servir la République, parce que les hommes passent, la justice doit être pérenne, mais la République est éternelle. Vous êtes ici chez vous, vous remplacez votre grand frère, vous avez une bonne équipe .», a souligné Georges Akiera.
Onzième procureur général près la Cour suprême, Gilbert Mouyabi pense qu’on ne remplace pas un grand frère mais on lui succède. « On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, vous avez sorti la lampe Mouyabi sous le boisseau pour l’envoyer au ministère de la Justice comme conseiller. Après, j’ai été envoyé à la Cour des comptes et des disciplines budgétaires. Je sais que j’ai votre bénédiction, je sais aussi que je vais garder tout le personnel. Je ne suis en territoire ni étranger ni inhospitalier, je suis chez moi. », a estimé cet ancien séminariste.