Prévu dans la deuxième moitié de février 2018, la réunion a été reportée au mois de mars, sans date précise.
Le Congo attend toujours le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI). Prévu dans la deuxième moitié de février 2018, la réunion a été reportée au mois de mars, sans date précise. Après une série de consultations à Brazzaville, les employés du FMI devraient passer le dossier du Congo devant cette instance qui en décidera du sort.
Depuis décembre 2017, les Congolais attendent que le FMI dise un mot sur la situation économique et financière chaotique que traverse le pays depuis quelques années. Il s’agit en fait, pour l’institution de Bretton Woods, de décider si le Congo était conforme à bénéficier d’un programme avec le FMI. Cet accord financier devrait permettre au Congo de gagner une bouffée d’environ 800 millions de dollars, soit un peu plus de 421 milliards de francs CFA sur trois ans.
Dans ce sens, la bonne nouvelle c’est que le Congo n’aura besoin, cette année, que d’un financement résiduel de quelque 180 milliards de francs CFA. Ce que pourraient lui apporter ses partenaires habituels comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement ou la France. Il semble cependant que ces bailleurs internationaux attendent le déclic du FMI pour venir en aide au Congo.
Le Congo ne néglige pas l’option du FMI. D’ailleurs, c’est sous hypothèse FMI que le budget 2018 a été conçu. Il a été arrêté à plus de 1.522 milliards de francs de CFA, dégageant un excédent de 219 milliards. En réalité, les grands experts de la finance savent que ce budget n’est nullement excédentaire, car globalement, le budget congolais, bâti sur les critères d’austérité, est déficitaire à plus de 779 milliards de francs CFA. Et ce, seulement pour cette année 2018.
Le Fonds monétaire international reste dur avec le Congo sur ce point. Si le pays a pu dégager 219 milliards pour commencer de combler le gap des 779 milliards, le FMI exige que ce manquement de 560 milliards soit trouvé avant tout appui budgétaire. En plus, l’institution financière met la pression sur le gouvernement, notamment concernant les réformes profondes au sein de la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC), la restructuration de la dette et l’amélioration de la gouvernance. Sur ces derniers points, le dossier du Congo devra être renforcé, s’il doit passer haut la main devant le conseil d’administration du FMI. Il manque encore beaucoup de signaux palpables, bien que la justice se soit depuis un moment levée pour accompagner la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance. Le gouvernement a annoncé une série de mesures pour réduire le train de vie de l’Etat jusqu’à 9% du budget actuel.
Mais le Congo ne reste pas seulement cabré sur la manne du FMI qui est très conditionnée. Un léger espoir renait depuis début 2018 avec la remontée des cours du brut. Au dessus de 60 dollars aujourd’hui, le prix du baril a plus que doublé, à comparer il y a trois ans. Le pétrole reste en effet la principale source budgétaire avec plus de 749 milliards de francs CFA de prévision cette année, contre seulement 391 milliards en 2017. Les recettes fiscales, prescrites à 737 milliards en 2018, seront en baisse de 4% par rapport à l’année dernière.
Aujourd’hui, l’Etat a plus que besoin du cash. Plusieurs pistes ont été explorées pour trouver de l’argent frais, afin que le pays vive. De nombreux programmes, dans les secteurs sociaux de base, attendent d’être mis en œuvre. Les actions d’urgence comme le traitement de l’érosion à Brazzaville ainsi que les sinistrés du Pool ou des intempéries, nécessitent autant d’argent. D’où la piste des Emirats et de la Russie, puisque la Chine temporise actuellement.
Le Congo a besoin du FMI pour gérer sa dette estimée à plus de 5.700 milliards de francs CFA, avoisinant les 110% du Produit intérieur brut (PIB) en juillet 2017. Plus de 3.900 milliards de cette bagatelle constituent la dette extérieure dont environ 70% avec la Chine. Le service de la dette va coûter 146 milliards de francs CFA en 2018. Qui paye ses dettes s’enrichit !
Le conseil d’administration du FMI qui se tient en mars est une importante occasion pour le Congo de bénéficier de cet appui budgétaire. Cela permettra aussi au gouvernement de mettre en œuvre son programme en tenant compte des conseils et garde-fous du FMI. Le pays reste donc suspendu à la tenue de ce conseil d’administration, ne serait-ce que par orgueil d’être bon élève des principes de la communauté internationale.