Le directeur général de la Caisse de retraite des fonctionnaires (CRF), demande à la justice de faire la lumière sur le sujet qui met à mal de nombreux pensionnaires.
La commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la fraude dénonçait, dans l’un de ses rapports, le détournement de deux mois de pensions, notamment de novembre et décembre 2016 à la CRF. Elle annonçait par la même occasion la remise du dossier au procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Brazzaville. Pour François Nguimbi qui a pris les fonctions après cette période, les pensions avaient été effectivement virées sur le compte LCB de la CRF, avant d’être sorties et portées disparues. « Aucun retraité n’a perçu le moindre franc de ces pensions. Donc, cela reste un problème d’actualité, un problème grave. J’ai une exigence : c’est qu’au nom des retraités, que ce dossier ne soit pas allé en justice pour y mettre la poussière dessus et porté disparu. Il faut qu’il soit traité, parce que c’est un devoir moral pour nous, pour l’Etat. Une fois que le gouvernement a fini par virer cette somme sur notre compte, continuité de l’administration oblige, j’en suis le responsable moral », a reconnu le nouveau directeur général.
En effet, François Nguimbi a insisté sur le fait que la justice congolaise puisse traiter cette affaire afin qu’une lumière soit faite et que les auteurs soient connus. « Si l’on venait à découvrir que c’est quelque chose qui n’est pas prévu, que le gouvernement nous rende cet argent des retraités et qu’il s’organise avec la justice pour le récupérer. C’est aussi une démarche possible », a-t-il insisté, précisant qu’il s’agit d’une dette exigible.
Environ six cent cinquante agents émargent au budget de la CRF
Faisant le bilan de son action, l’ancien ministre du Travail, de la fonction publique, chargé de la sécurité sociale a rappelé que sa première tâche a consisté au contrôle physique et documentaire de tous les agents évoluant à la CRF afin d’en déterminer, entre autres, la masse salariale. Ainsi, environ six cent cinquante travailleurs ont été recensés. Reconnaissant l’urgence de payer les pensions, il s’est interrogé si le nombre d’agents pouvait gêner la paie ou est un facteur des déséquilibres de tout le retard constaté. « Même si cela a forcément une incidence, je me suis dit pour l’heure, il faut s’attaquer à l’essentiel au lieu de chercher des boucs émissaires. Trouver sous l’autorité de la tutelle comment régler le problème de la paie des pensions des retraités parce que vous savez, il y a nombre de retraités qui, depuis des années, ont leurs décisions d’arrêtés de concession. Ayant cotisé, ils ont droit à la pension mais ne l’ont pas perçue jusqu’aujourd’hui », a-t-il rappelé.
Vers l’association paie des salaires et virement des pensions ?
Interrogé sur les arriérés de pensions que les retraités de la CRF cumulent actuellement (une dizaine de mois), il a remercié les retraités pour leur calme et, cependant, ne souhaite pas que leur prise en compte soit négligée. En effet, après une année 2017 très difficile pour les pensionnaires, le gouvernement a entamé depuis deux mois le paiement des mois de janvier et février 2018. Pour lui, il s’agit de la concrétisation du discours du chef de l’Etat du 30 décembre 2017 qui instruisait le gouvernement de veiller pour que les salaires et les pensions soient virés pendant la même période. « Je pense que c’est le cas ces derniers mois. Avant août on a viré une pension et maintenant on paie une autre. J’imagine que nous allons maintenant vers cette association paie des salaires et virement des pensions. A nous de continuer de travailler pour mettre cela en exergue », espère l’ancien ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative.
Revenir aux fondamentaux
Pour éviter des détournements et des manipulations de fonds et autres tracasseries administratives, le directeur général de la CRF a annoncé l’envoi des retraités dans les différentes banques à travers l’opération « Bancarisation ». Justifiant sa démarche, il a rappelé que les paiements aux lieux d’assignation à travers la carte biométrique ont montré leurs défaillances. Il s’agit, entre autres, de la multiplication de ces cartes en plusieurs exemplaires par la CRF, permettant aux retraités de percevoir de fortes masses d’argent partout. Le but de la bancarisation, a-t-il dit, est de faire en sorte que la CRF puisse revenir à ses fondamentaux : gérer administrativement les effectifs.
C’est ainsi que depuis le 1er mars dernier, une disposition a été prise, renvoyant tous les retraités à la banque sans exception, sauf les lieux où il n’y a pas de banque. Cela permettra d’éviter le versement de quatre-vingts à cent millions FCFA à la commission chargée de payer les retraités. « Aujourd’hui, près de 70% sont déjà en banque (soit ceux qui ont plus de cent mille). Nous avons commencé par la phase de cent mille et allons descendre jusqu’à 0 FCFA, parce que de la même manière que le ministre de la Fonction publique ne gère que les effectifs sans intervenir dans les salaires, la CRF doit à partir de 2019 n’avoir qu’à gérer les effectifs et ne plus intervenir dans les fonds de pensions », a annoncé François Nguimbi, précisant que l’année prochaine, le budget de la CRF devra contenir les fonds des pensions, les fonds de fonctionnement et les fonds d’investissement.