RSF : plus de 1000 professionnels des médias tués dans le monde depuis 2010

Reporters sans frontières (RSF) et huit procureurs issus de pays divers appellent leurs confrères à « agir contre l’impunité » des crimes visant les journalistes.

 

Plus de 1000 journalistes et collaborateurs des médias dont 50 en 2022 ont été assassinés depuis 2010. C’est chiffre ont été donnés par l’ONG RSF dans un communiqué ce mercredi 02 novembre 2022. Dans ce communiqué, RSF et huit procureurs de différents pays demandent à leurs confrères d’ « agir contre l’impunité » des crimes visant les professionnels des médias.

Cet appel survient à l’occasion de la « journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes », instaurée par l’ONU en mémoire de deux reporters français de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, assassinés le 2 novembre 2013 au Mali.
Il a été initié par RSF pour « faire savoir aux procureurs confrontés à des situations difficiles qu’ils ne sont pas seuls, et aux victimes qu’elles peuvent obtenir justice », a expliqué l’ONG dans un communiqué.

« Nous sommes consternés que plus de 1.000 journalistes et collaborateurs des médias aient été assassinés dans le monde depuis 2010 et 118 ont disparu depuis 2016, selon RSF », déclarent les premiers signataires du texte, huit procureurs travaillant notamment au Mexique, en République démocratique du Congo, au Congo Brazzaville, au Royaume-Uni ou en Serbie.

« Pour la seule année 2022, 50 ont déjà été tués du fait, ou dans l’exercice, de leur mission d’information », poursuivent ces acteurs de la justice, parmi lesquels le procureur en charge de l’assassinat du journaliste d’investigation Jan Kuciak en Slovaquie, Matus Harkabus, l’ancienne procureure générale du Brésil Raquel Dodge et l’actuel procureur général de Gambie, Hussein Thomasi.

Or, « selon l’Unesco, près de 90 % des crimes contre les journalistes restent malheureusement impunis », s’indignent-ils, citant le cas du Mexique, où « 88% des assassinats de journalistes demeurent dans l’impunité totale », ou des Philippines, où « les responsables principaux du massacre de 32 journalistes en 2009 sont toujours en liberté ».

De même, « les commanditaires des assassinats de Norbert Zongo au Burkina Faso en 1998, d’Anna Politkovskaïa en Russie en 2006, de Gauri Lankesh en Inde en 2017, parmi tant d’autres, demeurent non sanctionnés du fait d’une désinvolture fautive voire d’un camouflage de la part des autorités », s’indignent les signataires.
Pour changer la donne, ils invitent la profession à respecter comme eux une dizaine d’engagements, tels que « résister aux pressions de toutes sortes », « mener des enquêtes impartiales » ou encore « collaborer avec leurs homologues internationaux ».