Les quotidiens sénégalais parvenus vendredi à APA titrent principalement sur le nouveau pugilat qui écorne une fois de plus l’image du parlement sénégalais alors que l’éventuelle candidature de Macky Sall, le chef de l’Etat qui a inauguré hier l’Université Amadou Makhtar Mbow, préoccupe certains députés.
Walf Quotidien estime que « la République (est) giflée » à l’Assemblée nationale après qu’Amy Ndiaye, député du parti au pouvoir, a « reçu une baffe » d’un collègue de l’opposition, l’obligeant à « se réveille(r) à l’hôpital ».
Pour Bés Bi, Mme Ndiaye a reçu également un « coup de pied » au ventre alors qu’elle est déclarée « enceinte » par les femmes de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar (unis pour un même espoir). Ces dernières annoncent « une plainte contre les déshonorables agresseurs », souligne L’AS.
C’est une « barbarie à l’état pur », s’indigne L’Observateur qui s’adresse ainsi aux députés agresseurs, Massata Samb et Mamadou Niang, militants du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) du chef religieux Moustapha Sy, l’une des principales formations de la première coalition de l’opposition parlementaire, Yewwi Askan Wi (libérer le peuple). L’AS précise que c’est Massata Samb qui « la gifle » d’abord avant que Mamadou Niang ne « lui donne un coup de pied ».
La députée Amy Ndiaye de la mouvance présidentielle était dans l’œil du cyclone depuis ses propos jugés irrespectueux contre le chef religieux Moustapha Sy, également leader politique très critique vis-à-vis du pouvoir de Macky Sall. Ses militants ou disciples avaient exigé des excuses publiques de la part de la parlementaire. Mais cette dernière a campé sur sa position avant de faire, jeudi matin, les frais de cette violente réaction de la part de ses collègues Massata Samb et Mamadou Niang.
EnQuête qualifie ces députés de « gladiateurs » à la suite de cette castagne à l’Assemblée nationale sénégalaise, qui se caractérise dans sa quatorzième législature par un équilibre des forces entre les députés de l’opposition et du pouvoir. Après son installation mouvementée en septembre dernier, cette « législature est partie pour battre tous les records d’indignité de l’histoire du parlement », affirme le journal.
Ce grabuge a eu lieu lors du passage du ministre de la Justice, Ismaila Madior Fall, pour le vote du budget 2023 de son ministère devant les députés. Interpellé sur la question du « troisième mandat dans un hémicycle transformé en ring », M. Fall a « fait le mort », d’après L’AS, alors qu’il insistait il y a quelques années en arrière que « nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs », considérant que le second mandat du président Macky Sall prenait effet à partir de 2019, à la suite de sa réélection pour un mandat de cinq ans.
« Vous avez défendu partout que nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs », lui a notamment rappelé l’ex-Premier ministre Aminata Touré, qui s’est rangée dans l’opposition depuis que le pouvoir a refusé de la choisir pour diriger l’Assemblée nationale.
Cependant, Ismaila Madior Fall, par ailleurs professeur émérite de droit constitutionnel à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et un des rédacteurs de la nouvelle Constitution sénégalaise, a répondu aux interpellations sur l’éventuelle candidature de Macky Sall à l’élection présidentielle de 2024, estimant que « c’est à la juridiction compétente de dire le droit ».
Le Soleil ne se fait pas l’écho de cette triste actualité du parlement sénégalais et préfère évoquer plutôt l’inauguration de l’Université Amadou Makhtar Mbow (UAM) de Diamniadio, « un projet pédagogique majeur ». Après sept ans de travaux, l’UAM a été inaugurée hier par le chef de l’Etat, Macky Sall. Selon le quotidien national, cette « infrastructure de dernière génération répondant aux normes enrichit la carte universitaire sénégalaise ».
Le parrain Amadou Makhtar Mbow, un ancien haut cadre des administrations sénégalaise et internationale qui a fêté ses cent ans l’année dernière, a profité de cette cérémonie pour offrir sa bibliothèque de 10.000 ouvrages à la nouvelle université.