Faisant le bilan à la presse gabonaise des travaux de la 5ème Session ordinaire du Conseil des ministres du Conseil de paix et de sécurité (Copax) de la CEEAC, le ministre congolais des Affaires étrangères, de la Coopération et des Congolais de l’étranger, Jean-Claude Gakosso a déclaré à Libreville au Gabon, qu’« on ne peut pas faire du développement, ni forger une puissance économique dans l’instabilité et dans l’insécurité ».
Que retenir de cette 5e Session ordinaire du Conseil des ministres du Copax ?
Jean-Claude Gakosso : Je voudrais d’abord saluer le leadership de la République gabonaise, son engagement dans CEEAC, parce que nous avons pu voir le président Ali Bongo Ondimba sillonner les pays de la sous régions pour parler à ses frères, à ses homologues d’Afrique centrale de la nécessité de revitaliser notre communauté. Au cours des deux jours qui viennent de s’écouler, nous avons travaillé d’arrache-pied sur des questions de défense et de sécurité dans notre sous-région. Nous sommes probablement l’une des régions les plus riches du monde en potentiel humain, en potentiel naturel. Malheureusement, nous sommes aussi l’une des régions les plus instables avec des situations conflictuelles en RCA (République centrafricaine), en RDC (République démocratique du Congo), au Burundi et dans quelques autres pays. Il y a donc nécessité de ramener la paix et la stabilité dans notre sous-région si nous voulons aller au développement. On ne peut pas faire du développement, ni forger une puissance économique dans l’instabilité, dans l’insécurité. Le fer de lance de la sécurité, de la stabilité c’est la CEEAC, c’est le Copax (Conseil de paix et de sécurité en Afrique centrale). Nous sommes venus ici pour travailler à sa revitalisation parce que tout le monde a fait le constat d’une certaine hibernation, d’une certaine léthargie, mais aussi d’un déficit de moyens financiers.
Les ministres des Affaires étrangères ont travaillé sur toutes ces questions et ils ont pris de bonnes résolutions. Parmi ces résolutions, il y a la nécessité de se réapproprier la sécurité en Afrique centrale. Il faut que nous-mêmes, Africains, nous assumions notre propre sécurité. Les autres peuvent venir en appoint, mais c’est d’abord notre affaire, à nous, les Centrafricains. Nous sommes des Centrafricains, c’est-à-dire des Africains d’Afrique centrale. Cela a été dit à haute et intelligible voix ici au cours de notre conseil. La deuxième idée c’est la nécessaire solidarité des Etats membres. Nous avons des pays qui sont victimes des exactions violentes de groupes terroristes tels que Boko Haram au Tchad, au Cameroun. Nous devons nous montrer plus solidaires, peut-être même en y envoyant des éléments de sécurité pour aider l’action des Etats contre ces groupes terroristes. Nous devons être solidaires en nous partageant aussi le renseignement. C’est comme ça que le monde fonctionne aujourd’hui. Il ne faut pas garder pour soi des informations sécuritaires. Il faut les partager avec ses voisins pour être plus efficaces dans la lutte contre les forces négatives, les groupes terroristes qui donnent de notre sous-région une image négative.
Les Etats sont-ils désormais prêts pour ce partage ?
Il faut donner du temps au temps, faire comprendre à tous et à chacun que nous faisons cause commune. Vous connaissez l’adage, quand la maison du voisin brûle, il ne faut pas se frotter les mains, non ! Les étincelles peuvent tomber sur votre propre maison et l’enflammer. Comme il y a de l’instabilité autour de nous, nous devrons tous travailler la main dans la main pour conjurer ces fléaux, notamment à travers le partage de renseignements. Et ça commence à fonctionner.
Lors de ces travaux, on a constaté que les causes de toutes ces crises et de tous ces conflits ne sont pas abordées ?
Le plus important c’est la volonté d’aller de l’avant. Nous l’avons exprimé. Quant aux causes profondes des phénomènes que vous évoqués, ils n’ont pas fait l’objet du Conseil qui vient de s’achever. Mais nous savons que parmi les causes, il y a la volonté d’imposer une religion à tout le monde, la misère sociale d’une partie de la jeunesse. Il y a plusieurs facteurs. Je crois que cela mérite une analyse, une réflexion à part. En tout cas, le plus important c’est qu’ici, les gouvernements, à travers leurs ministres des Affaires étrangères, ont exprimé la volonté de faire de la CEEAC le fer de lance de l’intégration sous régionale en Afrique centrale.
Quelle est la situation en République démocratique du Congo ? Peut-on espérer une sortie de crise en vue d’une organisation paisible des élections ?
Nous y travaillons. Les pays de l’Afrique centrale travaillent patiemment tout en respectant la souveraineté de la République démocratique du Congo. C’est un principe intangible: la souveraineté des Etats. Je pense que la RDC chemine, à son rythme, vers des élections générales et nous travaillons à l’encourager, à l’accompagner sans injonctions comme certains le font. Ce sont des situations très complexes. Il faut accompagner, il faut aider à l’accomplissement de ce processus.
Croyez-vous en la CEEAC lorsqu’on sait que certains pays membres ne respectent pas leurs engagements financiers ?
Ce qui est sûr c’est que l’argent est le nerf de la guerre. Notre sous régions traverse des moments difficiles. Nous sommes essentiellement des pays producteurs de pétrole. Comme vous le savez, depuis que le marché pétrolier est dans la turbulence, nos Etats se retrouvent fragilisés sur le plan des finances publiques. Et ceci explique cela.