Congo-Pandora papers : le PCT envisage des poursuites judiciaires pour diffamation

Le secrétariat permanent du bureau politique du Parti congolais du travail (PCT), l’a annoncé dans une déclaration qu’il a faite le 13 octobre 2021.

 

Il y a quelques jours, un consortium international de journalistes d’investigation a publié une enquête. Celle-ci épinglait trente-cinq chefs d’Etat, dont Denis Sassou N’Guesso, pour avoir disséminé les fonds dans les sociétés offshores, à des fins d’évasion fiscale. Pour le PCT, cette dénonciation relève d’une simple diffamation et d’offense à l’endroit du président de la République.

Le secrétariat permanent du bureau politique du Parti congolais du travail (PCT), a réagi, le 13 octobre, pour exprimer son indignation.

« Le secrétariat permanent du bureau politique du PCT exprime son indignation et condamne ce qui s’apparente à un complot subtilement ourdi contre le président de la République et le peuple congolais. En conséquence, il envisage des poursuites judiciaires pour diffamation contre les auteurs de ces allégations mensongères, indignes et irresponsables », relève la déclaration lue par Parfait Romuald Iloki, secrétaire permanent chargé de la communication, des technologies de l’information et de la communication, porte-parole du parti.

Congo-«Pandora Papers» : le gouvernement réfute l’implication de Sassou N’Guesso

Le président Congolais a été cité dans les enquêtes du consortium international des journalistes qui l’accuse de détenir des sociétés offshore dans les paradis fiscaux.

 

Le gouvernement de la République du Congo dément toute implication du président Denis Sassou-NGuesso dans l’affaire des « Pandora Papers ». Il s’agit de ces documents sur le recours aux sociétés offshore dans les paradis fiscaux. Denis Sassou N’Guesso avait déjà été cité dans les enquêtes précédentes du consortium ICIJ. A l’origine des révélations des « Pandora Papers ».

Les autorités congolaises réfutent catégoriquement ces accusations. Le ministre de la Communication, Thierry Moungalla, a contacté RFI pour y répondre : « Le gouvernement de la République du Congo dément avec la plus extrême fermeté toute implication du président de la République. Et compte tenu de la gravité des accusations qui sont ici portés, le président de la République se réserve le droit d’engager toute action judiciaire ou toute poursuite pour diffamation pour tous les médias ou toutes les personnes qui reprendraient ces accusations sans en apporter quelques preuves que ce soit. »

À l’opposé, l’organisation de la société civile Sassoufit se réjouit de cette enquête, car, selon elle, c’est la première fois que le nom de Denis Sassou N’Guesso apparaît directement lié à une société de ce type.

Selon le consortium international des journalistes, c’est en 1998, tout juste après le retour au pouvoir de Denis Sassou N’Guesso, que la compagnie Inter African Investment aurait été immatriculée aux Iles Vierges britanniques, un paradis fiscal des Caraïbes.

Cette société chapeauterait Ecoplan Finance Ltd, elle-même propriétaire d’Escom Congo, entreprise de construction et d’immobilier ayant des droits sur des mines de diamant congolaises. Le bénéficiaire de la structure serait le président lui-même, et l’une de ses filles, Julienne, aurait été l’une des dirigeantes d’Ecoplan Finance Ltd, société désormais inactive.

Congo : Denis Sassou N’Guesso cité dans l’enquête des « Pandora Papers »

Le chef de l’Etat fait partie des 43 hommes politiques soupçonné de dissimuler des sociétés dans les juridictions secrètes.

 

Le consortium international des journalistes d’investigation vient de révéler que 43 hommes politiques africains auraient dissimulé des sociétés dans des pays riches. Ce sont des politiciens du Nigéria, Maroc, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Tchad, le Gabon, le République du Congo, le Kenya, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud.

Les chefs d’Etats africains dont les noms sont directement évoqués, sont ceux du Gabon et du Congo-Brazzaville et le Kenya. Il faut dire que les détails en ce qui les concernent n’ont pas encore été donnés. La publication révèle aussi que les États-Unis en particulier, sont apparus sur l’ensemble des dossiers consultés, comme étant une destination de plus en plus attractive pour la dissimulation des fortunes par des hommes politiques. Une information qui contraste avec l’habitude prise par les dirigeants de ce pays de fustiger la corruption et les détournements dans les pays pauvres.

Les « Pandora Papers » sont le nom donné à 11,9 millions de documents dans lesquels se retrouvent les noms de plus de 336 hommes politiques à travers le monde, qui auraient utilisé des entités dans des juridictions secrètes, pour acheter des biens immobiliers, détenir de l’argent en fiducie, posséder d’autres sociétés et d’autres actifs, parfois de manière anonyme. L’enquête menée par les journalistes qui collaborent au projet, révèle aussi comment les banques et les cabinets d’avocats travaillent en étroite collaboration avec les prestataires de services offshore pour concevoir des structures d’entreprise complexes.

Cette révélation survient alors que le débat sur une fiscalité plus juste progresse dans le monde, notamment avec la Covid 19 qui a mis au grand jour les difficultés pour les pays faibles, à mobiliser des ressources financières pour soutenir leurs économies, ou même mener des campagnes de vaccination, présentées comme vitales pour faire face à la pandémie qui continue de secouer le monde.

Les travaux du panel de haut niveau sur les flux financiers illicites présidé par Thabo Mbeki, l’ancien président d’Afrique du Sud, ont présenté l’évasion fiscale comme une des sources de flux financiers illicites à partir de l’Afrique. Le premier rapport sur l’Etat de la justice fiscale dans le monde publié par Tax Justice Network en novembre 2020 a estimé, sur la base de ses recherches, que cela représentait en moyenne chaque année un peu plus de 27 milliards $ de pertes de ressources potentielles pour les budgets des pays africains.