Congo : plus de 26 000 retraités réclament 21 mois d’arriérés de pensions

Ils ont adressé une lettre ouverte au Premier ministre congolais Clément Mouamba, dans laquelle ils formulent une série de revendications.

L’Union pour la défense des intérêts des retraités immatriculés à la Caisse de retraite des fonctionnaires vient d’adresser une lettre ouverte au Premier ministre congolais Clément Mouamba. Ce courrier contient une série de revendications de plus de 26 000 retraités, qui exigent notamment le paiement de 21 mois d’arriérés de pension cumulés depuis 2016.

Dans une lettre ouverte à Clément Mouamba, les retraités rappellent au chef du gouvernement que « la pension n’est pas une aumône, ni une bourse, ni un salaire » et lui demandent de diligenter le règlement des arriérés de pension qui s’élèvent à 21 mois.

« Nous rappelons au Premier ministre que nous sommes des retraités, des gens qui ont rendu d’énormes services à l’État et nous ne pouvons pas être traités comme des bêtes. Et même les bêtes dans une ferme sont nourries », a déclaré Eugène Bakoula, président du syndicat de défense des intérêts des retraités.

Faute de pension, la vie des retraités a pris un tour tragique. « Nous souffrons et nous mourrons de faim et d’autres maladies. Nous ne pouvons pas acheter des produits dans certains cas », affirme Eugène Bakoula. « Ils sont venus me couper l’eau, et les agents de la société de distribution d’eau ont emporté le compteur. J’ai pu avoir un peu d’eau parce qu’il a plu, témoigne, écœuré, un autre retraité. Regardez comment on nous traite pour des sottises. »

Pour l’heure, les arriérés de pension concernent 26 600 personnes, tandis que 8 100 nouveaux retraités attendent leur prise en charge, selon leur syndicat.

 

Congo : lettre ouverte à Monsieur le Ministre d’Etat, Alphonse Claude Silou

Congo : lettre ouverte à Monsieur le Ministre d’Etat, Alphonse Claude Silou

Depuis quelques jours, une campagne de dénigrement menée sur le net, cible des personnalités politiques congolaises, vouées aux gémonies. En réponse à cette campagne insidieuse menée dans l’ombre par d’autres acteurs politiques, dans une espèce de combat d’arrière-garde, Jean Jacques René Itoua signe la lettre ouverte ci-dessous, que nous publions en intégralité.

‘’À qui faites-vous de l’ombre ?

Monsieur le Ministre d’Etat,

Nous vous demandons de vous réveiller. Beaucoup de choses se passent en ce moment sans que vous n’en preniez la mesure de leur importance. Sachez que plus on s’acheminera vers 2021, plus les coups-bas vont pleuvoir dans votre monde politique. Les auteurs de ces coups ne sont pas loin de vous, ils sont dans votre propre majorité présidentielle. Ils ont pris l’habitude de vous critiquer dans les réseaux sociaux. Ils travaillent avec certains sites dont ils manipulent les responsables. Ils se sont fixés comme objectif prioritaire de vous abattre politiquement. Dans leur laboratoire, ils ne conçoivent aucun texte sans qu’ils n’y insèrent votre nom, gênés qu’ils sont par votre réputation, votre parcours et surtout votre passé d’architecte et d’homme d’affaires dynamique qui prouve bien l’origine de votre richesse, bien avant que vous n’entriez au gouvernement. Ce qui n’est pas le cas pour bon nombre d’hommes politiques fortunés de notre pays.

Monsieur le Ministre d’Etat,

Le dernier texte qui a été mis sur Internet a pour cible le ministre de l’Aménagement, de l’équipement du territoire et des grands travaux. Le titre de ce texte : « La descente aux enfers de Jean-Jacques Bouya ». Comme s’il était dans le secret des dieux, l’auteur dit qu’enfin « Denis Sassou N’Guesso aurait lâché l’un de ceux que les Congolais considèrent comme l’un des leaders de la corruption du Congo ». Plus loin, il affirme : « Quand le navire risque de couler car il est en surcharge, on jette à la mer les plus gros et les plus jeunes marins pour l’alléger ». Et il ajoute : « Le mousse à sacrifier en priorité s’appelle Jean Jacques Bouya… »

Plus loin, l’auteur s’interroge : « Mais qui sera après Bouya, le prochain mousse à passer par-dessus le bastingage ? » Et de répondre à sa propre question en citant pêle-mêle : « Lucien Ebata, Serge Bouya, Ruffin Bouya, Dame Ngakala, Maxime Gandzon… »

Puis, il en arrive à son but recherché, lorsqu’il vous mêle à ceux sur qui pèsent de lourdes suspicions de détournement de deniers et autres biens publics, en ajoutant à cette liste: « Claude Alphonse Silou, Gilbert Ondongo, Jean Richard Bruno Itoua, Marie Denis Gokana, Jérôme Koko… ». Comme vous l’avez remarqué, les noms de certaines personnalités qui ont eu à gérer des cargaisons de pétrole sont volontairement exclus. Cela ne vous dit-il pas quelque-chose ? Comment peut-on vous mettre dans le même lot que ceux qui ont vendu le pétrole, qui se sont enrichis au détriment de la République, et qui narguent chaque jour les Congolais par leur comportement ostentatoire ?

Monsieur le Ministre d’Etat,

Tout ceci permet de comprendre pourquoi, il y a quelques semaines, certaines victimes de la tragédie du 4 mars 2012 ont fait irruption dans les locaux de votre cabinet ministériel (pendant que vous étiez en mission) pour vouloir tout saccager, au motif que vous bloquiez leur paiement, alors que celui-ci devait être assuré par le Ministre des Finances.

Vous avez bien fait de démissionner de cette charge de président de la Commission chargée de la gestion des victimes du 4 mars 2012, parce que c’était là un piège qui vous était tendu. D’ailleurs, certains éléments qui composaient ce groupe de victimes ont avoué qu’ils avaient été manipulés. Ne vous ont-ils pas confié, lorsque vous les aviez reçus, que ceux qui les avaient poussés contre vous, reconnaissaient eux-mêmes, qu’en cas d’élection libre et transparente, vous pouviez les battre d’un seul coup, dans leur propre fief ? Vous êtes sans doute surpris qu’on soit au courant de ces propos. Mais sachez que vous étiez nombreux dans la salle lorsque vous aviez reçu cette délégation.

Comprenez également pourquoi votre résidence de Saint Cloud, acquise bien avant votre entrée au gouvernement, a été présentée par « Les indignés 242 », il y a quelques mois, comme faisant partie des « Biens mal acquis ». Les pauvres, s’ils pouvaient savoir que certains d’entre eux sont payés par vos ennemis, et qu’à cette allure ils risqueront d’aller agresser même leurs propres parents innocents !

Mais rassurez-vous Monsieur le Ministre d’Etat : les Congolais ne sont pas dupes. Ils ne se laisseront pas avoir à ce jeu qui consiste à vous mettre dans le même sac que ceux qui ont géré l’argent du pétrole directement ou indirectement, même si vos détracteurs cherchent à vous discréditer par tous les moyens aux yeux de vos compatriotes qui ont de vous une bonne image. D’abord, à la tête du Ministère de la Construction et de l’habitat, votre programme de logements, à travers le pays, a été une réussite. Ensuite, aujourd’hui, à la tête du Ministère du Commerce, les Congolais retiennent vos multiples efforts pour assainir ce secteur et contribuer ainsi à leur bien-être.

Monsieur le Ministre d’Etat,

Tout le monde sait que vous êtes un des fidèles du Président de la République, et que vous le soutiendrez jusqu’au bout. Mais sachez que vos détracteurs, qui se sont déjà mis dans la perspective de lui trouver un successeur en 2021, vous considèrent comme un adversaire, un obstacle. Ils s’attaquent à vous parce que, ne l’oubliez pas, vous êtes avant tout un fils du Pool, ouvert sur les autres, pacifiste et ayant le sens de l’intérêt national. Ces qualités constituent une menace pour eux. Comme dans les autres départements, dans le Pool, ils se sont créés des opposants qui seront leurs candidats idéaux.

En fait, des adversaires factices. Dans le Pool, ils en ont trois. Le premier, Fréderic Bintsamou, qui a été utilisé pour détruire ce département et dont le parti vient d’être réhabilité pour qu’il soit candidat à l’élection présidentielle. Le deuxième, Nick Filla, qui a des liens de sang avec vos détracteurs et qui, en réalité, n’a aucune ambition, sinon celle qui se résume à ses intérêts personnels. Le troisième, Guy Brice Parfait Kolélas, connu pour son messianisme et son radicalisme,et qui est toujours rejeté par les citoyens d’autres départements. Ne lui reproche-t-on pas son extrémisme et son sectarisme, qui font peur ?

Monsieur le Ministre d’Etat,

Nous avons voulu attirer votre attention, à travers cette lettre ouverte, pour que vous sachiez à quoi vous en tenir dorénavant. Même si, vous-même, vous ne pensez pas être candidat, par loyauté vis-à-vis du Président-sortant, vos détracteurs pensent que vous le serez malgré tout. Donc, ils sont décidés à vous abattre avant, pour que vous ne faussiez pas le jeu qu’ils ont mis en place avec leurs trois candidats du Pool. Parce qu’ils ne peuvent pas vous manipuler, nous vous invitons à être très prudent. Ils n’hésiteront pas à vous atteindre physiquement.

Le Congo de demain a besoin des hommes comme vous : des politiques qui considèrent leur engagement comme un sacerdoce et qui ne peuvent pas être manipulés, ni instrumentalisés. Alors, prenez garde. Mais soyez rassuré : au nom de l’unité nationale et pour la reconstruction de notre pays, nous serons toujours derrière vous.

Jean Jacques René Itoua

Assisté par d’autres observateurs de la vie politique congolaise’’

 

 

Alain Mabanckou, écrivain franco-(a)phone

L’écrivain a refusé la mission sur la francophonie proposée par le président Macron.

Il y a deux ans, l’écrivain Alain Mabanckou prenait la plume pour dénoncer le silence des autorités françaises sur les manipulations électorales au Congo-Brazzaville. Les opposants congolais reprochaient alors à François Hollande d’avoir laissé Denis Sassou N’Guesso modifier sa constitution pour s’imposer un énième mandat.

En mars 2016, les élections congolaises se déroulent dans un black-out général et donnent lieu à des violences et les arrestations, dont celle du général Jean-Marie Michel Mokoko. Mabanckou qui alors anime des conférences très remarquées au Collège de France cherche à tout prix à être reçu par le président Hollande pour lui dire le fond de sa pensée. Il y parvient, mais la rencontre ne donne lieu à aucun commentaire de l’intéressé. Curieux.

L’automne dernier, nous vient l’idée de proposer à Alain Mabanckou un face-à-face avec le journaliste congolais Guy-Milex Mbonzi. L’idée consiste à confronter un journaliste de terrain avec un écrivain à succès, expatrié sous le soleil californien, mais préoccupé par la situation politique de son pays. Il accepte mais, voyant les questions disparaît de la circulation. 

Le journaliste Guy-Milex Mbonzi interrogeait l’écrivain sur les démarches effectuées auprès d’ONG des droits de l’homme ou d’institutions internationales « pour que cessent définitivement les violences dans le département du Pool ». Il le questionnait sur les actions entreprises pour « l’orientation des jeunes talents qui veulent se lancer dans le même domaine que vous au Congo-Brazzaville et en Afrique ». Il rappelait aussi à Mabanckou son rôle de co-organisateur du festival « étonnants voyageurs » avec le gouvernement congolais. « Etait-ce une façon pour vous d’accorder du crédit au régime en place ? », demande Guy-Milex Mbonzi espérant sans doute un Mea Culpa.

Alain Mabanckou n’a répondu à aucune des questions. Nous ne saurons donc pas ce qu’il a entrepris –ou pas- pour aider le peuple congolais, dont il se présente comme le défenseur. On sait en revanche  ce que l’écrivain compte faire pour la francophonie: rien. Dans une lettre ouverte au président Macron publiée le 15 janvier, Alain Mabanckou officialise son refus de participer à la mission proposée par le président français sur la francophonie. Dans ce qui ressemble plutôt à un joli coup de pub, l’écrivain déclare que « la Francophonie est malheureusement encore perçue comme la continuation de la politique étrangère de la France dans ses anciennes colonies ». Voilà une bien mauvaise nouvelle pour l’auteur de « Verre cassée », auréolé en 2005 du Prix des Cinq continents… de la Francophonie. Il faut dire qu’à l’époque, Alain Mabanckou entretenait de bonnes relations avec Brazzaville. L’Organisation pour la Francophonie n’en avait pas encore.

En 2013, sous l’impulsion du précédent Secrétaire général Abdou Diouf que l’Organisation pour la Francophonie mandate une équipe d’experts pour initier une série de consultations au Congo-Brazzaville. L’objectif consiste à évaluer la situation politique avec l’optique In Fine d’accompagner les élections. Parmi les recommandations formulées alors par l’OIF, figurent la réforme de la commission électorale jugée trop « partiale » par les opposants, la constitution d’un nouveau fichier électoral et l’amélioration de la couverture médiatique des élections qui au Congo-Brazzaville. Un comité de suivi est mis en place pour accompagner les petites réformes que le pouvoir se résout à entreprendre (l’abaissement de l’âge des candidats et la féminisation de la vie politique). Pas grand-chose, mais ni les Nations-Unies et encore moins l’Union africaine ne parviennent à obtenir des concessions du maitre de Brazzaville.  « Notre état d’esprit est d’encourager ce qu’on peut encourager », confie un membre de l’Organisation. Un travail d’accompagnement de réformes est mis sur pied, mais le processus électoral ne donne lieu à aucun suivi. L’élection de mars 2016 ne fait l’objet d’aucune validation par la Francophonie. «Nous menons  une diplomatie discrète qui apporte ses petits résultats », reconnait notre source à l’OIF, qui cite les efforts pour le cessez-le-feu signé récemment entre le pasteur Ntumi et le régime de Sassou-Nguesso.

L’institution mènerait-elle en parallèle, comme le sous-entend Mabanckou, un agenda caché pour servir les intérêts de la France au Congo, ou ailleurs en Afrique ? L’écrivain n’apporte aucun élément de preuve. Pourtant, en matière de politique  étrangère de la France en Afrique, Mabanckou sait de quoi il parle. L’écrivain a eu le droit à un tête-à-tête avec le président Hollande à l’Elysée sur le sujet. Il n’en est malheureusement rien ressorti. Si prompt à rejoindre le chœur des pourfendeurs de la « françafrique », l’écrivain aurait-il lui aussi ses petits secrets? En attendant le prochain coup de pub, le journaliste Guy-Milex Mbonzi attend toujours les réponses à ses questions.