Congo : Dave Mafoula demande la libération de deux prisonniers politiques

C’était au cours d’une conférence de presse le 28 janvier à Brazzaville, où il a formulé cinq propositions afin « d’apporter des solutions fiables aux problèmes des Congolais. ».

 

Le président du parti d’opposition Les Souverainistes a demandé la libération des opposants Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa. Tous deux candidats malheureux au scrutin présidentiel de 2016, ils ont été jugés et condamnés à 20 ans de prison en 2018, pour atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat. Il s’est exprimé au cours d’une conférence de presse qu’il a organisé samedi 28 janvier 2023, à Brazzaville.

Dave Mafoula, costume cravate, face à la presse et en présence d’une poignée de militants du parti Les Souverainistes (LS), qu’il dirige, a d’abord critiqué « l’immobilisme du gouvernement ». Il a ensuite demandé au président congolais de gracier deux leaders d’opposition pour décrisper l’atmosphère politique.

« J’appelle le président Denis Sassou-Nguesso à poser cet acte politique. Je demande la libération, parce que le président de la République est conscient que derrière Okombi Salissa et le général Mokoko, il y a une bonne portion de notre peuple. Et, tous ces Congolais attendent une réponse, pas forte mais sage de la part du président de libérer ses frères. Okombi Salissa et le général Mokoko sont les frères du président Sassou-Nguesso ».

Dave Mafoula a rappelé que ces trois personnalités avaient une histoire. En effet, le général Mokoko a été chef d’état-major de l’armée, sous le président Sassou-Nguesso entre 1987 et 1992, et jusqu’en 1993, sous la présidence de Pascal Lissouba. De son côté, André Okombi Salissa a été plusieurs fois ministre du président Sassou Nguesso, de façon ininterrompue entre 1997 et 2012.

Congo-mort de Philippe Bikinkita : l’opposition demande la libération des prisonniers politiques

L’opposition, qui ne s’était pas exprimée depuis l’élection présidentielle de mars dernier qu’elle a perdue, est sortie de son silence.

 

Ministre de l’Intérieur sous le régime de Pascal Lissouba (1992-1997), Philippe Bikinkita est mort dans la nuit de vendredi à samedi 21 août en Angleterre, presque 25 ans après la guerre civile qui avait permis au président Denis Sassou-Nguesso de reprendre le pouvoir. L’opposition, qui ne s’était pas exprimée depuis l’élection présidentielle de mars dernier qu’elle a perdue, a demandé au chef de l’État de libérer tous les prisonniers politiques.

C’est Jean Itadi, président du Congrès africain pour le progrès (CAP), une formation de l’opposition dite « radicale », qui a pris la parole devant la presse.

Préoccupé par la réconciliation nationale, qui selon ses mots « ne peut se construire ni dans la haine, ni dans la division », il a demandé au président Denis Sassou-Nguesso de gracier tous les prisonniers politiques.

« Chaque Congolais compte, chaque Congolais est cher, a-t-il indiqué. Garder en prison des Congolais qui peuvent contribuer à construire le pays est un comble. On devrait aussi bien pour les exilés que pour les prisonniers politiques, prendre une mesure immédiate et je demande au président Sassou-Nguesso d’élargir les prisonniers politiques. Leur place n’est pas en prison. Ils ont leur place dans leur famille, ils ont leur place dans la cité pour contribuer à construire le Congo. »

Ancien ministre des présidents Sassou-Nguesso et Pascal Lissouba, Jean Itadi fait notamment allusion au général Jean-Marie Michel Mokoko, ancien chef d’état-major, et à l’ancien ministre André Okombi Salissa.

Tous deux candidats malheureux à la présidentielle de 2016, ils ont été inculpés pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’État », jugés et condamnés à 20 ans de travaux forcés en 2018.

 

 

Congo : la société civile demande la libération des prisonniers d’opinion

Trois organisations de la société civile viennent de lancer une campagne de sensibilisation à Brazzaville en vue d’obtenir la libération d’au moins cinq activistes.

 

La campagne en cours est marquée par des affichages sur lesquelles on peut voir les photos des activistes arrêtés ces derniers mois, Raymond Malonga, Dr Alex Ibacka Ndzabana, Jean Louis Packat, Chryst Dongui Ganga et Florian Miangouila.

« Ce sont des prisonniers d’opinions en fait. Nous avons estimé que finalement il faudrait que nous puissions engager un autre processus de plaidoyer. Voilà pourquoi nous avons commencé cette campagne. En dehors de cela, nous sommes en train de voir les possibilités de mener un grand plaidoyer au niveau des missions diplomatiques et saisir si possible le système des Nations unies », a déclaré Roch Euloge Nzobo, le responsable du Cercle pour les droits de l’Homme et du développement (CDHD) qui fait partie des trois ONG à l’origine de la campagne.

On rappelle que les activistes arrêtés sont accusés notamment « d’atteinte à la sécurité intérieure de l’État ».

Une accusation qui ne passe pas, aux yeux de Roch Euloge Nzobo qui dénonce surtout les conditions dans lesquelles ils ont été interpellés.

« On les a kidnappés pour certains. Alex Dzabana a été kidnappé. Christ Dongui a été enlevé chez lui à 5 heures du matin. Ce qui n’est pas conforme à la loi. Ces policiers chargés de les arrêter se comportent comme des gangsters. Ils n’avaient même pas de mandat délivré par un juge », a déploré Roch Euloge Nzobo.

Pour leurs avocats, le dossier des accusés est vide. Mais leurs démarches menées jusque-là se sont avérées infructueuses.

Au nom du respect des libertés fondamentales et des droits humains, la remise en liberté de ces compatriotes est un geste patriotique qui ne laisse indifférent. D’autant que l’unité et la cohésion nationales, au lendemain de la présidentielle du 21 mars dernier, appellent à ce genre de signaux républicains.

Des signaux qui devraient s’amplifier, couplés à une exigence, largement partagée et fort attendue par le peuple congolais, en ce qu’elle procéderait de l’apurement politique d’autres situations où les concernés devraient également recouvrer la liberté.

C’est le cas du Général Jean Marie Michel Mokoko et du ministre André Okombi Salissa. Les deux, candidats au scrutin présidentiel de 2016, sont murés, depuis près de 4 ans, après leur condamnation pour atteinte à la sûreté d’Etat, à la Maison d’arrêt centrale de Brazzaville.

Conséquemment, les Congolais qui se sont vus astreints, dans les affaires Jean Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa, devraient tirer profit d’identiques dispositions.

Okombi Salissa: un groupe de l’ONU juge la détention de cet homme politique arbitraire

L’ex-candidat à la présidentielle de 2016 et opposant est inculpé pour « atteinte à la sûreté intérieure » et « détention illégale d’armes de guerre ».

Selon un avis du Groupe de travail sur la détention arbitraire du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, la détention d’André Okombi Salissa est arbitraire. Le groupe de travail demande sa libération immédiate et son indemnisation pour les 18 mois passés en prison. Cela fait en effet près d’un an et demi qu’il est placé en détention préventive (depuis le 23 janvier 2017). L’ex-candidat à la présidentielle de 2016 et opposant se trouve détenu à la Direction générale de la surveillance du territoire. Inculpé pour « atteinte à la sûreté intérieure » et « détention illégale d’armes de guerre ».

L’avis rendu par le groupe de travail sur la détention arbitraire du conseil des droits de l’homme de l’ONU se fonde sur plusieurs points, comme l’explique maître Stéphanie Le Meignen, avocate d’André Okombi Salissa : « Son immunité parlementaire a bel et bien été violée. Sa garde à vue, qui a duré 13 jours, est d’une durée largement supérieure aux prescriptions légales et arbitraire. Son assignation à résidence qui a été préalable à son interpellation amène aussi à conclure que la procédure de flagrance est irrégulière. Il [l’avis] souligne aussi que ses conditions de détention sont particulièrement difficiles et qu’il n’a jamais été entendu par le magistrat ou quelconque autorité. »

Le groupe de travail sur la détention arbitraire « exhorte donc le gouvernement à mener une enquête sur les circonstances de l’incarcération » d’André Okombi Salissa et estime que le rapporteur spécial pour la torture et les traitements cruels inhumains et dégradants doit être saisi, alors que le frère d’André Okombi Salissa est mort suite à son interrogatoire dans cette affaire. Mais maître Stéphanie Le Meignen se montre désormais optimiste pour la suite : « Je pense qu’une pression internationale – par l’ONU, nous sommes aussi en train la commission africaine des droits de l’homme – peut amener, oui, à un aboutissement juste parce M. Okombi n’aurait jamais dû être incarcéré. »

Elle affirme aussi avoir déjà demandé au doyen des juges d’instruction de Brazzaville la libération de son client.

Congo : polémique autour de la libération de Dombé-Bemba

Le journaliste a été libéré le 03 juillet 2018 sans être jugé, après avoir passé 18 mois en détention à la maison d’arrêt de Brazzaville.

Ghys Fortuné Dombé-Bemba a été libéré sans être jugé le 03 juillet 2018. Le journaliste a passé dix-huit mois de détention à la Maison d’arrêt de Brazzaville.  Une libération qui a suscité autant de polémique sur les faits qui lui étaient reprochés. Ghys Fortuné Dombé-Bemba a passé la nuit de mardi à mercredi chez lui. « On m’a libéré. C’est une bonne chose », a expliqué l’ancien directeur général du journal « Talassa ».

Rappelons qu’il avait été accusé pour atteinte à la sûreté de l’Etat en lien avec le chef rebelle Frédérice Bintsamou alias Pasteur Ntumi, Dombé-Bemba a été arrêté le 11 janvier 2017 à Brazzaville. La justice congolaise reprochait au journaliste d’avoir relayé le message de Ntumi.

Pour Ghys et ses proches, le discours de Ntumi « traînait sur internet depuis des semaines. Ce qui veut dire qu’il ne s‘était jamais rendu à Kindamba (un des bastions de Ntumi, NDLR) pour interviewer Ntumi ».

Pour rappel, en novembre dernier, plusieurs ONG ont appelé à la libération de Dombé-Bemba, jugeant son arrestation « arbitraire ». Elles avaient également déploré la dégradation de sa santé en prison. Ghys Fortuné est désormais libre, c’est une liberté provisoire. C’est dire qu’il reste sous le coup de poursuites judiciaires et peut être renvoyé en prison.

Congo: les proches du pasteur Ntumi libérés

Au moins quatre-vingt personnes proches de l’ancien chef rebelle Frédéric Bintsamou, alias Pasteur Ntumi, ont été libérées mardi 26 juin à Brazzaville.

Conformément aux accords de cessez-le-feu de décembre 2017, quatre-vingt proches de l’ancien chef rebelle Frédéric Bintsamou ont été libérés mardi 26 juin 2018. Après deux d’affrontement qu’a connu le Pool, cet accord a été signé entre le gouvernement et les rebelles Ninjas, pour marquer le retour de la paix dans ce département.

Il s’agit des plus importantes libérations obtenues après les accords de cessez-le-feu et de cessation des hostilités conclus en décembre dernier entre le gouvernement et les représentants du pasteur Ntumi. Ces libérations permettent non seulement de décongestionner la prison mais aussi sont conformes à l’esprit de cet accord entre les Ninjas et le Gouvernement, c’est du moins ce qu’a expliqué une source proche du dossier

Ces personnes qui ont recouvré leur liberté sont des ex-combattants ninjas. Dans l’ensemble ils attendent un cantonnement et le lancement de l’opération DDR dont la date reste à déterminer. Si ses proches ont été libérés, le Pasteur Ntumi quant à lui attend toujours d’être fixé sur son statut, six mois après ces accords. Le mandat d’arrêt émis contre lui n’a toujours pas été formellement levé.

Notons que, des partis d’opposition qui signaient un mémorandum au cours d’une rentrée politique ont souhaité que l’ancien chef rebelle soit totalement impliqué dans le processus de rétablissement de la paix dans le Pool.

 

Brony Fortunat Ngoloali libéré après deux jours de garde à vue

C’est dans l’après-midi du lundi 04 juin, que le journaliste a été libéré à Brazzaville, après avoir été entendu par le procureur de la République.

Accusé d’avoir publié sur les réseaux sociaux les déclarations des dirigeants du Parti congolais du travail (PCT), faites au cours d’une réunion dite secrète, Fortunat Ngolali avait été interpellé samedi,02 juin 2018. Le journaliste du média privé Vox TV, a passé 48 heures en garde à vue, après qu’un député du PCT ait porté plainte contre lui.

Hier lundi 04 juin, Fortunat Ngolali a été libéré après avoir été entendu par le procureur de la République. Il a déclaré après sa libération qu’aucune charge n’était retenue contre lui, et qu’il était libre d’exercer sa profession.

Bon à savoir, le Congo occupe la 114e place dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par l’ONG Reporters sans frontières (RSF) en 2018.

Lutte de libération des pays et des peuples : quelle théologie pour l’Afrique ?

Le Congo Brazzaville et le Congo Kinshasa, deux pays voisins situés en Afrique centrale et de part et d’autre du Fleuve Congo, vivent des moments très difficiles qui hypothèquent leurs avenirs prochains, et mettent les populations dans la psychose des guerres civiles.

En effet, à cause des tripatouillages faits sur les constitutions de leurs pays respectifs, et le non-respect du nombre des mandats par Denis Sassou Nguesso du Congo Brazzaville, et Joseph Kabila du Congo Kinshasa, ces deux pays frères connaissent des crises politiques et sécuritaires très graves.

Cependant, ce qui reste très particulier dans ces crises et qui a surpris plus d’un observateur et toute la communauté internationale, c’est l’entrée dans ces luttes de libération des églises catholiques et évangéliques.

Pourtant, toutes n’utilisent pas les mêmes voies et moyens pour attaquer les régimes dictatoriaux de ces pays qui ont mis les populations dans un état de servitude.
Nous, nous sommes intéressés aux comportements des pasteurs de ces églises. Il ressort de notre lecture que les églises catholiques et évangéliques qui sont au Congo Brazzaville et au Congo Kinshasa n’ont pas un « courant de pensée théologique » qui peut les aider à uniformiser leurs stratégies pour mieux être combattives.

Comme cela était le cas avec la théologie de la libération qui était en vogue en Amérique Latine et qui avait obtenu l’adhésion de toute l’Eglise. Ce qui nous pousse donc à poser la question suivante : quelle théologie pour l’Afrique ?

D’entrée de jeu, nous voudrons dire que le rôle et les missions des églises chrétiennes ne devaient pas être les mêmes dans les pays développés où la démocratie est devenue une culture et les droits de l’homme sont respectés, et dans les pays en voie de développement, notamment les pays africains qui ploient encore sous des régimes dictatoriaux.

Et, à la lumière du Concile Vatican II, les églises catholiques des pays en voie de développement, plus particulièrement celles d’Afrique, devraient par exemple être autorisées à aider les peuples à se libérer, et à prendre la tête de leurs mouvements pour bien coordonner leurs actions et ne pas tomber dans les dérives.

Comme Gustavo Gutiérrez, l’aumônier des étudiants péruviens (1968), les pasteurs des églises chrétiennes d’Afrique devaient, eux aussi, dire au peuple de Dieu que «  la situation qu’ils vivent actuellement n’est pas voulue par Dieu ». Ils devaient, eux aussi, participer à « La création d’une société juste et fraternelle » et au «  salut des êtres humains, si par salut nous entendons le passage du moins humain au plus humain. On ne peut pas être chrétien aujourd’hui sans un engagement de libération  ».

Pourtant sur le terrain, les voies et les moyens utilisés par les pasteurs des églises chrétiennes ne sont pas les mêmes. Parce qu’ils n’ont pas un « courant de pensée théologique  » commun.

Nous ne voulons pas ici nous prononcer sur l’efficacité de ces voies et moyens choisis par les pasteurs des églises catholiques et évangéliques ; mais nous voulons tout simplement faire prendre conscience de ce manque de « courant de pensée théologique » qui devrait être propre à l’Afrique jusqu’à l’installation des Etats démocratiques.

D’ailleurs, nous pensons que vu l’urgence d’avoir ce « courant de pensée théologique » en ces moments aussi incertains que vivent beaucoup de pays d’Afrique, les pasteurs des églises chrétiennes devraient soit au sein de leurs églises respectives soit au sein de l’œcuménisme vite se retrouver pour combler ce vide préjudiciable. Les cas du Congo Brazzaville et du Congo Kinshasa nous servent d’objet d’études pour argumenter notre article.

Au Congo Brazzaville, la crise multidimensionnelle que connaît le pays ne laisse pas indifférents les pasteurs de l’église catholique.

Même si leur engagement de lutter contre la dictature de Sassou Nguesso est parfois affaibli par les relations que leur église a avec l’Etat ou celles que chacun d’entre eux entretient avec les dignitaires du pouvoir. Et, si les pasteurs des églises sont les pères spirituels, les dignitaires du pouvoir sont des bienfaiteurs.

Cependant, à coté des lettres pastorales des évêques ou des messages de la Conférence épiscopale, une aumônerie des femmes et des hommes politiques a été ouverte dans l’archidiocèse de Brazzaville ; mais deux prêtres, les abbés Brice Ruffieux Bahouamio et un autre qui a requis l’anonymat et signé son article publié dans le journal en ligne Zenga Mambu, sous le pseudonyme de prêtre congolais, se sont démarqués pour faire entendre leurs voix.

Le premier, le prêtre congolais, publie un article titré « Combattre la dictature au Congo-Brazzaville par une contribution autre que politico-juridique et militaire ! C’est possible  ».

Pour ce qui concerne ce papier, nous reprenons les intertitres pour résumer la pensée de l’auteur. Il y en a trois : « la résistance armée ne suffit pas », la « contestation politique a besoin d’un soutien  ». C’est pourquoi le prêtre congolais fait des « propositions spirituelles pour soutenir ces forces manifestes qui combattent la dictature ».

Le deuxième, l’abbé Brice Ruffieux Bahouamio, lui, adresse une Lettre ouverte à Monsieur Denis Sassou Nguesso, président de la république du Congo, dont voici le chapeau qui résume presque tout le texte : « Monsieur le Président, au regard de l’évolution de la situation sécuritaire dans le Pool, avec les chefs d’accusation standard de ‘’lutte contre le terrorisme et la rébellion’’, je viens par la présente lettre interpeller votre conscience face à l’histoire. Car, les actes d’un chef de surcroît le chef d’une nation affectent non seulement les vivants mais aussi les morts, non seulement ses contemporains mais aussi les générations qui ne l’ont pas connu, non seulement le présent mais aussi le futur, non seulement le visible mais aussi l’invisible, non seulement le naturel mais aussi le surnaturel. C’est pour autant dire, un chef d’Etat doit beaucoup à son peuple, mais par dessus tout : des valeurs. Et la première et la plus grande des valeurs qu’un chef peut léguer à son peuple c’est l’amour de la patrie. Et c’est cet amour pour la nation, encore appelé patriotisme, qui a rendu immortel les grandes figures de l’histoire de l’Afrique et du Congo au point d’inscrire leur noms dans le panthéon du Cœur de leur peuple. »

Au Congo-Kinshasa, l’église catholique a conduit les négociations entre le pouvoir du président Joseph Kabila et l’opposition qui ont abouti à l’accord de la Saint-Sylvestre. En effet, le pouvoir et l’opposition avaient signé un compromis pour la gestion du pays.

Le Comité Laïc de Coordination (CLC) a organisé une marche de protestation à travers tout le pays que le clergé avait autorisée auparavant, avant que le cardinal Laurent Mossengwo Passinya, archevêque de Kinshasa (église catholique), et le révérend pasteur David Ekofo (église évangélique), montent au créneau pour fustiger la dictature du président Joseph Kabila.

D’ailleurs, pour la deuxième marche que le Clc veut organiser ce dimanche 21 janvier 2018, il n’est pas surprenant que des évêques catholiques et des pasteurs ainsi que des chrétiens évangéliques y participent, eux aussi.

Cependant, les vives et très encourageantes réactions que la déclaration du cardinal Laurent Mossengwo Passinya a provoquées dans les institutions internationales à savoir l’Onu et l’Union européenne, et dans beaucoup de capitales occidentales ainsi qu’au Vatican, fait penser à une exhumation et une autorisation de la théologie de la libération.

Alors que les conservateurs du Vatican l’avaient qualifiée de « perversion de la chrétienté » et de «  la théologie des rues ». Elle était accusée d’avoir un élan marxiste et révolutionnaire pouvant ainsi conduire des peuples à la « dérive idéologique  ». Alors comment le Vatican explique-t-il aujourd’hui ce revirement ?

« Il n’y a que les morts qui ne changent pas d’avis » disait Mgr Ernest Kombo, président de la conférence nationale souveraine du Congo.
Néanmoins, la nonciature apostolique de Kinshasa c’est- à -dire l’ambassade du Vatican à Kinshasa qui est représentée par Mgr Luis Mariano Montemayor, et qui s’exprimait sur la marche réprimée des chrétiens laïcs catholiques du 31 décembre 2017, a été très claire : « Le code de droit canonique (la loi fondamentale de l’église catholique) garantit à chaque baptisé catholique de se constituer en association et de promouvoir des initiatives qui soient en harmonie avec la mission de l’église ». Et d’ajouter : « Contrairement à ce qu’il en est dans d’autres organisations et sociétés, aucune autorisation préalable n’est demandée pour l’exercice de ces droits. Mais il est de la compétence de l’autorité ecclésiastique du lieu de résidence des fidèles d’être attentif à ce que l’activité des fidèles et de leurs associations reste conforme à la foi et à la doctrine de l’église ». L’ambassade vaticane souligne, par ailleurs, que « La promotion de la justice et la défense des droits civils et politiques des citoyens fait intégralement partie de la doctrine sociale de l’église ».

Alors à la question : « quelle théologie pour l’Afrique ? » peut s’adjoindre celle-ci : « A quoi sert la théologie en Afrique si ce n’est pour une insurrection d’amour ? »