Congo-pénurie de carburant : la CORAF peine à satisfaire le marché local

Le sujet a été discuté au sénat le 15 novembre, au cours de la séance des questions réponses des sénateurs aux membres du gouvernement.

 

Le Congo traverse depuis environ deux mois une crise aigüe de l’offre de carburant à la pompe. Les dysfonctionnements de la Congolaise de raffinage (CORAF) et le manque de subvention des bruts proscrite par les institutions financières internationales sont entre autres les causes de la pénurie de carburant observée dans le pays.

Répondant à la question du Sénateur Donald Thierry Goma sur les dysfonctionnements observés à la chaîne de provision en carburant, le ministre Bruno Jean Richard Itoua a laissé entendre que la loi N° 6-2001 du 19 octobre 2001, qui constitue le fondement du secteur de l’aval pétrolier accorde la primauté de la production du carburant à la Congolaise de raffinage (CORAF), et les importations du carburant ne venant qu’en appoint de la production locale.

La CORAF fournissait en moyenne sur le marché local 800 tonnes de super carburant correspondant à 16 jours de consommation, environ 53 % de la consommation nationale. De même, 24 000 tonnes de gasoil, soit 80 % de la consommation nationale. Depuis deux mois, l’entreprise produit moins de carburant que d’habitude.

Le gouvernement préconise l’augmentation de la production et de performance de la CORAF en produits blancs, moins de produits lourds qui sont en majorités orientés vers l’exportation ; l’amélioration de la structure de prix en garantissant la disponibilité de ressource financière liée à la stabilisation de prix des hydrocarbures bruts, la constitution de stocks de secteurs stratégiques.

Congo-pénurie de carburant : les « Kadhafi » tirent profit

La nouvelle pénurie de carburant en République du Congo profite aux vendeurs informels dénommés Kadhafi qui proposent le litre de carburant à 1300 Fcfa contre 775 Fcfa à la station-service.

 

Le Congo vit au rythme de la rareté de carburant à la pompe depuis le début de cette année 2024. Après la pénurie du mois de mai, une nouvelle rareté de carburant est annoncée depuis septembre dernier. Une situation qui profite aux vendeurs vendeurs informels appelés « Kadhafi ». Ils vendent à 1300 Fcfa le litre contre 775 Fcfa que propose la station-service. Il y a tout de même lieu de se poser des questions sur la qualité du carburant vendu par les Kadhafi.

Certaines sources révèlent que le carburant vendu par les vendeurs informel serait de la contrebande en partie importé de Kinshasa. « Ces produits de contrebande seraient de moins bonne qualité que ceux vendus dans les stations-service. Ces commerçants s’approvisionnent en RD Congo, dans des circuits non maîtrisés, avant de venir les mettre sur le marché local », précise la même adiac-congo dans un article publié le 12 novembre.

Pour le média en ligne Ecomatin, le choix porté vers ce marché noir est dû aux longues files d’attente que doivent faire face certains chauffeurs de transport en commun devant les stations-service.

L’agence d’information Congolaise adiac-congo révèle que le trafic illicite de carburant se déroule souvent les soirs sous la complicité des pompistes véreux. Ces derniers livrent aux chauffeurs en échange de 2000 à 3000 Fcfa sur chaque bidon de 25 litres vendus.

La nouvelle pénurie de carburant à la pompe serait la conséquence de l’arrêt du trafic du Chemin de fer Congo-Océan (Cfco), entreprise parapublique des chemins de fer qui assure l’approvisionnement de Brazzaville en hydrocarbures venant de Pointe-Noire, la capitale économique du pays. En effet, depuis fin septembre dernier, les cheminots de ce chemin de fer sont en grève. Ils réclament plus de quarante mois d’arriérés de salaires.

Pénurie de carburant à Brazzaville : les élèves face aux difficultés de transport

A peine que les cours ont repris, les élèves sont déjà confrontés aux difficultés de transport pour se rendre à leurs établissements respectifs, par manque de carburant dans la capitale.

Le 3 octobre, des attroupements aux différents arrêts de bus de la ville ont été constatés. Elèves en tenue, travailleurs et coopérants se bousculaient jeudi pour avoir une place dans le premier bus qui se pointe. Une aubaine pour les chauffeurs et receveurs qui en ont profité pour faire des demi-terrains. Les chauffeurs de taxi, quant à eux, ne ratent pas en pareil moment l’occasion d’associer en une course deux ou trois personnes n’empruntant pas forcément le même itinéraire.

« …il est 7h30, je suis déjà en retard aux cours. Je continue d’attendre puisque je n’ai pas assez de moyen pour me taper le luxe d’emprunter un taxi », a confié un lycéen de Chaminade, à l’arrêt de bus du marché Talangaï, très impatient. Ce dernier envisage de se lever tôt prochainement, dans l’espoir de trouver facilement un bus.

Abordé, un parent a indiqué : « Les autorités devraient penser à alimenter les stations d’essence depuis le week-end dernier en vue de faciliter le déplacement, ne fût-ce qu’à cause de la rentrée scolaire. Hélas ! ».

Indigné de même du comportement des autorités qui, selon lui, ne font rien pour régler ce problème récurrent, un autre parent rencontré dans une station autour de midi a confié : « Je suis coincé ici depuis plus de deux heures. Alors que ma fille m’appelle à sa rencontre », a-t-il raconté d’une voix pâle, attendant dans la file des voitures qui longeaient la station d’essence.

Sans la moindre lueur d’espoir, un chauffeur de taxi affirmait qu’il allait garer sa voiture au centre-ville pour rentrer chez lui. Critiquant le comportement des chauffeurs de taxis-motos qui auraient droit à des traitements de faveur, ce dernier a dit refuser de soudoyer les pompistes pour avoir de l’essence.

Pas trop loin, une dame au volant de sa voiture déplorait également le silence des autorités qui ne font rien pour aider la population à recevoir le minimum.

Des individus, bidons en main près des pompes à essence, des conducteurs perchés sur leurs taxis-motos, d’autres accrochés à leur portière de taxi dans des lignes désespérantes, espérant, même à la tombée de la nuit, rentrer à la maison avec le précieux liquide.

Congo : retour de la pénurie de carburant à Brazzaville

Cette situation est la conséquence de la collision des trans marchandises le 30 juin dernier à Ngondji.

Les effets de la collision des trains marchandises, le 30 juin à Ngondji, localité située à 18km de Pointe-Noire, se font ressentir dans la ville capitale où les stations-services sont de nouveau à sec, avec pour conséquences l’augmentation du prix de la course de taxi, la réapparition des vendeurs à la sauvette des produits pétroliers ( Kadhafi) et des longues files d’attente dans les stations.

Des conducteurs des transports en commun ainsi que ceux des voitures personnelles qui pouvaient, en un temps records, recharger leur réservoir et poursuivre leur chemin sont contraints de faire la queue.

Abordé dans une station-service à Mpila, Alexis, chauffeur de taxi (l’activité constitue sa principale source de revenu) a confié être arrivé depuis les premières heures de la matinée dans l’espoir d’être servi avant midi.

Dans cette même station, Clarius est assis sur sa moto. Il attend depuis des heures. « Moi, je fais taxi-moto. On joue sur le temps. Depuis 6 h jusqu’à maintenant, les pompistes ne se sont pas encore occupés de moi. Je crains de rentrer bredouille », a-t-il dit.

Notons que certains chauffeurs, impatients, vont se ravitailler chez les revendeurs (Kadhafi) qui campent à quelques mètres de la station, avec leurs bouteilles et bidons remplis du précieux liquide.

On espère que les autorités compétentes mettront tout en œuvre, dans les plus bref délais, pour dégager le chemin de fer puis relancer le trafic des trains marchandises.

Transports: une pénurie de carburant perturbe le trafic aérien intérieur

Signé du ministre des Hydrocarbures, le communiqué annonçant cette nouvelle précise que cette pénurie de carburant de type +Jet A+(carburant particulier destiné aux aéronefs ) est due à des problèmes de raffinage.

Les rotations d’avions sont perturbées depuis quelques jours entre Brazzaville et Pointe-Noire, les deux principales agglomérations du Congo. »Le gouvernement de la République informe l’opinion nationale et internationale que notre pays connaît depuis quelques jours des perturbations de son trafic aérien », selon un communiqué signé par Jean-Marc Thystère-Tchicaya, ministre des Hydrocarbures.

« Ces perturbations sont dues (..) à une pénurie de carburants de type +Jet A+, carburant particulier destiné aux aéronefs », a-t-il ajouté.

Depuis novembre 2016, l’avion est le moyen le plus sûr pour rejoindre Pointe-Noire, dans l’extrême sud du pays, à partir de Brazzaville, les trafics ferroviaire et routier étant obsolètes en raison de l’insécurité liée aux violences dans le département du Pool.

« Il a été constaté, après la dernière importation de Jet A réalisée par notre pays, que les produits concernés ne répondaient pas aux spécifications techniques et légales prévues en République du Congo« , selon le texte.

A en croire le gouvernement, la Congolaise de raffinage ( raffinerie nationale basée à Pointe-Noire) n’a pas permis de compenser le déficit de carburant dans ce petit pays d’Afrique centrale d’environ cinq millions d’habitants.

Producteur de pétrole, le Congo importe cependant une partie de ses consommations en produits pétroliers raffinés, pour lesquels la demande nationale est supérieure à la production locale.