Congo : Brazzaville met fin à l’exportation du bois en grume

Cette décision prise par le gouvernement congolais pour la première fois en 2000 est finalement appliquée depuis le 1er janvier 2023.

 

Les sociétés forestières doivent désormais transformer toute leur production sur place pour créer plus d’emplois. La mesure n’est pas sans conséquence. Des ONG se demandent si elle a bien été préparée.

Assise dans un long canapé de son spacieux bureau, Rosalie Matondo, ministre de l’Économie forestière, exprime sa satisfaction à la suite de l’entrée en vigueur de la résolution portant sur l’interdiction de l’exportation du bois en grume. « Tous les partenaires (exploitants forestiers) que nous avons ont, au minimum 15 ou 20 ans d’exercice, d’autres même 40 ans. Nous voulons aujourd’hui qu’ils comprennent l’orientation que donne la politique congolaise pour que le bois soit transformé sur le territoire national, explique la ministre. Qu’il y ait un transfert de technologie, plutôt que de transformer le bois à l’extérieur. Nous voulons que nos matières premières soient transformées sur le territoire national ».

Rosalie Matondo donne davantage d’explications sur la politique gouvernementale. « La réforme que nous prenons à deux sens : le premier est interdire l’exportation de grumes pour créer des unités de transformation dans notre pays. Le deuxième sens est une nouveauté que nous avons créée et qui n’existe pas dans le monde, le partage de production, souligne la ministre de l’Économie. C’est-à-dire entre l’État (propriétaire des forêts) et le concessionnaire qui gère la concession forestière, on fait un partage de grumes. Ce partage de grumes intègre un marché ou une centrale d’achat installé dans la zone économique spéciale. »

Le pourcentage de ce partage reste à définir. S’inspirant du Gabon voisin, le Congo entend créer deux zones économiques spéciales dédiées à la transformation du bois, à Ouesso au nord et à Pointe-Noire sur la côte Atlantique Sud.

Transformation des grumes sur place : un défi à relever

De son côté, Brice Mackosso, de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), se demande si le Congo a réellement prévu des investissements nécessaires et dispose de la main-d’œuvre qualifiée pour tenir ce pari. « Le gouvernement du Congo devrait s’employer d’abord à mettre en place les conditions pouvant permettre la mise en route de cette politique », suggère-t-il.

Le port de Pointe-Noire est la principale porte de sortie du bois congolais. En 2022, 415 000 mètres cubes de grumes sont passés par là, selon son directeur général Séraphin Balhat qui a une analyse de la situation. « Il va de soi que nous allons perdre en volumes cette année. Non seulement la redevance marchandise de ce bois en grume, mais aussi le fait que nous avons des recettes à travers les navires qui sont assistés par nos remorqueurs, affirme le directeur de Séraphin Blhat. Tout cela va nous faire baisser notre chiffre d’affaires. Bon ! On ne peut pas faire des omelettes sans casser les œufs ».

Les grumes produites par les compagnies forestières du Nord-Congo transitaient également par le port de Douala au Cameroun.