Congo : la CEMEC signale un effondrement du sol en béton devant la centrale d’Imboulou

Un rapport technique de la société China Machinery Enginering Corporation Congo (CEMEC) relève une dégradation de la centrale hydroélectrique d’Imboulou.

 

La centrale hydroélectrique d’Imboulou pourrait s’écrouler à tout moment. C’est du moins ce que préciserait un rapport technique du directeur de la société CEMEC. Selon le site d’information « lesechos-congobrazza », le directeur de cette entreprise aurait envoyé mercredi 4 décembre son rapport technique sur les dégradations de l’ouvrage au directeur général de E2C.

On pourrait lire dans ce rapport « Nous avons observé un effondrement localisé du sol en béton devant la centrale, qui ne constitue pas un incident isolé. Au-delà de cette zone, des problèmes similaires ont été identifiés près de la station de commutation, sur la section aval du canal de fuite, et à plusieurs autres emplacements stratégiques. Ces dégradations semblent principalement causées par des infiltrations d’eau provenant du réservoir. Il est important de préciser que pour les barrages en terre comme celui d’Imboulou, ce type de problème est en réalité l’un des désordres les plus fréquemment rencontrés et ne présente pas, en soi, de complexité majeure à résoudre ».

La même source poursuit que « Dans le cadre de notre contrat initial d’assistance technique, nous avions initialement affecté un ingénieur civil sur site, chargé du suivi quotidien des bâtiments et structures du barrage. Son rôle était de prévenir, détecter et résoudre rapidement les problèmes potentiels. Durant cette période de supervision continue, aucun incident significatif n’a été enregistré. Malheureusement, pour des considérations budgétaires, vous avez décidé de supprimer ce poste d’ingénieur civil lors du nouveau contrat, laissant votre société entièrement responsable des travaux techniques. Force est de constater que ces responsabilités n’ont pas été assumées de manière satisfaisante, ce qui est particulièrement préoccupant »

« Suite à votre demande d’assistance informelle fin octobre, nous avons proactivement dépêché un expert en traitement des fondations depuis la Chine. Le 10 novembre, une inspection approfondie a été réalisée sur site. Le diagnostic préliminaire révèle que la simple restauration du sol ou la protection des pentes, bien que relativement simple, ne constituerait pas une solution durable », souligne la même source.

Comme recommandations, la société CEMEC propose au directeur général de E2C qu’« Il est impératif de réaliser une étude complète impliquant des forages et l’utilisation d’équipements professionnels pour détecter les fuites non visibles. A cette fin, nous avons rassemblé l’ensemble des informations pertinentes : données originales, dessins techniques, documents de construction. Nos experts et institutions spécialisées ont été consultés pour définir un plan d’enquête et de renforcement des structures. Nous souhaitons réaffirmer avec force qu’une simple réparation du sol endommagé ne résoudra pas le problème fondamental. Il existe un risque réel de reproduction de tels incidents, particulièrement concernant les fondations des pylônes de transmission et de la sous-station sur la berge. Ces structures doivent impérativement être sécurisées pour éviter un impact négatif majeur sur la production énergétique de la centrale d’Imboulou », explique le rapport.

« Par ailleurs, nous devons attirer votre attention sur la situation critique des unités de production. Malgré notre courrier du 14 février dernier, vous invitant à réparer l’unité 2 endommagée et à réviser les autres unités, aucune action n’a été entreprise. Le système de la centrale est désormais gravement surchargé, et près de 10 mois se sont écoulés sans amélioration substantielle », indique le rapport.

« Une centrale hydroélectrique constitue un système d’ingénierie complexe. Sa pérennité requiert un investissement constant en ressources humaines, matérielles, financières et technologiques. Or, nous constatons un manque manifeste d’engagement de votre part, tant sur le plan technique que financier. A ce jour, près de six mois d’assistance technique reste impayés, situation qui soulève de profondes interrogations et génère des inquiétudes légitimes. Nous restons disponibles pour vous accompagner dans la résolution de ces problèmes et sommes prêts à organiser une réunion technique spécifique afin de trouver des solutions rapides et efficaces », conclu le rapport signé par le DG de la société CEMEC Congo, Zhang Pingheng.

Congo : la centrale hydroélectrique d’Imboulou sera géré par des privés

Le gouvernement a signé, le 19 juillet, à Brazzaville une convention de concession de la centrale hydroélectrique d’Imboulou avec la société Nea-Imboulou, filiale des sociétés Hydro Operation International et Action Energy.

 

La signature de la convention de concession de la centrale hydroélectrique d’Imboulou répond aux exigences du Fonds monétaire international et à celles de la Banque mondiale. Elle peut servir de plaidoyer auprès des bailleurs et intègre les préparatifs de la stratégie pays durant les années à venir.

« Le Congo n’est pas en train de brader ses barrages hydroélectriques mais ils sont mis en concession pour une durée déterminée et ne vend non plus E2C. L’Etat n’a plus de moyens de financer toute la diversification économique qui doit se faire désormais par les partenariats publics-privés. Si le concessionnaire est défaillant, l’Etat retire la concession », a rappelé le ministre Émile Ouosso.

Par ailleurs, face aux inquiétudes exprimées par les partenaires sociaux sur d’éventuels licenciements à la suite de la concession de cette infrastructure, les autorités se sont voulues rassurantes. Les travailleurs qui évoluent dans les barrages seront transférés dans les nouvelles entités de droit commun. Ils rentreront dans ces nouvelles entités avec le maintien de tous leurs droits : ancienneté et avantages acquis.