Enseignement et recherche : vers un accord-cadre entre Dakar et Brazzaville

Les ministres des enseignements supérieurs du Congo et du Sénégal, ont manifesté cette volonté le lundi 16 avril à Dakar.

Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche du Sénégal, Mary Teuw Niane et son homologue du Congo, Bruno Jean Richard Itoua, ont manifesté, lundi, à Dakar, leur volonté de procéder à la signature d’un accord-cadre au mois de juin prochain et de rétablir « un pont historique entre les deux capitales » Brazzaville et Dakar.

« Nous sommes venus ici, fruit de longs échanges entre nos deux ministères, pour essayer de rétablir un pont historique entre deux capitales Dakar et Brazzaville qui incarnaient l’intellectualisme en Afrique francophone à travers les instituts universitaires historiques que sont l’université Marien Ngouabi et l’Université Cheikh Anta Diop », a dit le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche du Congo.

Jean Richard Itoua s’exprimait lors d’une conférence de presse en présence de son homologue sénégalais Mary Teuw Niane.

Selon lui, « visiblement leurs exécutions n’ont pas été à la hauteur de ce qui devait continuer à rester ce pont. Aujourd’hui, la volonté des deux ministres que nous sommes est de rétablir ce pont mais surtout de la voire vivre à travers des actions très prises ».

« C’est l’objet de l’accord qui est à discussion entre nos deux équipes et qui va être rapidement finalisé au plus et pourquoi pas au mois de juin à l’occasion de la commission mixte », a-t-il ajouté.

« Nos deux équipes y ont discuté et il reste juste à le finaliser et comme l’a dit mon ami et frère, au mois de juin nous espérons dans le cadre de la commission mixte Congo-Sénégal pouvoir procéder à la signature de cet accord-cadre », a indiqué Mary teuw Niane.

« Déjà, nos étudiants et étudiantes n’ont pas attendu, ils sont dans les deux pays, nos enseignants chercheurs se connaissent et nos universités ont des relations », a-t-il souligné.

Pour le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, « il s’agit de renforcer cela et de l’inscrire dans cette vision nouvelle de l’enseignement supérieur et de la recherche ».

’’Nous avons durant ces jours, aussi bien à Dakar, Thiès, Diamniadio et encore Dakar, compris que nous étions en train de réaliser les mêmes visions de l’enseignement supérieur et de la recherche pour nos différents pays et celles de nos deux chefs d’Etat », a t-il ajouté.

« C’est heureux que ce soient deux pays liés par l’histoire puisqu’au Sénégal on rappelle toujours Brazzaville, c’est qu’à Brazzaville on rappelle Dakar et qui sont aussi des capitales qui ont accueilli des moments historiques de l’évolution intellectuelle et culturelle de notre continent et ces échanges vont aboutir à un accord-cadre », a-t-il conclu.

 

Enseignement supérieur : la commission mixte Congo-Sénégal se tient à Dakar

Le ministre Bruno Jean Richard Itoua, qui a quitté Brazzaville le 11 avril avec sa délégation, a échangé la veille avec l’ambassadeur du Sénégal au Congo, Batoura Kane Niang.

Les travaux de la commission mixte de coopération entre le Congo et le Sénégal, dans le domaine de l’enseignement supérieur, se tiennent cette semaine à Dakar. La partie congolaise présentera plusieurs dossiers, dont celui relatif à la révision des coûts d’études de ses étudiants, qui sont plus cher. Cela, dans le cadre des relations de coopération bilatérale entre les ministères sénégalais et congolais en charge de l’enseignement supérieur. « Il fallait préparer cette mission et harmoniser les accords de coopération qui existent entre les deux pays et voir dans quelle mesure, ils vont visiter certaines écoles supérieures du Sénégal, afin de regarder comment ils vont renforcer leur coopération bilatérale dans le cadre de la formation au niveau de l’enseignement supérieur aussi bien qu’au niveau des sciences, des lettres, de la médecine et dans tous les domaines de l’enseignement », a expliqué Batoura Kane Niang à sa sortie d’audience, précisant que la coopération entre les deux pays est au beau fixe.

Selon elle, le Sénégal demeure la première destination des étudiants congolais. « Nous avons plus de six mille étudiants congolais. Donc, c’est important que les deux ministres puissent se retrouver afin d’échanger sur les domaines de coopération pour voir comment développer tout ce potentiel qui existe entre les deux pays », a conclu l’ambassadeur du Sénégal en poste à Brazzaville.

Congo : Total, un acteur influent dans l’enseignement supérieur

Le pétrolier français présent en République du Congo depuis 1968, multiplie les partenariats dans l’enseignement supérieur. Il est encouragé par le gouvernement qui n’hésite pas à s’appuyer sur le secteur privé pour développer les cursus dans les filières qui embauchent.

Un petit tour de Pointe-Noire suffit pour se rendre compte de l’omniprésence de Total dans la capitale économique du Congo-Brazzaville. Le pétrolier y possède par exemple le Derrick, sorte de bar-restaurant les pieds dans l’eau et vue sur le port, mais aussi la clinique CMS, située dans le quartier huppé du Losange Est et ornée du logo du géant français. Là-bas, les villas ultra-sécurisées accueillent à n’en pas douter certains des cadres du groupe. Mais s’il y a bien un secteur où Total s’impose dans tout le pays, c’est l’enseignement supérieur.

Partenariat avec l’Ucac-Icam

Rien d’étonnant à ce que Pierre Jessua, directeur général de la filiale locale Total E&P Congo, ait été invité à la récente inauguration de l’Institut Ucac-Icam en février dernier. Avant d’injecter 800 000 euros dans le campus flambant neuf de l’école d’ingénieurs, le pétrolier lui a prêté gracieusement des locaux pendant 16 ans.

« Cette coopération entre l’Ucac-Icam et Total s’est faite pour des raisons évidentes : le besoin de former nos collaborateurs et d’embaucher des jeunes formés dans le pays », résume le dirigeant de Total E&P Congo. Un partenariat gagnant-gagnant qui, dans un pays qui a libéralisé le secteur de l’éducation et de l’enseignement supérieur il y a 25 ans, ravit le ministre de l’Enseignement Supérieur congolais, Bruno Jean-Richard Itoua : « C’est l’intérêt des entreprises de former sur place les gens dont elles ont besoin. Cela leur permet d’économiser tous les efforts de formation interne et leur évite de faire venir des gens d’ailleurs, payés plus cher. De notre côté, on est sûr que ceux que l’on forme ont toutes les chances d’avoir un emploi à l’issue de leur cursus ».

Aide financière

Le soutien sans faille du gouvernement permet à Total de multiplier les aides financières à différents niveaux. « À l’École nationale supérieure du pétrole et des moteurs (ENSPM), le groupe a financé la quasi totalité de la filière génie pétrolier », remarque le ministre. Il a également entièrement réhabilité et fourni l’équipement de la faculté des sciences de l’université Marien Ngouabi. Ces dix dernières années, Total a aussi distribué une cinquantaine de bourses d’études, pouvant aller de 15 000 à 100 000 euros par an, selon le niveau d’étude. Enfin, avec le groupe Schneider Electrics et l’Ucac-Icam, le pétrolier français participe au développement d’une formation en électricité au centre de formation Don Bosco à Brazzaville.

Un œil sur les programmes

L’intervention de Total dans l’enseignement supérieur congolais ne se fait pas que sur le plan financier. À travers son association Total professeurs associés (TPA), qui propose des cours dispensés par des salariés bénévoles ou des retraités du groupe, l’entreprise française intervient dans la formation des professeurs de l’université Marien Ngouabi pour du soutien à la préparation d’une agrégation ou d’un doctorat, sur des sujets liés au pétrole et aux géosciences.

Dans d’autres projets, le pétrolier intervient directement dans la définition des programmes de formation : « Ce n’est pas le cas à l’Ucac-Icam, explique Pierre Jessua, par contre à l’Université catholique du Congo, nous travaillons sur les programmes avec l’association TPA et le ministère de l’Enseignement Supérieur ».

Généraliser le système

Le ministère n’a pas l’intention d’en rester là. Son ambition est de profiter au maximum de la manne que représente l’implication du secteur privé dans ses prérogatives. Et ce, même si la plupart des entreprises qui investissent dans les formations techniques sont en majorité à capitaux étrangers. Bruno Jean-Richard Itoua en est certain, ces initiatives finiront par profiter aux congolais et aux entreprises locales.