La chute de l’interview du ministre congolais des Affaires étrangères, de la Coopération et des Congolais de l’étranger, Jean-Claude Gakosso, dans les colonnes de la Semaine Africaine de ce mois de février, a sonné comme une sorte de défi lancé à l’adresse des congolais de l’étranger. Une volonté d’implication de toute la diaspora congolaise dans la bataille pour le développement du pays.
«La solidarité de la République se manifeste également à l’égard de ceux de nos compatriotes qui ont volontairement choisi une seconde patrie, mais dont le cœur continue de battre pour le Congo. Le Département des Congolais de l’Etranger, mis récemment en place par le Président de la République, a précisément vocation à faire du Ministère des Affaires étrangères la porte d’entrée pour tous ceux parmi eux qui veulent contribuer au processus de développement national ou exercer leurs droits civiques inaliénables tout en résidant à l’étranger », a déclaré le patron de la diplomatie congolaise.
Un pas notable a été donc franchi pour comprendre les attentes du gouvernement congolais envers les Congolais de l’étranger.
Désormais, il est question de maintenir cette dynamique participative et de franche collaboration entre Congolais de tous bords vivant loin des frontières nationales et le gouvernement pour développer le pays et faire face à la crise financière qui phagocyte le Congo.
Une volonté du gouvernement qui prend ici le contre-pied d’une certaine opinion qui tend à vouloir confiner le rôle de la diaspora uniquement dans le champ politique.
On rappelle que les transferts de fonds des congolais de l’étranger sont conséquemment supérieurs à l’aide au développement, relèvent certains rapports des institutions financières comme la Banque mondiale.
Même si ces fonds ne sont toujours pas budgétisés, ils représentent tout de même une manne non négligeable notamment dans le soutien de l’économie informelle.
Western-Union, Money Gram, Rya ou autres agences, chacun y va de sa préférence pour faire parvenir le précieux sésame qui, à des milliers de kilomètres, procure le sourire à des parents parfois dans le dénuement. L’objectif recherché est d’accroître le bien-être de sa famille en lui octroyant un revenu complémentaire, particulièrement dans le contexte de précarité généralisée qui prévaut au pays, précarité occasionnée par la chute des cours des matières premières, notamment le pétrole. Le but de celui qui envoie est d’aider celui qui reçoit les transferts à satisfaire ses besoins.
Les statistiques ne sont peut-être pas disponibles dans l’immédiat, pourtant à la « foulemètre », le constat est sans appel. Les différentes agences de transfert d’argent au Congo sont chaque jour prises d’assaut quasiment pour des retraits de fonds en provenance de l’étranger.
La diaspora congolaise de France a envoyé près de 2.800.000 euros dans son pays en 2016, selon l’Institut National des Statistiques et des Études Économiques (INSEE).
Estimée à près de 350 000 personnes, très majoritairement des binationaux, la diaspora congolaise de France, très influente, représente à la fois une source financière précieuse, un espace de parole et une source d’informations incontournables, tant à l’étranger qu’au Congo même. Elle contribue de manière significative à l’économie nationale, sous différentes formes : transferts financiers, transferts de savoir-faire, investissements (logements, transports…).
La diaspora congolaise de France a toujours été l’épine dorsale du pays à travers les nombreux cadres qu’elle fournit ou encore les nombreux projets qu’elle entreprend.
Il s’avère que le cordon ombilical est coupé entre les autorités congolaises et une bonne frange de sa diaspora. Peu sont les personnalités en charge des questions extérieures (Ministres ou conseillers à la présidence) de passage dans les capitales africaines ou occidentales qui ont initié des rencontres avec leurs compatriotes de l’étranger, idem pour les autorités consulaires ou diplomatiques incapables d’organiser la diaspora congolaise.
On prend souvent des cas isolés pour jeter l’anathème sur toute la communauté expatriée en occultant ses apports au pays. Cette vision de stigmatisation est contreproductive à la longue en semant les grains pour décourager les bonnes initiatives.
La diaspora congolaise si elle est organisée et soutenue peut être source de créativité et de richesses pour le pays beaucoup plus que l’aide internationale dont nous sommes tributaires tout le temps.
Les autorités de la Nouvelle République doivent corriger les erreurs du passé et rattraper le retard constaté à ce jour. Un gouvernement quel qu’il soit qui n’intègre pas la composante diaspora dans sa politique commet immanquablement une erreur.
Le principe de la création d’un Ministère des congolais de l’étranger doit se pencher sur sa faisabilité et son opérationnalité pour une meilleure marche vers le développement et pour aller plus loin ensemble.