Congo : 51,7% de la population exposés à la malnutrition

C’est ce qui ressort de l’atelier spécial renforcement des capacités des parlementaires sur les investissements responsables dans l’agriculture et les systèmes alimentaires.

 

Près de 51,7% de Congolais sont exposés à une insécurité alimentaire grave. Cette information a été révélée mardi 23 novembre 2021à Brazzaville. C’était au cours de l’atelier spécial de renforcement des capacités des parlementaires sur les investissements dans l’agriculture et les systèmes alimentaire. C’est une initiative de l’Alliance parlementaire congolaise pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle (Apcsan).

Au cours de cet atelier qui prend fin ce 24 novembre, il sera question d’aborder des sujets tels que l’importance d’une approche multidimensionnelle de la sécurité alimentaire et nutritionnelle ; l’institutionnalisation du droit alimentaire pour tous ; l’engagement politique pour assurer la sécurité alimentaire de la population.

La représentante de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) au Congo, Yannick Ariane Rasoarimanana, a fait savoir que la situation alimentaire et nutritionnelle du Congo s’est empirée ces dernières années.

« Au Congo, la situation alimentaire et nutritionnelle s’est dégradée de plus bel ces dernières années. Les dernières données 2021 sur l’insécurité alimentaire soulignent que près de 51,7% de Congolais sont exposés à une insécurité alimentaire grave, à cause du manque d’accès à une alimentation adéquate et équilibrée. La prévalence à la sous-alimentation est de 35,5% et la prévalence de retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans est estimée à 18% », a indiqué Yannick Ariane Rasoarimanana.

Le ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, Paul Valentin Ngobo, pour sa part a dévoilé la stratégie mise en place par le gouvernement.  Il a indiqué que la production agricole au Congo est croissante mais, à cause de l’augmentation de la population, elle n’arrive pas à satisfaire la demande.

L’atelier prévu sur deux jours a été ouvert par le président de l’Apcsan, Pierre Ngolo, en présence des représentants des organisations partenaires.

Congo-Malnutrition : situation de quatre départements préoccupe

C’est en 2013 que le Congo s’est lancé dans la lutte contre la faim. Pour atteindre son objectif, il a initié de 2013 à 2015, puis de 2016 à 2020, les deux premières phases du mouvement SUN. La phase qui vient de démarrer, dénommée SUN 3.0, couvrira les cinq prochaines années et constitue la troisième initiative du genre.

Développant l’un des quatre exposés prévus, le Dr Yolande Mvoumbo Matoumona, conseillé du chef de l’Etat, chef de département Santé, a commenté les résultats issus de l’enquête Smart réalisée cette année. Il ressort de cette étude qu’en l’espace de cinq ans, la malnutrition a augmenté de manière substantielle au Congo.

« Au total, 10 200 ménages ont été enquêtés et 7 703 enfants âgés de 0 à 59 mois visités. On a noté l’insécurité alimentaire des ménages de 21 points au cours des cinq dernières années. Le retard de croissance chez les enfants s’est accentué de 6 points dans la même période, l’insuffisance pondérale s’est élevée de 3 points et la maigreur chez les enfants a baissé de 3 points », a souligné le Dr Yolande Mvoumbo Matoumona.

L’étude précise que Pointe-Noire, la Lékoumou, les Plateaux et le Pool sont les départements les plus touchés par cette malnutrition. Elle étaye, par ailleurs, que la couverture des interventions spécifiques à la nutrition s’est améliorée, touchant l’ensemble des départements. La même avancée est observée au niveau des filets sociaux de sécurité.

Cependant, ajoute l’enquête, les pratiques en matière d’alimentation des enfants de 0 à 23 mois restent médiocres et constituent encore un vrai défi à relever.

Le Dr Lambert Kitembo, exposant sur la politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle, a quant à lui présenté la grande politique que le gouvernement a mise en place pour combattre la malnutrition au Congo. Elle vise, d’ici à 2030, l’avènement d’une société dans laquelle tous les individus, ménages et communautés produisent et consomment des aliments en qualité et en quantité satisfaisantes, nécessaires pour leur plein épanouissement.

La troisième version du mouvement SUN, a souligné la représentante de l’Unicef au Congo, mettra un accent sur trois axes particuliers. Il s‘agit notamment d’une appropriation plus forte, d’une priorité plus marquée en faveur du leadership des pays et du passage d’un point focal désigné par les gouvernements à une coordination nationale. Question de donner plus de moyens pour agir à grande échelle et accélérer les progrès. Une approche soutenue par le coordonnateur des agences du système des Nations unies au Congo, Chris Mburu, dans son mot liminaire.

Au terme des travaux, les participants ont adopté, après amendements, la feuille de route du mouvement SUN 3.0 exercice 2021-2025, à la grande satisfaction du point focal SUN Congo. « Je constate avec joie que la feuille de route ajustée a pour fondement les principes de transparence, d’ouverture et d’inclusion. Elle permet de répondre au besoin urgent d’améliorer l’état nutritionnel de la population dans un environnement marqué par le choc sanitaire à coronavirus », a conclu Jean-Baptiste Ondaye.

Congo-Ignié : au secours aux enfants souffrants de malformation congénitale

Une fille hermaphrodite, un enfant pied-bot, cinquantaine de malnutris sont entre autres les différents cas d’enfants en situation de détresse dans la Circonscription d’action sociale d’Ignié.

La Circonscription d’action sociale (CAS) d’Ignié enregistre des cas d’enfants souffrants de mal formation congénitale et des cas de malnutrition. Une fille hermaphrodite âgée de huit ans et un enfant pied-bot de quatre ans, ainsi qu’une cinquantaine de malnutris sont entre autres les différents cas.

La CAS d’Ignié, dans le département du Pool, sollicite l’intervention des pouvoirs publics, des partenaires et ONG.

« Nous avons, depuis quatre ans,  une fille qui est hermaphrodite. Elle a aujourd’hui  neuf ans. Nous avons sollicité  en vain  l’aide partout.  Sa situation nous inquiète parce qu’elle est appelée à grandir.  Ce qui est très grave, c’est qu’elle est refoulée par ses amies. », s’est plaint le chef de la CAS d’Ignié, Didas Essengué.

Située à 45 km de Brazzaville, la sous-préfecture d’Ignié compte également en son sein de nombreux cas d’enfants malnutris. « Nous sommes au moins à 55 enfants malnutris dans la sous-préfecture. Nous demandons aux autorités de voler au secours des enfants d’Ignié malnutris et handicapés », a insisté Didas Essengué.

Lutte contre la malnutrition : le secteur privé met en place un réseau

Le réseau des acteurs œuvrant dans le secteur privé a été mis en place, le 21 octobre à Brazzaville.

Cette chaîne a été créée lors de la rencontre du Comité ad hoc national de lutte contre le fléau, sur la supervision du secrétaire général de la présidence, point focal dudit comité, Jean Baptiste Ondaye.

« Conscient de l’impact négatif de la malnutrition sur la santé du capital humain, nous, acteurs du secteur privé, décidons unanimement de nous constituer en un réseau pour contribuer à résoudre les problèmes nutritionnels au Congo dont les conséquences posent de sérieux problèmes de santé publique », a indiqué Jean Jacques Samba.

Plusieurs communications visant à éclairer la lanterne des acteurs et partenaires sur la malnutrition au Congo ont ponctué cette rencontre faite d’une série de questions-réponses. Les avancées réalisées par le pays dans la lutte contre la malnutrition font partie des thèmes ayant fait l’objet de débat.

Sur la présentation de la situation nationale, le travail de terrain réalisé par le Fonds des Nations unies pour l’enfance a révélé que la malnutrition est à l’origine de 21,2% de cas de retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans. Dans cette catégorie, l’objectif est d’atteindre une réduction allant jusqu’à 12,7% d’ici à 2025. L’on note 8, 2% d’émaciation chez les enfants de la même catégorie d’âge et la réduction devrait descendre en dessous de 5%. Par ailleurs, les chiffres indiquent 32, 9% d’allaitement exclusif qui doit être réduit à 50%, et 5,9% de surpoids chez les enfants de moins de 5 ans.

Au regard de ces chiffres, des efforts déjà consentis par le pays ne suffisent pas et doivent être redoublés, l’Etat ne pouvant pas seul tout faire. « Avec la mise en place des bases du réseau des acteurs du secteur privé contre la malnutrition, nous venons de franchir un nouveau cap dans ce combat. Il est nécessaire d’agir pour obtenir l’inflexion de ce fléau », a indiqué le secrétaire général de la présidence, point focal du Comité ad hoc national de lutte contre la malnutrition, Jean Baptiste Ondaye. Selon lui, les acteurs du secteur privé vont conforter l’action des autorités congolaises pour lesquelles cette lutte a toujours été une préoccupation majeure, la nutrition étant un facteur de développement.

Au plan mondial, l’agenda 2030 des Nations unies sur les Objectifs de développement durable consacre une importance non négligeable à la lutte contre la faim. Cet objectif est libellé : « Eliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable ».

Même si l’Etat multiplie les initiatives pour vaincre la malnutrition. L’engagement pris par le secteur privé va renforcer la lutte contre le fléau pour le bien-être de la population et la productivité.

Congo : la station piscicole de Mayama vient d’être réhabilitée

Les humanitaires et les populations voient à travers cette réhabilitation l’amélioration de la sécurité alimentaire dans un proche avenir et surtout la baisse de la dépendance vis-à-vis des produits congelés.

Totalement abandonnée lors des derniers évènements qui ont détruit le tissu socio-économique du Pool (sud), la grande station piscicole de Mayama vient d’être réhabilitée grâce à une contribution financière de la Chine gérée par le Programme alimentaire mondial (PAM).

À la sortie nord de Mayama dans un bas-fond environ 200 personnes : des hommes et des femmes bottes aux pieds, gangs aux mains viennent de couper la forêt, les bambous de Chine et les hautes herbes qui avaient envahi et bloqué la production de plusieurs étangs de 25 mètres carrés chacun ainsi que d’autres, réservés à la reproduction. La pisciculture renaît à Mayama à la grande satisfaction de Christine Missamou et d’autres habitants de ce district.

« Avant, nous aménagions seulement des étangs de petite taille. Mais cette fois-ci, les donateurs nous ont apporté des poissons ; voilà pourquoi nous avons prévu des étangs de grande capacité pour que les poissons y soient vite élevés pour plus de revenus pour nos enfants qui vont à l’école et pour les familles », raconte sourire aux lèvres une habitante de Maya travaillant dans un étang.

Des demandes en variété de poissons

Dans les étangs piscicoles, les bénéficiaires souhaitent désormais avoir une grande variété de poissons. Leurs doléances seront prises en compte, assure Daouda Bamba qui coordonne une ONG chargée de la relance de la pisciculture dans le Pool. « L’espèce tilapia demeure l’espèce principale. Nous allons ajouter une espèce appelée Congo ya sika en langue locale ; nous allons ajouter les silures. Puis un autre poisson qui joue un peu le rôle de prédateur et empêche les tilapias de se multiplier de façon anarchique et limite leur croissance », a indiqué M. Bamba

Les habitants de Maya-Maya manifestent le désir de mener, en dehors de la pisciculture, d’autres activités génératrices de revenus dans cette zone où la terre est riche et surtout disponible. « Après avoir fait la pisciculture, nous devons développer le maraîchage par exemple. Parce que la pisciculture est un travail à long terme. Il nous faut aussi un travail à court terme afin que nous mangions », nous a confié un chef de famille.

Des populations encore touchées par la malnutrition

Les humanitaires quant à eux appellent les donateurs à multiplier les interventions en faveur des populations du Pool qui connaissent encore la malnutrition. « La population continue malheureusement d’affecter la population du Pool où l’on estime qu’un enfant sur dix est toujours malnutri. Ce qui s’est passé entre 2017 et 2018 a beaucoup affecté les moyens d’existence des gens. Ce n’est pas en quelques mois que tout va revenir à la normale », a expliqué Jean-Martin Bauer, représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) au Congo.

À cause de l’insécurité, l’activité économique du Pool avait nettement ralenti à partir de 2016. Elle a bien repris, car depuis quelque temps sur le chemin de fer et la nationale 1 des marchandises et des personnes traversent de nuit comme de jour cette province jadis considérée à juste titre comme le grenier de Brazzaville.

Congo : le taux de malnutrition en hausse à Kombé

En deux jours, le taux de malnutrition à Kombé, banlieue du sud de Brazzaville, est passé à plus de 10 pour cent contre 7 pour cent considéré comme norme nationale. Un chiffre que révèlent les statistiques disponibles au Centre de santé communautaire de Kombé, dans le 8ème arrondissement de Brazzaville, Madibou.

A l’occasion d’une récente visite conjointe de l’ambassade du Japon et du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), partenaires financiers du Congo en matière de santé et de l’éducation, il a été révélé que près de 250 enfants présentaient de réels problèmes de santé dus à la malnutrition.

‘’Nous sommes en pleine campagne de dépistage des cas de malnutrition dans ce quartier et nous sommes déjà 250 enfants. Nous sommes à une prévalence de 10,06 pour cent alors que la norme nationale est autour de 7 pour cent. Il y a un réel problème, il faut bien des appuis pour que nous dépistions ces enfants en vue de les prendre en charge’’, a annoncé le médecin nutritionniste et urgentiste, Dr Alain Biknidou.

Le centre de santé communautaire de Kombé est un don du gouvernement japonais. Il est construit grâce au financement de plus de 116.000 dollars américains du Japon, dans le cadre de l’aide non-remboursable des petits projets locaux contribuant à la sécurité alimentaire.

‘’La structure fonctionne selon un modèle tiré du partenariat public-privé, parce qu’il s’agit d’un centre privé à but non lucratif. Dans le fonctionnement de ce centre, nous avons des agents de l’Etat affectés par le district sanitaire de Madibou et des contractuels que nous avons recrutés pour renforcer le personnel existant. L’appui de médecin d’Afrique permet une bonne gestion et fonctionnement correct’’, a expliqué le représentant de Médecin d’Afrique au Congo, Dr Davy René Louvouézo.