Le capitaine Ibrahim Traoré a signé plusieurs décrets réorganisant les Forces armées nationales (FAN).
Le Burkina comprend désormais six régions militaires pour l’armée de terre, deux régions aériennes pour l’armée de l’air, six régions de gendarmerie et six groupements de force, selon un décret présidentiel, signé le 14 novembre 2022 par le capitaine Traoré. Cette disposition abroge de fait, celle de 1994 portant organisation du territoire national en zones de défense et en régions militaires.
Un autre décret crée six Bataillons d’intervention rapide (BIR). Basés à Ouagadougou, ils peuvent etre déployés sur l’ensemble du territoire national en fonction « des nécessités opérationnelles », précise la note officielle consultée par APA. « Les BIR vont intervenir le plus rapidement possible et le plus en avant, en privilégiant la mobilité et la puissance face à la menace contre l’intégrité du territoire », explique le décret présidentiel.
Le capitaine Ibrahim Traoré ajoute que ces Bataillons sont mis à la disposition du Commandement des opérations du theatre national (COTN), lui-même désormais placé sous l’autorité administrative du Chef d’Etat-major général des armées (CEMGA) et du commandement opérationnel du CEMGA adjoint.
Le capitaine Farouk Azaria Sorgho a été nommé commandant du 4e Bataillon d’intervention rapide. Il est connu pour avoir lu le communiqué lors du putsch du 30 septembre 2022 contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba.
Le président Traoré a également procédé à plusieurs nominations. Le lieutenant-colonel Christian Ouattara a été nommé, dans la foulée, chef d’état-major de l’armée de l’air. Il remplace le colonel Vincent de Paul Ouédraogo, proche du président déchu, Paul-Henri Damiba.
Dans un autre décret, en date du 14 novembre, le chef de l’État burkinabè a nommé de nouveaux commandants de régions militaires. Une quarantaine d’officiers d’active ont été promus à des grades supérieurs pour compter du 1er octobre 2022.
L’ex-député de l’Assemblée législative de transition (ALT), Dr Arouna Louré, acteur de la société civile, a estimé que la promotion des capitaines met en évidence la « fracture entre les officiers subalternes et les officiers supérieurs et généraux ». Pour lui, le fait de les nommer à des rôles de commandant des régions militaires « est très courageux, et en même temps suicidaire ». Il a expliqué que ce sont des postes qui devraient être reversés à des Colonels ou des officiers généraux selon un certain organigramme.
« De même, nous n’aurons plus de lieutenant-colonel au front. J’imagine mal un lieutenant-colonel au front sous le commandement d’un capitaine ou d’un commandant. Ainsi ces nominations voudraient dire une chose : la non employabilité des officiers supérieurs et des officiers généraux », a insisté Dr Louré.
Le capitaine Traoré tente de prendre le contrôle de l’armée. En mi-octobre, il avait nommé le capitaine Oumarou Yabré, directeur général de l’Agence nationale de renseignement (ANR).
Au pouvoir depuis début octobre, le capitaine avait annoncé une réorganisation de l’armée pour la rendre plus opérationnelle et efficace sur le front. Il a lancé une vaste opération de recrutement de soldats de rang et de supplétifs de l’armée.