Cedeao: vers un allègement des sanctions contre le Mali ?

Sous le feu des critiques, l’organisation sous-régionale, qui se réunit depuis ce matin dans la capitale ghanéenne, pourrait reconsidérer certaines mesures prises contre le Mali.Mis sous embargo depuis près d’un mois par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le Mali croise les doigts, espérant une possible atténuation des sanctions politiques et économiques en vue d’amener les autorités militaires à organiser rapidement une transition du pouvoir aux civils.

La fermeture des frontières avec le Mali au sein de l’espace sous-régional et la suspension des échanges commerciaux autres que les produits de première nécessité plongent plusieurs acteurs dans le désarroi. « Même pour se dire bonjour, on se met de chaque côté de la frontière. C’est pitoyable », déplore un habitant de Kidira, ville sénégalaise frontalière du Mali.

Même si certains essaient de passer par la brousse, le quotidien sénégalais L’Observateur note que la Direction de la police de l’air et des frontières a déployé un renfort d’éléments pour renforcer la sécurité. « Des gens essaient de passer par tous les moyens. Ils essaient de nous prendre par les sentiments lorsqu’on les arrête, mais nous ne faisons qu’appliquer des décisions qui vont au-delà du Sénégal », chuchote un officier dans le journal.

Aujourd’hui, ce sont 1348 camions qui sont en souffrance à la frontière sénégalo-malienne. « C’est plus de 3000 personnes quelque part dans la brousse dans des conditions de précarité. Ils vivent dans un dénuement total. Ils sont dans la rue », d’après les responsables des Groupements économiques du Sénégal, cités par des médias de ce pays.

Poids des sanctions

Ils alertent sur les conséquences humanitaires de ces sanctions contre les transporteurs bloqués avec leurs chargements à la frontière à Kidira, située à plus de 700 kilomètres à l’est de Dakar. « Les chauffeurs commencent à vendre le gasoil pour pouvoir vivre. J’appelle à l’intelligence de nos autorités. Cette décision politique va porter l’estocade à notre secteur après les conséquences de la Covid-19 », interpelle Momar Sourang, coordonnateur du collectif des acteurs de la Coordination des Professionnels des Transports Routiers du Sénégal (CPTRS).

A Accra donc, ce jeudi 3 février, les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao devraient prendre en compte cette donne même si la priorité sera portée sur le dossier du Burkina Faso, dirigé depuis quelques jours par des putschistes.

Dans une étude publiée le 25 janvier dernier, sous le thème intitulé : « Effets des sanctions de la CEDEAO sur le commerce extérieur du Mali », des chercheurs du Centre universitaire de recherches économiques et sociales (CURES) soulignent que le Burkina Faso, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Bénin « pâtiront des mesures économiques et financières adoptées contre le Mali ».

« En cas de rupture commerciale totale, le Sénégal réaliserait une perte de plus de 1,3 milliards de FCFA par jour, suivi de la Côte d’Ivoire avec plus de 612 millions de FCFA puis vient, en troisième position, le Bénin avec un peu plus de 151 millions de FCFA par jour », indique l’Agence malienne de presse (AMAP), citant ces chercheurs.

La semaine dernière, la Cédéao a, dans une longue note technique sur le Mali, tenté de justifier ses sanctions très critiquées par l’opinion malienne et dans certains pays du continent. « La Cédéao demande seulement aux autorités de la transition militaire de permettre aux Maliens de choisir eux-mêmes leurs dirigeants ».

Image de la Cédéao

La Cédéao veut briser l’image de « club de chefs d’État » qu’on lui colle et prouver que c’est bien le respect de la volonté du peuple qu’elle essaie de défendre, en prônant l’organisation d’« élections démocratiques ».

Les autorités militaires maliennes ont proposé un chronogramme de cinq ans révisable avant un retour aux civils au pouvoir, faisant comprendre que les conditions sécuritaires dans ce pays miné par le djihadisme ne le permettent pas pour le moment. Cela a fait sortir l’organisation sous-régionale de ses gonds. Après la convocation d’un sommet extraordinaire, elle a entériné des décisions élargies à la coupure des aides financières et le gel des avoirs du Mali à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).

Depuis lors, la société civile malienne s’est montrée solidaire, avec notamment les syndicats d’enseignants qui ont décidé de lever leur mot d’ordre de grève. Des manifestations monstres ont été organisées dans le pays à l’appel du président de la transition, le colonel Assimi Goïta, pour dénoncer les sanctions « impopulaires » de la Cédéao.

L’Union africaine préoccupée par les coups d’Etat

Le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat a exprimé son inquiétude face aux menaces croissantes pour la sécurité du continent liées aux changements anticonstitutionnels.S’adressant au Conseil exécutif à l’ouverture de la 40ème Session ordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine (UA), le Président de la Commission Moussa Faki Mahamat, a déclaré que le continent a été touché par une série de conflits qui ont déstabilisé un grand nombre de personnes. « La paix et la sécurité ont été sérieusement menacées dans de nombreuses régions du continent avec l’augmentation des coups d’Etat militaires, des conflits intra-étatiques et l’expansion des groupes meurtriers dans de nombreux Etats africains », a déclaré M. Mahamat.

Le président a imputé les problèmes d’insécurité croissante à la gouvernance politique, économique et sociale déficiente sur le continent. Il a reconnu que la résurgence des changements anticonstitutionnels de gouvernement affectent dangereusement le continent qui doit faire face à la pandémie de la Covid-19 et et au changement climatique.

Selon M. Mahamat, les déplacements et les migrations restent les problèmes majeurs du continent, alors que les crises économiques frappent l’Afrique de plein fouet. S’exprimant à cette occasion, Vera Songwe, Sous-secrétaire des Nations unies et Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) a souligné un certain nombre de risques auxquels l’Afrique est confrontée.

« L’Afrique, comme le reste du monde, doit renforcer sa résilience face à un certain nombre de menaces, notamment le changement climatique, les risques de cyber-sécurité, les pandémies et les maladies infectieuses, la faible gouvernance et les conflits », a-t-elle déclaré.

Selon Mme Songwe, ces risques s’inscrivent dans le sillage de la dépression, des niveaux élevés de chômage et d’un espace civique de plus en plus fermé. Par ailleurs, Vera Songwe a indiqué que l’Afrique avait mis en commun ses risques et, s’appuyant sur 20 ans de solidarité, elle a créé la Plateforme africaine de fournitures médicales pour accéder aux équipements de protection.

Cedeao : le Burkina, sujet brûlant du sommet extraordinaire à Accra

Le coup d’Etat perpétré le 24 janvier 2022 par des militaires au Burkina Faso, sera au menu du sommet extraordinaire de la Cedeao qui s’ouvre ce jeudi à Accra.Pas de répit pour la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Alors qu’elle est pleinement engagée dans le dossier malien, la crise politique au Burkina Faso oblige les chefs d’Etat de l’organisation à se réunir en urgence pour prendre des mesures à l’égard de Ouagadougou.

C’est le prétexte du sommet extraordinaire qui s’ouvre ce jeudi à Accra dans la capitale ghanéenne sans le Mali, la Guinée et désormais le Burkina Faso suspendu à son tour des instances de l’organisation sous-régions après le putsch du 24 janvier dernier contre le président démocratiquement élu Roch Marc Christian Kabore. 

Le dossier burkinabé sera d’ailleurs la priorité des chefs d’Etat et de gouvernements lors de ce sommet extraordinaire. Plusieurs dirigeants dont Alassane Ouattara ont annoncé leur présence.

La Cedeao va faire le point sur la mission envoyée à Ouagadougou  après le putsch avant de prendre les premières mesures. Tout devrait se jouer selon plusieurs sources diplomatiques sur « la durée de la transition au Burkina Faso ». Paul-Henri Sandaogo Damiba qui a pris le pouvoir après le coup d’Etat, a montré sa volonté de travailler avec la Cedeao. Mais l’organisation sous-regionale veut avant tout des gages et cherchera à obtenir une transition courte au Burkina Faso, ce qu’elle n’a pu obtenir au Mali. 

Le Mali et la Guinée, deux autres pays frappés par des coups d’Etat ces derniers mois, seront aussi au menu des discussions. La Cedeao avait déjà prononcé des sanctions contre ces deux pays à des degrés divers. 

Guinée Bissau : 40 ans d’instabilité

Retour sur quelques dates majeures qui ont marqué l’histoire contemporaine de la Guinée Bissau, théâtre lundi 1er février d’une sanglante tentative de coup d’Etat avorté.La trajectoire mouvementée de cette ancienne colonie portugaise qui a obtenu son indépendance en 1974 après une sanglante guerre de libération nationale et le régime politique parlementaire ont souvent favorisé ces putschs réussis ou avortés. Depuis son élection à la tête de la Guinée Bissau en décembre 2019, Umaro Sissoco Embalo avait des difficultés à avoir une mainmise sur l’appareil sécuritaire du pays.

A ce jour, l’ancienne colonie portugaise d’Afrique de l’Ouest a connu quatre coups d’Etat réussis et une dizaine de putschs avortés.

1963-1974 : Le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC) déclenche une guerre d’indépendance de ces deux colonies portugaises d’Afrique de l’Ouest.

1973 : Assassinat d’Amilcar Cabral, leader historique du PIAGC dans son quartier général à Conakry par des membres de la branche militaire du parti, en relation avec des agents portugais.

10 septembre 1974 : La Guinée-Bissau est officiellement indépendante.

14 novembre 1980 : Le président Luis Cabral est renversé par coup d’Etat dirigé par Joao Bernardo Vieira dit « Nino ».

1984 : Adoption d’une nouvelle constitution

1984 : Nino Vieira est élu président du Conseil d’Etat par l’Assemblée.

1985 : tentative de coup d’État contre Nino, le général Batista Tagme Na Waie est accusé

1991 : Adoption du multipartisme

1994 : première élection présidentielle pluraliste : Nino Viera élu par 52,02 % des voix contre 47,98 % pour Kumba Yalá.

Juin 1998 : tentative de coup d’État menant à une courte guerre civile

Novembre 1998 : signature d’un accord de paix en vue d’un gouvernement d’union nationale de transition

7 mai 1999 : Nino Vieira est renversé par un coup d’État mené par le Général Ansumane Mané. Malam Bacaï Sanha est nommé président de transition.

Janvier 2000 : Election de Kumba Yala à la présidence de la république.

Novembre 2000 : Assassinat du Général Ansumane Mané

Novembre 2002 : Dissolution de l’Assemblée nationale par Kumba Yalá

Septembre 2003 : Coup d’État contre Kumba Yalá

Mars 2004 : Victoire du PAIGC aux élections générales

Juillet 2005 : Election présidentielle, Vieira de nouveau président

Décembre 2017 : Loi d’amnistie pour les auteurs des violences politiques entre 1980 et 2004

Novembre 2008 : Elections législatives : victoire du PAIGC au pouvoir. Carlos Gomes Junior est nommé chef du gouvernement

Août 2008 : Dissolution de l’Assemblée nationale par le président Nino Viera

Novembre 2008 : Coup d’état manqué contre Nino Viera

1er mars 2009 : Assassinat du général Batista Tagme Na Waie, dans un attentat à la bombe.

2 mars 2009 : Assassinat du président Nino Vieira par des militaires

26 juillet 2009 : Election au second tour de Malam Bacaï Sanha à la présidence.

1er avril 2010 : Tentative de coup d’État menée par le Général Antonio Indjai; arrestation éphémère du Premier ministre Carlos Gomes Júnior

9 janvier 2012 : Mort du président Malam Bacaï Sanha à Paris, en France ; Raimundo Pereira devient le président par intérim

18 mars 2012 : premier tour de la présidentielle ; le Premier ministre Carlos Gomes Junior annoncé victorieux face à l’ex-président Kumba Ialá.

12 avril 2012 : Attaque contre le domicile du Premier ministre ; l’armée procède à son arrestation, en compagnie du président par intérim Raimundo Pereira.

17 avril 2012 : l’Union Africaine suspend la Guinée Bissau de l’Union Africaine ; création d’un Conseil national de transition (CNT)

18 avril 2012 : Manuel Serifo Nhamadjo est choisi comme président de transition.

Octobre 2012 : Coup d’Etat manqué mené par le Capitaine Pansau N’Tchama ; bilan : 7 morts

Mai 2014 : Second tour présidentielle, victoire de José Mario Vaz du PAIGC, avec 61,90 % des suffrages face Nuno Gomes Nabiam soutenu par l’armée.

Juillet 2014 : Nomination de Domingos Simões Pereira au poste de Premier ministre

Août 2015: dissolution du gouvernement de Pereira par le président Vaz qui nomme Baciro Dia Premier ministre

Novembre 2016 : Umaro Sissoco Embalo devient le 5è Premier ministre en presque un an

Octobre 2016 : Signature des Accords de Conakry sous l’égide du président guinéen Alpha Condé

Juin 2017 : Départ de Bissau du premier contingent de la mission de la Cédeao en Guinée Bissau (Ecomib)

14 janvier 2018 : Démission du Premier ministre Emballo

30 janvier 2018 : le président Vaz nomme un nouveau Premier ministre, Augusto Antonio Artur da Silva,

Février 2018 : Sanction de la Cédeao contre 19 personnalités bissau-guinéenes pour non-respect aux Accords de Conakry

Avril 2018 : le président Vaz nomme Aristides Gomes au poste de Premier ministre, le 7è du genre en 4 ans.

Mars 2019 : Elections législatives, victoire du PAIGC

29 août 2019 : Le président Vaz annonce sa participation à la présidentielle du 24 novembre pour un second mandat.

29 décembre 2019 : élection du président Umaro Sissoco Embalo

1er février 2022 : coup d’Etat avorté contre le président Sissoco Embalo

Le tentative de coup d’état à Bissau a échoué

Les militaires qui ont tenté de prendre le pouvoir ce mardi à Bissau ont échoué.Umaru Sissaco Embalò est toujours président de Guinée-Bissau. La tentative de coup d’état menée par une partie de l’armée dans l’après-midi de mardi 1er février contre le chef de l’Etat élu à échoué, selon une source proche du chef de l’Etat bassau-guinéen sui a fait parvenir à Apa news une photo montrant le président Embalò installé dans son bureau entouré de collaborateurs.

En début d’après-midi, alors que le président Embalò présidait un des ministres extraordinaire,, des tirs d’armes automatiques s’etaient fait entendre autour du palais du gouvernement. Dans la capitale bissau-guinéenne, des témoins on rapporte que des mouvements importants de militaires étaient visibles autour de plusieurs sites sensibles dans la ville de Bissau.

Ces bruits de bottes ont provoqué la confusion au sein des populations qui ont vidé le centre-ville. Par mesure de précaution, les écoles ont également libéré leurs élèves en attendant de voir l’évolution de la situation.

Dans un communiqué, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest dit suivre « avec une grande préoccupation la situation en Guinée-Bissau ».

« La Cédéao condamne cette tentative de coup d’Etat et tient les militaires responsables de l’intégrité physique du président Umaro Sissaco Embaló et des membres de son gouvernement », poursuit le texte.

L’organisation sous-régionale demande aux militaires de retourner dans leurs casernes et de maintenir une posture républicaine.

La Guinée-Bissau, ancienne colonie portugaise devenue indépendante en 1973, a connu plusieurs coups d’Etat. Le dernier, qui date du 12 avril 2012, est survenu entre les deux tours d’une élection présidentielle contestée.

Des militaires avaient alors occupé la radio nationale, le siège du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (Paigc), avant d’attaquer à la roquette la résidence du Premier ministre sortant, Carlos Gomes Júnior. Le président de la République par intérim, Raimundo Pereira, avait été arrêté à sa résidence ainsi que son chef de gouvernement.

Yamoussoukro abrite un colloque scientifique sur la gouvernance du 28 au 30 juin 2022

Yamoussoukro, la capitale politique ivoirienne, abrite un colloque scientifique international sur la gouvernance, du 28 au 30 juin 2022, à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix.

L’annonce a été faite, mardi, à Abidjan par le secrétaire général du Fonds pour la science, la technologie et l’innovation (FONSTI), Dr Yaya Sangaré, lors d’un point de presse au siège de la structure. 

Il s’agit d’un colloque international interdisciplinaire sur la gouvernance qui se veut un lieu d’échanges entre les scientifiques venus d’Afrique, d’Europe et d’Amérique, avec pour objectif de faire l’état des connaissances sur la gouvernance sous différentes thématiques, a-t-il dit. 

Les participants réfléchiront sur la gouvernance des peuples et des sociétés, la gouvernance universitaire et de la recherche, de la sécurité alimentaire, nutritionnelle et environnementale, la gouvernance des systèmes de santé, de sécurité et la gouvernance des diversités linguistique, artistique et culturelle.

Selon Dr Yaya Sangaré, face aux enjeux et aux défis de la mondialisation, l’efficacité de la gouvernance notamment dans les pays africains et dans différents secteurs d’activités, doit être questionnée.

« Les différentes crises politiques, institutionnelles et sécuritaires que nous connaissons actuellement en Afrique de l’Ouest, notamment en Guinée, au Mali et au Burkina Faso sont dans une certaine mesure (selon Paul Kagamé) le résultat d’une défaillance dans la gouvernance », a-t-il déclaré. 

De ce fait, « il est important de mobiliser nos intelligences en Afrique pour aider nos décideurs politiques et tous les acteurs de la société à remédier à ces défaillances en nous inscrivant tous dans une dynamique de bonne gouvernance politique, économique et sécuritaire », a-t-il ajouté.

Pour le Fonsti, « la gouvernance précède le développement  (car) elle est au début et à la fin de tout processus », elle est aussi importante pour la stabilité et la prospérité de l’Afrique, a-t-il poursuivi.  

Ce colloque va permettre de savoir « pourquoi en dépit des déclarations de principes notre continent a des difficultés pour s’inscrire dans une dynamique de bonne gouvernance;  les scientifiques vont nous l’expliquer et nous allons nous approprier ce concept », a-t-il relevé.

Les scientifiques vont ensuite, contextualiser certains principes qui vont permettre d’élaborer un catalogue de pratiques de bonne gouvernance dans le domaine de la santé, de l’éducation, de la sécurité, a fait savoir Dr Yaya Sangaré. 

Le colloque scientifique sur la gouvernance va mobiliser les enseignants-chercheurs, les chercheurs, les étudiants, les dirigeants de l’administration publique et du secteur privé, les responsables d’ONG, les décideurs politiques.

Burkina: Premières mesures majeures de la junte

Le lieutenant-colonel Damiba est officiellement investi des charges de président du Faso, chef de l’Etat et chef suprême des Armées.Dans une déclaration lue à la télévision nationale, le lundi 31 janvier 2022, par le lieutenant-colonel Cyprien Kaboré, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), la junte qui a pris le pouvoir au Burkina Faso le 25 janvier, a annoncé plusieurs décisions majeures. 

Selon cette déclaration qui précise que  le MPSR assure la « continuité de l’État en attendant la mise en place d’une Transition », la suspension de la Constitution est levée et celle-ci est rétablie dans ses articles qui ne contredisent par »l’Acte fondamental » mis en place par les militaires pour organiser le pouvoir en attendant l’adoption d’une «charte de la transition ». 

Le lieutenant-colonel Cyprien Kaboré a également déclaré que le président du MPSR, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba est officiellement investi des charges de président du Faso, chef de l’Etat et chef suprême des Armées.

Deux hauts responsables militaires ont aussi été démis de leurs fonctions par la junte. Le chef d’Etat-major général des Armées, le général de brigade Gilbert Ouédraogo, nommé en octobre dernier par le président récemment déchu, Christian Marc Roch Kaboré, a été relevé de ses fonctions et le patron des Renseignements, le colonel François Ouedraogo n’est plus le directeur général de l’Agence nationale des Renseignements (ANR), poste qu’il occupe depuis le 9 mars 2016.

Ouattara dénonce la gestion de certaines entreprises publiques

Le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, qui fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille, en 2022, a dénoncé mercredi des manquements dans la gestion de certaines entreprises publiques, lors d’un Conseil des ministres.

« On peut citer notamment les irrégularités liées aux passations de marchés, le coût élevé et l’inopportunité de certains emprunts, les comptes bancaires ne figurant pas dans la comptabilité des entreprises, les insuffisances au niveau du contrôle interne et les dépenses injustifiées », a dit M. Ouattara à l’entame du Conseil.  

Il a relevé également « le montant élevé de dons, commissions et honoraires et plus généralement la non maîtrise des charges dans un certain nombre d’entreprises », signalant que « le nombre d’entreprises dans cette situation est minoritaire ».

Pour ces entreprises incriminées, le chef de l’Etat ivoirien a fait observer qu’il y a eu « une gravité de dysfonctionnement » qui exige au-delà des mesures correctives déjà prises à l’encontre des premiers dirigeants sociaux concernés, la mise en place d’un cadre renforcé de suivi.

M. Ouattara a félicité le Premier ministre pour les résultats déjà obtenus, faisant observer toutefois que les actions entamées en 2021, notamment les derniers audits réalisés dans certaines entreprises publiques et du portefeuille de l’Etat ont révélé des irrégularités importantes auxquelles il convient de remédier.

Selon M. Ouattara il devrait aussi être mis en place un « cadre de contrôle de la gestion des entreprises publiques ». Dans ce contexte, un accent particulier devra être accordé d’abord au respect du cadre législatif réglementaire, notamment les règles de passation des marchés publics et de recours à l’emprunt.  

Il a ordonné un meilleur suivi, un bilan de gouvernance des entreprises publiques et à la fin de chaque exercice comptable, une communication en Conseil des ministres sur le bilan de gouvernance des entreprises publiques. 

Cela requiert une grande responsabilité des ministres de tutelle qui doivent renforcer leur contrôle à priori, a-t-il ajouté, appelant à la veille des sanctions qui résulteront des irrégularités dans la gestion des entreprises publiques.  

Le président a tenu à préciser qu' »il s’agit de quelques entreprises publiques », se félicitant du bilan obtenu dans l’ensemble par les entreprises publiques. Il a soutenu son concept d’Ivoirien nouveau, un Ivoirien honnête et travailleur. 

La bonne gouvernance et la lutte contre la corruption constituent pour l’Etat ivoirien l’une des principales priorités pour l’année 2022. A cet égard, le pays s’est doté de dispositif règlementaire législatif afin d’améliorer la gestion des affaires publiques. 

Malawi : Washington salue la lutte contre la corruption

Le gouvernement du Malawi est dissous cette semaine pour cause de corruption.Le président malawite, Lazarus Chakwera, a engagé le combat contre la corruption. Pour les Etats-Unis, il s’agit de « mesures audacieuses » visant au premier chef des ministres impliqués dans des scandales de corruption.

Selon le Chargé d’affaires de l’ambassade des Etats-Unis à Lilongwe, Jeremey Neitzke, son pays est encouragé par l’engagement de Lazarus Chakwera à débarrasser son administration de la corruption, qui « constitue une grave menace pour le Malawi à travers la dilapidation des ressources publiques et le sabotage de la démocratie et de la confiance des citoyens ».

« Nous sommes encouragés par l’engagement du président Chakwera à faire en sorte que les institutions apolitiques et que ceux qui se livrent à des actes de corruption soient traduits en justice », a poursuivi M. Neitzke qui s’exprimait ce mercredi 26 janvier 2022.

M. Chakwera a dissous l’ensemble de son gouvernement lundi dernier, à la suite d’une tempête de corruption qui a emporté trois de ses ministres depuis août 2021.

Le dernier haut fonctionnaire de l’administration qui a fini par être épinglé est le ministre des Terres, Kezzie Msukwa, qui a été récemment accusé d’avoir reçu des pots-de-vin d’un homme d’affaires influent en échange de terrains de très grande valeur.

Decryptage: « Ce scrutin local est un baromètre pour les prochaines échéances politiques au Sénégal »

Barka Ba, journaliste analyste politique sénégalais réputé, analyse pour Apa news les enjeux des élections locales et départementales qui se sont déroulées dimanche 23 janvier au Sénégal.Ces élections locales présentent-elles un enjeu important pour la majorité présidentielle?

Ces élections interviennent dans un contexte particulier pour la majorité au pouvoir au Sénégal. Après sa victoire au premier tour lors de la présidentielle de 2019, Macky Sall était sorti renforcé. Au point que sous prétexte de « fast track », il avait supprimé le poste de Premier ministre et s’était débarrassé de certaines figurent importantes de son parti. Mais les émeutes de mars 2020 ont secoué le pays et le pouvoir avec,  obligeant ce dernier à prendre des mesures d’urgence pour calmer la colère des jeunes, frange de la population qui était en pointe dans cette contestation. Les élections locales constituent donc un bon baromètre avant les législatives pour voir si le pouvoir qui contrôlait jusqu’à là la quasi totalité  des collectivités locales va garder son hégémonie ou verra celle-ci fortement contestée et entamer ainsi la toute puissance de la coalition au pouvoir dont le moteur reste l’Apr (Alliance pour le République) le parti du président Macky Sall.

Que représente ce scrutin pour l’opposition?

L’opposition se présente à ce scrutin dans un contexte particulier. Durant le premier mandat de Macky Sall, elle avait fortement pâti de l’emprisonnement de deux de ses figures importantes:  Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade qu’un tribunal avait condamné,en 2015, à six ans de prison ferme et 138 milliards de francs CFA d’amende pour enrichissement illicite et Khalifa Sall, alors député et maire de Dakar qui lui avait écopé en 2018 d’une peine de cinq ans de prison le privant de se droits civiques tout comme cela avait été le cas pour Karim Wade. Mais l’entrée en scène fracassante sur la scène politique quelques années plus tard d’Ousmane Sonko, jusqu’alors inconnu du grand public, a permis à l’opposition de retrouver des couleurs face au rouleau compresseur du pouvoir qui a pu neutraliser par cooptation un leader comme Idrissa Seck où des figures importantes du de l’ancien parti au pouvoir le PDS (Parti démocratique sénégalais). Aujourd’hui, les dynamiques d’alliances qui marquent le camp des adversaires du pouvoir semblent être dictées plus par la realpolitik que par de vraies convergences idéologiques.

Sénégal : pour le maintien de la loi sur le domaine national

Plusieurs organisations de la société civile sénégalaise ont demandé au président de la République de maintenir l’esprit de la loi sur le domaine national en cas de réforme foncière.Au Sénégal, le débat sur le foncier est relancé depuis le 18 janvier 2022. Présidant ce jour la rentrée des Cours et Tribunaux, le chef de l’Etat, Macky Sall, a affirmé que s’il avait appliqué les recommandations de la Commission nationale sur la réforme foncière (CNRF), « en moins de 12 mois, il n’existerait plus un seul mètre carré public sur les terres du domaine national » car, « les collectivités allaient délibérer et octroyer toutes les terres. Je ne peux pas assumer cette responsabilité ».

Partant de là, le Cadre de réflexion et d’action pour le foncier au Sénégal (CRAFS) qui réunit le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR), l’Initiative prospective agricole et rurale (Ipar), l’ONG Enda, l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev), entre autres, a dit être favorable à « une gouvernance foncière apaisée et profitable à tous et à toutes » et « à une réforme de la loi sur le domaine national tout en maintenant son esprit ».

Rappelant, ce vendredi à Dakar au cours d’une conférence de presse, avoir « participé activement au processus de réforme foncière portée la CNRF », le CRAFS a rejeté l’immatriculation généralisée ainsi que la privatisation des terres du domaine national favorisant la marchandisation des terres.

La structure a également exigé la reconnaissance et le respect des droits fonciers légitimes des communautés locales qui vivent de la terre, le renforcement du contrôle et de la participation citoyenne dans la gouvernance foncière avec des instances paritaires, et la mise en place de voies de recours plus efficaces et peu formalistes pour les populations qui se sentiraient lésées par une opération foncière.

« La position du CRAFS a été de dire que le domaine national, en particulier les terres à usage agricole, doivent rester un patrimoine national non cessible pour l’intérêt des communautés présentes et futures. Ces terres ne doivent faire l’objet ni d’une immatriculation, ni d’une privatisation et ni d’aucune forme de marchandisation », a réitéré Babacar Diop, président du CNCR, porte-parole du jour.

Blanchiment d’argent : l’Ouganda menacé de sanctions

L’Ouganda risque d’être placé sur la liste noire du Groupe d’action financière (GAFI).En matière de lutte contre le blanchiment d’argent, l’Ouganda doit faire des efforts. Il figure sur la liste des pays qui présentent des lacunes importantes dans ce domaine, révèle le Directeur exécutif de la Finance Intelligence Authority, Sydney Asubo.

« L’Ouganda a été placé sur la liste grise en 2020. Cela signifie que le pays a été identifié mais qu’il s’est engagé auprès du Groupe d’action financière (GAFI) à traiter les problèmes spécifiques dans un délai bien défini », a déclaré M. Asubo, hier jeudi, devant la Commission des finances.

Il a ajouté que le GAFI a écrit au ministre ougandais des Finances qui lui a répondu en s’engageant à résoudre les problèmes identifiés d’ici janvier 2022, mais que cet engagement a ensuite été repoussé à mai 2022 en raison de l’impact de Covid-19.

« Malheureusement, un certain nombre de problèmes restent en suspens. Le GAFI est donc préoccupé et a écrit que si ces problèmes ne sont pas résolus, le pays sera placé sur la liste noire », a-t-il averti.

Selon M. Asubo, les conséquences sont terribles car le fait d’être sur la liste grise signifie que le monde entier est conscient du fait que le pays a des difficultés à lutter contre le blanchiment d’argent.

« Certaines personnes ont déjà commencé à en ressentir l’impact, en particulier les transactions internationales qui devaient prendre un jour ou deux, prennent maintenant une semaine ou deux. Ce processus d’examen va au-delà de l’examen normal », a précisé le Directeur exécutif de la Finance Intelligence Authority, Sydney Asubo, soulignant que l’Ouganda a été jugé largement en conformité avec cinq des 40 recommandations du GAFI.

Il a indiqué qu’au cours de l’exercice 2020/2021, l’Autorité a reçu et analysé 2.419 Déclarations de transactions suspectes (DTS).

« Sur les 2.419 DTS reçues et analysées, 76 rapports de renseignement ont été générés et diffusés à divers organismes d’application de la loi pour des enquêtes supplémentaires », a expliqué Asubo.

Il a exhorté les législateurs ougandais à allouer 12,2 milliards de shillings pour répondre aux priorités non financées, qui comprennent le personnel, les technologies de l’information et de la communication et la sensibilisation du public, entre autres, pour permettre à l’Autorité de mener à bien son mandat.

Malawi : l’ancien président de la Cour suprême nommé au tribunal du Fmi

L’ancien président de la Cour suprême du Malawi, Andrew Nyirenda, a été nommé membre du Tribunal administratif du Fonds monétaire international (Fmi), une instance judiciaire indépendante chargée de résoudre les conflits du travail entre le Fmi et les travailleurs.Nyirenda, dont la nomination pour un mandat de quatre ans prend effet ce mois-ci, devient l’un des cinq juges qui président les différends entre l’institution de Bretton Woods et les membres de son personnel.

Les quatre autres membres sont le président Nassib Ziade du Chili, Debrah Thomas-Felix (Trinité-et-Tobago), Edith Brown Weiss (Etats-Unis) et Maria Vicien Milburn (Argentine).

« C’est une autre occasion où un organisme international a accepté notre candidature pour la défense de l’Etat de droit », a déclaré Nyirenda qui était chargé du système judiciaire du Malawi lorsque les tribunaux ont ordonné une reprise des élections présidentielles contestées de 2019 en raison d’irrégularités présumées.

Cette nomination intervient quelques semaines après que Nyirenda a pris sa retraite en tant que premier juge du Malawi à la fin de décembre 2021, pour avoir atteint l’âge de la retraite fixé à 65 ans.

Maroc : le ministère de l’Economie et des Finances obtient la certification « Tier III Design »

Le ministère marocain de l’Economie et des Finance a obtenu, fin 2021, la certification « Tier III Design », une distinction remise par le prestigieux organisme « Uptime Institute » afin de s’assurer de la parfaite résilience de ses installations techniques.La norme Tier d’Uptime Institute est la norme mondialement reconnue pour la fiabilité et les performances globales des Datacenters avec plus de 2500 certifications de niveau délivrées dans plus de 110 pays.

« Face au développement considérable de ses systèmes d’information et au besoin de garantir leur continuité de services et d’améliorer la qualité de prestations rendues à ces différents partenaires et usagers, le ministère de l’Economie et des Finances a été l’une des premières administrations à mettre en place, en 2012, un Datacenter à la pointe de la technologie pour héberger ses propres infrastructures informatiques », indique mardi un communiqué du ministère parvenu à APA.

Dans ce cadre, ce Datacenter a été conçu selon les normes internationales les plus exigeantes avec une architecture qui permet d’assurer une haute disponibilité de l’infrastructure informatique du ministère, précise-t-on.

Pour rappel, Uptime Institute est la référence internationale en matière de certification des DataCenters. Ses standards et normes ont été utilisés dans la conception, la construction et l’exploitation de milliers de Datacenters à travers le monde.

La Cedeao adoucit son discours sur le Mali

Le fil du dialogue n’est pas totalement rompu entre la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et les autorités de la transition malienne.Selon le président de la Commission de la Cedeao, Jean-Claude Kassi Brou, l’organisation sous-régionale a déclaré, dimanche, que « l’organisation sous-régionale reste disponible pour accompagner le Mali à un retour à l’ordre constitutionnel à travers l’organisation d’élections crédibles dans un délai raisonnable et réaliste ».

Cette déclaration de la Cedeao vient ainsi répondre à l’appel au dialogue du chef de l’Etat malien Assimi Goïta au lendemain des sanctions de la Cedeao. Elle intervient aussi au moment où le gouvernement de la Transition a annoncé son intention de porter plainte contre la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga a soutenu à la télévision publique  dimanche que le gouvernement portera plainte contre les sanctions économiques imposées par la Cédéao et l’Uemoa auprès des juridictions compétentes.

« Nous avons élaboré un Plan de riposte contre ce processus pour sauvegarder la souveraineté de l’Etat malien, son intégrité territoriale. Il y a des mesures à caractère juridique qui vont être prises. Nous avons porté plainte contre ces décisions devant les institutions habilitées sous-régionales, africaines et internationales », a déclaré Choguel Kokalla Maiga.

Pour le Chef du gouvernement « la finalité des sanctions illégales et illégitimes de la Cedeao et de l’Uemoa est de déstabiliser l’Etat malien et d’achever un peuple déjà à terre. En comparant, ces sanctions aux textes fondamentaux de ces organisations, vous vous rendrez compte qu’il y a eu un abus de pouvoir ».

Lors de son sommet du 9 janvier à Accra au Ghana, la Cedeao avait pris une série de mesures drastiques contre le Mali comme la fermeture des frontières terrestres et aériennes, la suspension de toutes les transactions commerciales, à l’exception des produits de première nécessité notamment pharmaceutiques, les fournitures et équipements médicaux, ainsi que le matériel pour le contrôle de la Covid-19 et des produits pétroliers et électricité.

Pour protester contre ces sanctions de la Cedeao, une mobilisation populaire a été organisée vendredi à Bamako et dans toutes les régions administratives du Mali.

Guinée – Mali : les limites d’une alliance frontalière

Le Comité national de rassemblement pour le développement (CNRD) qui dirige la Guinée depuis le coup d’Etat du 5 septembre 2021, a signifié dans une déclaration qu’il gardait ses frontières ouvertes avec le Mali prenant ainsi le contrepied de la Cedeao.La Guinée dans le viseur de la Cedeao, ignore les sanctions prises par la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest envers le Mali. Le CNRD dirigé par Mamady Doumbia motive sa décision par le fait que son pays était déjà suspendu des instances de l’institution sous-régionale lors du sommet de la Cedeao du 8 septembre 2021.

Partant de là, la Guinée ne se sent pas concernée par ces mesures contre le Mali car selon le communiqué signé du Colonel Sadiba Koulibaly, chef d’Etat-major général des Armées guinéennes, la République de Guinée n’a pas été associée aux décisions. En conséquence, « le CNRD souligne que les frontières aériennes, terrestres et maritimes de la République de la Guinée restent ouvertes à tous les pays frères conformément à sa vision panafricaniste », martèle le communiqué.

La Guinée réitère sa volonté de « respecter et d’appliquer les conventions, accords et traités bilatéraux et multilatéraux auxquels elle est partie ». Pays côtiers, Conakry pourrait se positionner durant cette crise comme le nouvel et principal allié du Mali. La frontière entre les deux pays s’étend d’ouest en est sur 858 kilomètres. Mais cette large zone minière riche en or, fait souvent l’objet d’affrontements meurtriers entre Guinéens et Maliens. 

Conflits communautaires à la frontière

Il s’agit de la résurgence d’un vieux conflit frontalier datant des années 70 qui oppose les villages de Siradiouba (Mali) et Dalakan (Guinée Conakry). En 2017, un différend au sujet de la paternité de la zone minière de Niaouleni située entre un village guinéen et malien avait viré en affrontements faisant 22 morts dont l’adjoint au commandant de la compagnie de Kati. Le projet de la matérialisation de la frontière entre les deux pays, longtemps annoncée, pourrait être réactivé au grand bonheur de la partie malienne qui en aura besoin pour ses activités de transit en vue d’éviter l’étouffement. Mais cette supposée alliance frontalière peut-elle prospérer si les pays de la Cedeao durcissent leurs sanctions contre Conakry à l’avenir ?

Pour le Mali qui importe 70% de ses besoins alimentaires, le corridor routier Dakar – Bamako reste un axe stratégique. Si conséquences économiques risquent aussi de toucher Dakar, il est important de noter que 80% du fret malien passe par le Sénégal et le Port de Dakar ravitaille en grande partie Bamako. Dans ce cas de figure, la Mauritanie pourrait être une porte de sortie pour le Mali qui n’a pas accès à la mer. Toutefois, la République arabe comme le Sénégal devront trouver un compromis avec la Cedeao pour adopter une position qui ne la fragilisera pas dans cette crise malienne.

Les « sanctions économiques et financières » prononcées par l’organisation intergouvernementale ouest-africaine mise sur pied en 1975, bien que reposant sur un éventail de mesures très large, ne concernent toutefois pas les denrées alimentaires, les produits de premières nécessités comme les médicaments ou encore les produits pétroliers.

Malawi : traque des biens mal acquis

L’Etat malawite veut recouvrer l’argent détourné de ses ces caisses et des entreprises publiques.Le Procureur général du Malawi, Thabo Nyirenda, a donné aux entreprises et aux particuliers un ultimatum de 60 jours pour restituer les fonds reçus dans le cadre de marchés publics douteux, sous peine de poursuites judiciaires.

Dans un communiqué publié, hier dimanche, M. Nyirenda a appelé toutes les personnes et institutions qui auraient été complices de marchés douteux ayant escroqué le gouvernement à se manifester d’ici le 9 mars, sous peine de poursuites judiciaires.

« Conformément à la loi sur l’équilibre de la justice et de la restitution, le Procureur général a également annoncé une amnistie générale de 60 jours pour tous ceux qui pourraient avoir fraudé le gouvernement ou acquis des richesses de manière illicite, que ce soit par le biais de la fraude et de la corruption dans les marchés publics ou autrement, mais qui sont prêts à restituer ou à rendre volontairement lesdites richesses dans les 60 jours suivant la date du présent document », a déclaré M. Nyirenda.

Il a ajouté : « L’amnistie s’étend aux 77 dossiers du Cashgate qui sont actuellement devant les autorités de poursuite, aux banques commerciales qui ont facilité le Cashgate et aux enquêtes liées à M. Zuneth Sattar ».

Le Cashgate est le plus grand scandale financier de l’histoire du Malawi, qui s’est produit entre 2012 et 2014 pendant le mandat de l’ancienne présidente, Joyce Banda. Au cœur du scandale, se trouvait un système informatique de stockage d’informations financières qui aurait été manipulé par certains fonctionnaires pour détourner des millions des caisses de l’Etat.

On estime que jusqu’à 250 millions de dollars US pourraient avoir été perdus à cause de paiements frauduleux à des hommes d’affaires pour des services qui n’ont pas été rendus.

Zuneth Sattar, quant à lui, est un homme d’affaires local qui a été impliqué dans plusieurs marchés publics douteux, dont l’un a conduit à l’arrestation le mois dernier du ministre des Terres et du Développement urbain, Kezzie Msukwa.

Le ministre, qui est en liberté sous caution, est accusé d’avoir reçu des pots-de-vin de Sattar pour influencer l’attribution de terrains à des entreprises appartenant à l’homme d’affaires.

Riposte musclée du Mali contre la Cedeao

Le Mali a décidé à son tour de fermer ses frontières terrestres et aériennes avec les pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).En réponse aux lourdes sanctions économiques et financières de la Cedeao, le Mali a décidé d’appliquer la « réciprocité ». En plus de la fermeture des frontières, le gouvernement de transition a décidé de « rappeler ses ambassadeurs » dans les pays de l’organisation régionale, informe un communiqué du porte-parole du Gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga. 

 Selon le dirigeant malien, « ces mesures contrastent avec les efforts fournis par le Gouvernement et sa disponibilité au dialogue en vue de trouver un compromis avec la Cedeao sur le chronogramme des élections au Mali ».

 En conséquence, détaille le communiqué, « le Mali a promis de prendre toutes les mesures nécessaires en vue de riposter à ces sanctions malencontreuses dans les prochaines heures ». Dans sa réponse, le Mali dit apprendre avec « stupéfaction
les sanctions économiques et financières
prises par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) dimanche à Accra (Ghana) ».

 Le Mali regrette que des « organisations sous régionales ouest-africaines se fassent instrumentaliser par des puissances extra régionales aux desseins inavoués » indique le communiqué. En outre, le gouvernement malien « dénonce et rejette les décisions suivantes qui ne sont fondées sur aucun texte communautaire ». Selon toujours les autorités maliennes, « l’embargo décidé par les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Cedeao, applicable à un Etat souverain constitue une violation manifeste du Traité de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) et des statuts de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ».

 Partant de ce constat, « le gel des avoirs d’un État, des entreprises publiques et parapubliques ne saurait être appliqué par la Banque centrale qui reste un organe indépendant auquel chaque Etat membre a concédé son droit souverain d’émission » fulminent les autorités de la transition.

Le Mali souligne « le caractère inhumain de ces mesures qui viennent affecter les populations déjà durement éprouvées par la crise sécuritaire et la crise sanitaire, notamment celle de la Covid-19 ». Selon la junte au pouvoir, « des dispositions ont été prises pour assurer l’approvisionnement normal du pays par tous les moyens appropriés ».

Constatant ces « violations répétées des textes, principes et objectifs de ces organisations », le Mali « tirera toutes les conséquences et se réserve le droit de réexaminer sa participation à ces entités » mentionne le communiqué.

Transition au Mali : les lourdes sanctions de la Cedeao

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a prononcé ce dimanche à Accra au Ghana, de lourdes sanctions économiques et financières contre le Mali.On le craignait, le couperet est finalement tombé. L’Organisation intergouvernementale ouest-africaine a entériné les décisions prononcées par l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa) en début de matinée.

Au sortir de la rencontre des chefs d’Etat de ce dimanche 9 janvier 2022, les sanctions suivantes sont prononcées contre le Mali : gel des avoirs maliens au sein de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) et suspension des aides financières, fermeture des frontières entre le pays et les États membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), suspension des transactions avec Bamako à l’exception des produits médicaux et de première nécessité et le retrait des ambassadeurs de tous les pays membres au Mali. 

Cette main lourde de la Cedeao,  vient ainsi répondre aux conclusion des Assises nationales de la refondation. Ces consultations populaires ont donné en effet carte blanche aux autorités maliennes de prolonger la transition de six mois à cinq ans. Un chronogramme jugé « totalement inacceptable » par la Cedeao qui a « constaté avec regret l’échec des autorités de transition au Mali à organiser les élections présidentielles d’ici au 27 février 2022 contrairement à l’accord conclu avec l’Autorité de la Cedeao le 15 septembre 2021 et à l’engagement de la Charte de la transition » dans un communiqué. 

L’Organisation ouest-africaine d’ajouter que « le chronogramme remis le 31 décembre 2021 par les autorités de transition à la présidence de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao, prévoit la tenue d’élections présidentielles d’ici fin décembre 2026. Cela impliquera une période de transition de six mois et demi (6,5 ) ans. »

Les chefs d’Etat de l’Organisation régionale ont par ailleurs dénoncé le déploiement de la société militaire privée russe Wagner au Mali. « Malgré le démenti du gouvernement de transition malien, l’Autorité reste profondément préoccupée par le rapport cohérent sur le déploiement d’agents de sécurité privée au Mali avec son impact potentiellement déstabilisateur sur la région de l’Afrique de l’Ouest. L’Autorité note que cette situation est étroitement liée à la transition politique au point mort dans le pays. » a soutenu le communiqué.

Partant de ce constat et compte tenu de l’impact potentiellement « déstabilisateur sur le Mali et sur la région, créé par cette transition au Mali, l’Autorité décide d’activer immédiatement la Force en attente de la Cedeao, qui devra être prête à toute éventualité » poursuit le document.

Selon le président du Burkina Faso, Rock Marc Christian Kaboré, « les réformes économiques et sociales visant la refondation du Mali ne pourraient être conduites que par des autorités démocratiquement élues »

Ouattara institue un prix de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption

Le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, a annoncé vendredi l’institution d’un prix sur la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption, à partir de 2022, dans un message de voeux du nouvel an à la Nation.

« Nous devons bâtir une conscience nationale imprégnée des valeurs d’intégrité, d’équité, et d’un sens élevé de la responsabilité dans la conduite des affaires publiques. C’est dans ce cadre que j’ai décidé d’instaurer à partir de 2022, un prix portant sur la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption », a déclaré le président ivoirien. 

Selon M. Ouattara, « ce prix favorisera l’éclosion de cette conscience nationale qui prône le respect des deniers publics, la recherche de l’excellence, et qui place l’intérêt de la Nation au-dessus de tout ». 

Pour lui, « cela doit se traduire par un véritable changement de mentalité et de comportement » après les importants progrès réalisés dans tous les domaines de la vie socio-économique du pays depuis 2011.  

« Nous devons promouvoir davantage la culture de la bonne gouvernance et la transparence dans la gestion des affaires publiques, pour le bien- être de nos populations », a-t-il poursuivi, se félicitant des actions entamées en 2021 qui ont produit « des résultats probants ».

Malawi : un ministre arrêté pour une affaire foncière

Kezzie Msukwa, ministre des Terres et du Développement urbain, est accusé d’avoir reçu des pots-de-vin pour faciliter l’attribution d’un terrain.L’accusation est portée par le Bureau anti-corruption (ACB, sigle en anglais). Selon cet organisme, Kezzie Msukwa aurait été soudoyé par l’homme d’affaires Zuneth Sattar pour l’acquisition d’un terrain.

Le ministre malawite des Terres et du Développement urbain aurait ainsi empoché environ 4850 dollars et reçu une voiture de luxe. Toutes choses qui ont entraîné, hier jeudi, son interpellation pour « abus de pouvoir ».

Côte d’Ivoire: la mairie du Plateau se soumet à la notation financière

La mairie du Plateau, la commune administrative et des affaires de la capitale économique ivoirienne a décidé de se soumettre à la notation financière.

Cette décision a fait l’objet de la signature, mardi,  d’une convention avec l’agence de notation Bloomfield Investment, portant sur l’évaluation financière de la collectivité, rapporte une note d’information transmise à APA, mercredi.  

Ladite convention paraphée par le président directeur générale  de l’agence de notation, Stanislas Zézé et l’honorable Jacques Ehouo, député-maire du Plateau définit les modalités et conditions de la notation financière de cette commune.

La notation financière est l’une des conditions préalables pour gagner la confiance des investisseurs privés auprès de qui la mairie veut obtenir des capitaux additionnels. Elle représente selon M. Zézé, « le début de l’établissement de la qualité de crédit de la mairie du Plateau » qui en est à sa deuxième notation.

Ce processus de notation qui s’effectuera sur une période de 2 à 3 mois avec différentes étapes, consistera en la réalisation d’une analyse qualitative et quantitative de la mairie par un recueil d’informations.

Le Plateau est la première commune de l’espace de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (UEMOA) à entrer dans ce processus. La notation vise à lever des fonds sur le marché des capitaux pour financer des projets structurants tels que les silos parkings, l’éclairage public et la mobilité urbaine intra communale.

Pour l’honorable Jacques Ehouo, cette évaluation financière se justifie par le besoin de crédibiliser la collectivité qu’il dirige en interne comme à l’extérieur, afin de mobiliser les ressources nécessaires au financement et à la mise en œuvre de sa vision Ecocitoyenne dont l’ambition à terme est de faire du Plateau une smart city. La commune du Plateau avait obtenu la note BBB à l’issue de sa première notation.

Malawi : l’armée éteint la rumeur d’un putsch en préparation

Le président Lazarus Chakwera n’a rien à craindre selon le Général Vincent Nundwe, chef de la Force de défense du Malawi (MDF, sigle en anglais).Ancien chef de l’opposition malawite, Lazarus Chakwera a été élu président de la République en juin 2020 avec 58,57 % des suffrages valablement exprimés. Un an auparavant, son rival Peter Mutharika s’est vu refuser une réélection en raison de fraudes.

Dans ce pays politiquement divisé de l’Afrique australe, les médias ont récemment alimenté la rumeur selon laquelle des politiciens essayent d’utiliser l’armée pour renverser le gouvernement.

Profitant d’une cérémonie de remise de diplômes à des officiers, organisée ce week-end, le Général Vincent Nundwe s’est voulu on ne peut plus clair : « Nous avons entendu sur les réseaux sociaux que la Force de défense du Malawi prévoit de prendre le pouvoir. Je voudrais dire que quiconque fait cela est stupide ».

Expert: « Le Forum de Dakar est une belle opportunité »

Analyste politique et docteur en économie, Gilles Yabi est le fondateur et le président de WATHI, think tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest (www.wathi.org). Habitué du Forum international de Dakar pour la paix et la sécurité, il dresse le bilan de la dernière édition de cette rencontre qui s’est déroulée récemment dans la capitale sénégalaise.A son lancement, en 2014, le Forum de Dakar ambitionnait de devenir le lieu de rencontre principal sur la paix et la sécurité en Afrique? Y est-il arrivé ?

S’il n’est pas déjà arrivé à l’être, le Forum international de Dakar pour la paix et la sécurité en Afrique semble, manifestement, tout faire pour y parvenir. Depuis sa première édition en 2014, la rencontre se tient chaque année, excepté en 2020 quand l’édition avait été annulée en raison de la pandémie de Covid19. Dans un continent où ce genre d’initiative n’a pas l’habitude de résister longtemps, cette continuité est en soi très remarquable. La qualité des personnes qui chaque année y prennent part est aussi à souligner: chefs d’Etat, ministres, militaires, universitaires, chercheurs, experts, journalistes, etc. En dehors des sessions officielles, tous ces participants venant d’univers très différents, ont d’ailleurs la possibilité d’échanger dans les couloirs, les salons privés, nouer des contacts, etc.

Jusqu’ici quelques rares forums, dont celui de Tana, qui se tient depuis 2012 sur les berges du lac du même nom en Éthiopie, peuvent se prévaloir de faire un travail d’une qualité similaire. 

Depuis sa création, le Forum est co-organisé par le Sénégal et la France. Cette présence de l’ancienne puissance coloniale gêne certains africains. Est-ce votre cas? 

La gêne que provoque la présence de l’une puissance coloniale comme la France dans un événement comme celui du Forum de Dakar est compréhensible. Mais il ne faut pas oublier les origines de ce forum. L’idée a germé en marge d’une rencontre entre l’ancien président français, François Hollande, et certains chefs d’Etat africains dont celui du Sénégal. Son pays avait tous les atouts pour être le pays-hôte d’une telle rencontre: une réputation démocratique méritée, une stabilité politique et institutionnelle reconnues, une expérience d’accueil avérée des sommets et conférences de haut niveau, etc.

Faut-il boycotter un tel événement juste parce qu’il est co-organisé avec l’ancienne puissance coloniale? Le pragmatisme et le réalisme me disent que non. Le seul fait d’avoir une telle rencontre organisé de manière régulière et avec des participants de qualité en Afrique plaide, à mon avis, en faveur de l’organisation de ce genre rendez-vous sur le continent. Peu importe qu’il y ait ou pas une implication étrangère dans son organisation. Dans le contexte actuel où des menaces diverses planent sur certains pays ou régions d’Afrique, le Forum de Dakar est une belle opportunité pour les acteurs de la paix sur le continent. 

Des sujets qui préoccupent beaucoup les opinions africaines, surtout au Sahel, ne figuraient pas dans les thèmes officiels des ateliers du forum. Est-ce logique?

Deux sujets majeurs étaient, en effet, attendus par beaucoup de participants: l’extension de la violence jihadiste au-delà du Sahel, son terrain historique, vers des régions comme celle du Golfe de Guinée. Mais ces deux sujets ont été abordés à l’occasion de discours ou de débats lors des séances de travail. 

La ministre française des Armées, Florence Parly, a évoqué dans son discours, lors de l’ouverture du forum, la question de la fin de Barkhane, l’opération militaire française au Sahel et la transformation de son dispositif dans la région. Elle a aussi réitéré le refus de son pays d’accepter l’arrivée au Mali de la société de sécurité privée russe, Wagner, considérée comme le bras armée extérieur du gouvernement de Vladimir Poutine. Dans les ateliers, les risques d’extension de la menace jihadiste du Sahel vers la région du Golfe de Guinée a aussi été abordée. 

Cela dit, en raison de leur actualité et de leur importance, ces deux questions auraient pu mériter des séances réservées lors de cette édition du Forum de Dakar. 

Affaire Jacob Zuma : l’Afrique du Sud sur le qui-vive

L’annulation, il y a deux jours, de la liberté conditionnelle accordée début septembre à l’ex-président sud-africain fait craindre aux autorités une résurgence des émeutes de juillet dernier.En Afrique du Sud, les forces de défense et de sécurité sont en état d’alerte depuis que la Cour constitutionnelle a ordonné la réincarcération de Jacob Zuma. Ce vendredi, Ronald Lamola, le ministre de la Justice, a invité ses compatriotes « au calme et à la retenue » parce qu’« il est important que les procédures légales suivent leur cours normal ».

Poursuivant, M. Lamola a affirmé que « les déclarations incendiaires et les attaques injustifiées contre le système judiciaire n’aideront pas le processus ». Jacob Zuma, âgé de 79 ans, avait été condamné à 15 mois de prison ferme pour outrage à la Justice. Le successeur de Thabo Mbeki refusait de comparaître devant une commission chargée d’enquêter sur des soupçons de corruption entre 2009 et 2018.

L’ancien dirigeant a transmis à ses partisans sa défiance envers la Justice. La nation arc-en-ciel a ainsi vécu, en juillet 2021, des violences ayant fait environ 300 morts et causé plus de 2 milliards de dollars de dégâts matériels.

Sommet Turquie- Afrique : Ankara veut s’affirmer davantage sur le continent

Le troisième sommet entre la Turquie et l’Afrique qui s’ouvre ce vendredi à Ankara (Turquie) est l’occasion pour Recep Tayyip Erdogan de d’affirmer la percée de son pays sur le continent.Une présence tous azimuts sur le continent, plusieurs accords de coopération signés ces dernières années, et une influence de plus en plus grandissante sur le continent africain. La Turquie est en train de trouver en l’Afrique, une opportunité gigantesque après son isolement de la scène internationale.

Conscient des enjeux économiques et géopolitiques, Ankara entend conforter sa percée fulgurante sur le continent africain avec ce troisième sommet qui va réunir une quarantaine de hauts responsables dont treize chefs d’Etat.

Pendant deux jours (17 et 18 décembre), l’Afrique sera à l’honneur avec des thématiques sur l’économie et la sécurité qui seront au cœur des échanges. Face à l’isolationnisme européen et la chute vertigineuse de sa devise qui a perdu depuis le début de l’année 45% de sa valeur par rapport au dollar, l’Afrique apparaît marché vital pour Erdogan pour étendre son influence diplomatique et surtout donner un second souffle à son économie.

L’Afrique, un terrain que le président turc connaît à merveille ces dernières années pour y avoir effectué plus d’une trentaine de visites en 2021. Recep Tayyip Erdogan déroule sa « politique d’ouverture » vers le continent adoptée par son prédécesseur en 1998 en tissant de solides liens avec plusieurs pays africains.

Coopération économique et sécurité au cœur des échanges

Lors de la dernière décennie, le nombre d’ambassades turques en Afrique est passé de 12 à 42 ambassades, l’aide au développement turc a été revue à la hausse et la compagnie aérienne Turkish Airlines qui ne desservait que 4 destinations africaines en 2008, propose aujourd’hui 51 destinations dans 33 pays du continent.

Au plan économique, la présence industrielle turque peut se mesurer dans le secteur des infrastructures, de l’énergie, du textile, de la machinerie, des meubles, des appareils domestiques et des mines. Selon les données officielles de la Turquie, l’Afrique représente aujourd’hui 21% du chiffre d’affaires des entrepreneurs turcs qui ont pu, ces dernières années, réaliser 1 150 projets pour une valeur cumulée de 65 milliards de dollars dans différents pays africains. A l’instar des grandes puissances qui considèrent l’Afrique comme un marché en pleine croissance, la Turquie veut à son tour étendre ses tentacules.

Au plan sécuritaire, Ankara compte sur ses drones de combat et ses équipements militaires à moindre coût pour s’ouvrir davantage au marché africain. Une occasion pour la 17ème puissance économique mondiale de promouvoir ses équipements militaires et ses armements auprès des Etats africains avec des conditions d’acquisition plus souples. La sécurité est l’autre point phare de ce troisième sommet avec les dirigeants africains après l’économie.

L’objectif d’Erdogan au sortir de ce sommet, est de valider un nouveau programme sur cinq ans qui permettra de doubler les échanges commerciaux (25,3 milliards en 2020) pour le faire porter à 50 milliards de dollars.

Lancement du Réseau africain pour le gouvernement ouvert

Le Réseau africain pour le gouvernement ouvert a été lancé, jeudi, avec l’adhésion du Nigeria, de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, du Kenya, de l’Afrique du Sud, de la Tunisie et du Maroc.Le lancement de cette structure a eu lieu du 10ème Sommet Mondial du Gouvernement Ouvert qui se tient à distance par la Corée du Sud, avec la participation de plus de 14 chefs d’État et de gouvernement des États membres à l’initiative du Partenariat pour un gouvernement ouvert

Le Maroc a exprimé sa pleine volonté de partager son expérience avec les pays africains afin de consolider les principes du gouvernement ouvert et de relever les défis communs, indique un communiqué du ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l’Administration.

Dans le même contexte, la plateforme numérique dédiée au Réseau Africain de Gouvernement Ouvert a été développée, fournissant toutes les informations sur les expériences réussies en la matière, et permettant aux Etats membres d’échanger leurs expériences et d’exploiter les meilleures pratiques dans ce domaine.

A noter que le Maroc a été élu membre du comité directeur de l’initiative de partenariat pour un gouvernement ouvert, pour un mandat de trois ans, à compter du 1er octobre 2021, aux côtés du Royaume-Uni, de la République de Corée, de l’Estonie et du Nigeria. Ce comité est composé de 22 membres issus des gouvernements et des organisations de la société civile des pays membres de l’initiative, l’organe exécutif de l’initiative OGP, dont le rôle est de développer et de promouvoir les valeurs et les principes de l’initiative, et de définir ses politiques et ses règles de base.

Dans le cadre de ce chantier, un deuxième plan d’action national pour le gouvernement ouvert pour la période 2021-2023 a été approuvé, qui a été élaboré selon une méthodologie participative avec des organisations de la société civile.

Ce nouveau plan comprend 22 engagements ayant trait aux domaines de la transparence, de la qualité des services publics, de la participation citoyenne, de la justice ouverte, de l’égalité et de l’inclusion, et des collectivités territoriales ouvertes.

Le Partenariat pour un gouvernement ouvert est une initiative multilatérale qui a été lancée le 20 décembre 2011, lors de la session d’ouverture annuelle de l’Assemblée générale des Nations unies à New York. Il vise principalement à inciter les pays impliqués dans l’initiative à promouvoir la démocratie participative en plaçant le citoyen au centre de leurs préoccupations, par le renforcement de la transparence, l’accès à l’information et l’intégrité, en luttant contre la corruption et en s’appuyant sur les technologies modernes.

Le Zimbabwe adopte le passeport biométrique

Le ministère zimbabwéen de l’Intérieur a annoncé mardi l’arrêt de la production de passeports ordinaires.Le Zimbabwe entre dans l’ère des passeports électroniques. Pour ce faire, le gouvernement a engagé Garsu Pasaulis, une société lituanienne, pour la confection de ce document de voyage et d’autres pièces d’état civil essentiels.

Le nouveau passeport zimbabwéen sera doté de caractéristiques de sécurité renforcées pour le rendre infalsifiable, a indiqué le ministère de l’Intérieur. À compter de ce jour, les passeports ordinaires, dont la date limite de validité est fixée au 31 décembre 2023, ne seront plus délivrés par les autorités compétentes.

Le Mali proteste face aux pressions de la Cedeao

Des Maliens sont descendus dans les rues de Bamako pour protester contre les injonctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) de maintenir la présidentielle et les législatives en février.Après son sommet ordinaire à Abuja les 12 et 13 décembre 2021, la Cedeao a annoncé le maintien des élections au Mali le 27 février. « Les chefs d’Etat, après de longs échanges, ont décidé de maintenir la date du 27 février 2022 pour l’organisation des élections au Mali. Ils ont décidé de l’entrée en vigueur de sanctions additionnelles en janvier 2022 si les autorités n’honorent pas leur engagement initial de tenir à cette date des élections censées ramener les civils au pouvoir », a dit devant la presse le président de la Commission de la Cédéao, Jean-Claude Kassi Brou.

Ce coup de pression des dirigeants ouest-africains n’est pas du goût de certains Maliens, sortis dans les rues de Bamako ce lundi pour apporter leur soutien à Assimi Goïta et son gouvernement. Fort de cet élan populaire, le président malien s’est engagé à soumettre à la Cedeao un calendrier électoral avant le 31 janvier. « La République du Mali, par ma voix, s’engage à vous fournir au plus tard le 31 janvier 2022 un chronogramme (calendrier) détaillé » indique-t-il. Ce nouveau calendrier, qui sera issu des assises de la refondation ouvertes le 11 décembre à Bamako, doit définir une nouvelle feuille de route pour la durée transition et les élections.

Les autorités de la transition malienne ont justifié le report des élections couplées de la présidentielle et des Législatives du 27 février prochain par « l’insécurité persistante » dans le pays. Mais la Cedeao persiste sur la date du 27 février 2022, même si elle reste ouverte à un possible report à la seule condition que les autorités de la transition s’engagent clairement à tenir les élections au-delà de cette date.

L’institution ouest-africaine donne aux autorités maliennes jusqu’au 31 décembre pour présenter un plan pour la tenue des élections. Le médiateur de la Cedeao dans la crise malienne, Goodluck Jonathan, ancien président de la République du Nigeria, est attendu dans les prochains jours à Bamako pour des entretiens avec les autorités maliennes.

Lors de son sommet du 7 novembre, la Cedeao avait corsé les sanctions avec le gel des avoirs financiers et l’interdiction de voyage au sein de l’espace ouest-africain de 150 personnalités, dont le Premier ministre et quasiment tout son gouvernement accusé de retarder les élections. 

Pour le cas de la Guinée, la Cedeao maintient les sanctions contre la junte qui a pris le pouvoir le 5 septembre dernier après avoir renversé le président Alpha Condé. En plus de suspendre la Guinée de ses instances, les chefs d’Etat de la Cedeao donnent un délai de six mois aux autorités guinéennes pour organiser des élections. Le nouvel homme fort de Conakry, le colonel Mamady Doumbouya promet de rendre le pouvoir aux civils mais refuse de se laisser dicter un délai de transition.

Après 50 ans d’existence, l’OMVS se réinvente

L’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), dans son ambitieux programme de modernisation, va se doter d’un Fonds d’autofinancement, a annoncé, lundi à Dakar, son Haut-commissaire, Hamed Diane Séméga.Après 50 ans d’existence, l’OMVS aspire à l’autonomie financière. Une réforme en profondeur de l’Organisation est en cours. « Une batterie de mesures concrètes et innovantes est sur la table pour améliorer et harmoniser la gouvernance, mais également favoriser un financement durable permettant de réduire le poids des contributions des Etats membres aux budgets de fonctionnement et d’investissement notamment par la mise en place d’un Fonds pour l’autofinancement de l’OMVS », a déclaré M. Séméga.

Il s’exprimait à l’occasion d’un forum d’échanges économiques dont le thème est : « Bassin du Fleuve Sénégal, modèle d’intégration, espace d’opportunités. »

Cette mue institutionnelle dessine les contours d’une nouvelle OMVS, moderne, plus résiliente, dotée d’outils, de structures et de compétences en adéquation avec les nouveaux défis, a indiqué le Haut-commissaire.

Revenant sur les défis auxquels doit faire face l’OMVS, Hamed Diane Séméga a fait savoir que le premier est sans conteste celui de la préservation de la ressource. En effet, a-t-il dit, le fleuve Sénégal est un fleuve sahélien confronté à de fortes variabilités saisonnières. Celles-ci ont une grande incidence sur l’hydraulicité, en raison des effets du changement climatique.

A cela s’ajoute la pollution et l’envasement résultant des activités d’orpaillage et autres pratiques qui altèrent la qualité du milieu. « La situation est critique sur l’affluent Falémé, comme j’ai eu l’occasion de le constater personnellement sur le terrain et de sonner l’alerte », a-t-il soutenu.

L’autre défi à relever, selon M. Séméga, est l’amélioration de la maîtrise du fleuve. Celle-ci passe, d’après lui, par la réalisation des prochains barrages dont celui de Gourbassi. Ce dernier devrait à lui tout seul porter le niveau de régularisation du fleuve de 50% actuellement à 75 %.

Et en fin, l’OMVS devra s’atteler à une gestion proactive s’appuyant sur des outils de planification rigoureux, des instruments de mesure, de suivi et de sauvegarde de la ressource et de l’environnement du bassin, a ajouté l’ancien ministre malien des Mines, de l’Énergie et de l’Eau.

Dans ce cadre, l’organisation déroule, avec l’appui de ses partenaires, divers programmes consacrés au suivi de la qualité des eaux grâce à la formation des personnels, la cartographie du bassin et l’acquisition d’équipements adaptés, la mise en place de l’Observatoire du Fouta Djalon et des projets pilotes dédiés à l’amélioration de la résilience climatique.

Hamed Diane Séméga a par ailleurs souligné la nécessité pour l’OMVS de faire connaître le potentiel économique du bassin et les opportunités existantes. Pour cela, a-t-il précisé, il est indispensable de sortir de l’entre-soi, de trouver des solutions hardies pour faire la jonction avec le privé, le monde de l’entreprenariat, afin de mieux faire connaître les opportunités économiques liées à la disponibilité permanente de l’eau et favoriser les investissements.

Dans cette nouvelle perspective, le vice-président du Conseil national du patronat du Sénégal, Antoine Ngom, a plaidé pour une plus grande intégration du secteur privé dans la mise en œuvre des projets de développement du bassin du fleuve Sénégal.

« Les fondamentaux d’une coopération économique avantageuse sont bien là. Le bassin du fleuve Sénégal regorge de potentialités diverses et nombreuses. De nombreuses opportunités de partenariats d’affaires à l’investissement et au commerce existent dans nos pays respectifs. En conséquence, il nous appartient de renforcer les acquis », a affirmé M. Ngom.