Le Directeur général de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP), Saër Niang, a invité les entreprises locales à mutualiser leurs forces pour augmenter leur chance de gagner des marchés publics.Au Sénégal, 67 % des marchés de la commande publique, passés sur les deux dernières années, ont été exécutés par les entreprises locales selon les rapports d’audit et de gestion des années 2020 et 2021 de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) publiés mercredi 30 novembre 2022 à Dakar.
Ce taux, bien que salutaire, peut être amélioré si l’on en croit le Directeur général de l’ARMP, Saër Niang. « Il faut mettre en confiance le secteur privé national et lui permettre d’arriver à remporter les marchés. Aujourd’hui, si 67 % des marchés sont entre ses mains, seul ou en groupement, nous pouvons peut-être arriver à l’améliorer pour atteindre 80 voire 85 % », a-t-il déclaré.
Pour y arriver, « nous encourageons le secteur privé à davantage aller en groupements. Il ne sert à rien d’aller toujours seul, d’être un singleton dans un environnement concurrentiel. (Car) les gens peuvent tirer leur épingle du jeu en favorisant les groupements entre entreprises locales », a-t-il souligné.
Au Sénégal et dans l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (Uemoa), l’essentiel des groupements qui soumissionnent à la commande publique sont l’œuvre, selon M. Niang, d’une entreprise locale et celle étrangère.
« Les entreprises nationales doivent aujourd’hui se parler et aller ensemble. Si elles le font, il y a de fortes chances que dans les années à venir elles remportent 100 % des marchés. Nous devons tout faire pour que la collaboration au niveau communautaire soit renforcée », a-t-il plaidé.
Saër Niang est convaincu que si le Sénégal veut avoir un secteur privé national fort, « il faut que les autorités contractantes jouent correctement
le jeu». Cela, d’autant plus que les textes permettent, dans un appel d’offre ouvert international, que les sociétés sénégalaises ou communautaires aient un taux de préférence de 15 %. « Cela veut dire qu’elles peuvent être 15 % plus chères par rapport aux entreprises extra-communautaires et gagner le marché », a-t-il indiqué.
En 2020 et 2021, environ trente mille marchés ont été passés chaque année pour un budget d’environ 2600 milliards de FCFA. Ceux-ci sont dominés par les marchés de travaux qui représentent à peu près 85 % de la commande publique. Les appels d’offres ont représenté près de 82 à 85 % des marchés passés. Par ailleurs, les ententes directes, autrefois calculées par la valeur, sont désormais mesurées par le nombre. Cela a permis de passer de 6 % voire 7 % en 2018 et 2019 à 4 % et 5 % durant les deux dernières années.
« Nous pouvons retenir que la transparence est respectée dans les marchés publics qui, pour l’essentiel, sont passés par appel d’offre, le mécanisme par défaut de passation des marchés », s’est réjoui le Directeur général de l’ARMP.
En outre, le nombre de recours de contestation sur l’attribution des marchés a drastiquement diminué ces deux dernières années. D’environ 400, il y a quelques années, ils sont respectivement passés à 200 et 175 recours en 2020 et 2021.
« Cette baisse drastique est due à la professionnalisation consécutive aux diverses formations octroyées aux agents contractants et la transparence dans l’attribution des marchés », a soutenu Saër Niang.
S’agissant des entreprises étrangères qui opèrent sur le territoire national, il a fait savoir que celles-ci sont dominées par les sociétés chinoises qui gagnent 18 % des appels d’offres. Elles sont suivies par les entreprises françaises et turques qui sont autour de 4 %. Les sociétés allemandes, marocaines et émiraties complètent la liste avec environ 3 % des parts de marché.