L’évaluation faite récemment à Pointe-Noire a permis aux directeurs municipaux, aux chefs de quartier et aux acteurs du projet d’avoir des informations sur les changements à apporter.
Il était question au cours de cette activité de dresser la situation de référence du périmètre d’intervention et des groupes cibles du Projet de développement urbain et de restructuration des quartiers précaires (Durquap). Ceci de manière à pouvoir mesurer et apprécier les réalisations et les changements générés par ce projet.
Quelques résultats saillants de l’évaluation de base ont été relevés, par exemple, 40,6 % des habitants des quartiers ciblés n’ont pas accès à une voie praticable dans un rayon de 500 m; 56 % des ménages disposent d’un branchement/abonnement de La Congolaise des eaux, cependant 30% de ceux-ci ne sont pas fonctionnels. Aussi, 79.4% de ménages sont abonnés au réseau d’électricité, les autres sources d’énergie étant les lampes rechargeables (11.5%), le pétrole (7,7%).
Plus d’un tiers de ménages (32,1%) dans les quartiers ciblés subissent des actes criminels (viol, agression, vol, etc.) dans une fréquence moyenne de trois par mois. Et les quartiers de Brazzaville tiennent la vedette avec respectivement 39% et 25% pour Soukissa et Moukoundzi-Ngouaka.
En matière de santé, le paludisme avec 78.4%, la diarrhée 3.5% et la typhoïde3% représentent respectivement les maladies récurrentes des habitants des quartiers ciblés.
En matière d’hygiène et de salubrité, de la protection de l’environnement, très peu de ménages (12.7%) ont des pratiques jugées acceptables dans les normes. Ainsi, pour se débarrasser des eaux usées, ils utilisent soit une fosse septique/puisard (11.6%), soit un réseau d’égout (1.1%).
La majorité des ménages (87,3% ) s’en débarrasse soit dans les terrains vides ou les devantures de maisons (35 % ), soit dans les caniveaux et abords de rue (48,5 % ), soit encore dans les cours d’eaux, les eaux de ruissellement, … (3,1 % ) enfin dans les broussailles quand elles existent à proximité.
Pour ce qui est du traitement des ordures ménagères, les pratiques sont relativement satisfaisantes (67%). En effet, 41,6 % de ménages font évacuer leurs ordures ménagères à travers des camions ; 25,2% le font par le biais des particuliers et 0.2% affirment recycler leurs ordures ménagères.
En ce qui concerne l’emploi dans la zone d’intervention, 64% de chefs de ménage sont en activité et parmi eux, quelques agents des secteurs publics, soit 12% et 19% pour le secteur privé, tandis qu’une grande proportion exerce dans les petits métiers du secteur informel (31,8%).
Il faut dire que le projet Durquap est conçu de manière à faciliter la concrétisation d’une vision à long terme, c’est-à-dire rendre les administrations municipales davantage responsables du développement urbain et de la prestation de services aux administrés, en mettant l’accent sur la participation et l’inclusion de la population urbaine.
Pour sa mise en œuvre, outre sa gestion, sa coordination et son évaluation, le Durquap s’appuie essentiellement sur deux composantes, à savoir l’intégration et la restructuration des quartiers ainsi que le renforcement des institutions et des capacités.
Le projet a pour objectif de faciliter l’accès aux infrastructures et aux services de base dans les quartiers ciblés, d’améliorer la connectivité et l’intégration des réseaux avec le reste de la ville et d’adopter une approche intégrée de la restructuration urbaine ainsi que de la gestion des quartiers précaires.
Financé par la République du Congo et la Banque mondiale pour une durée de cinq ans (2018-2023), le Durquap se situe dans le prolongement du Projet eau, électricité et développement urbain (Peedu) et s’inscrit ainsi dans un contexte de forte urbanisation caractérisée par un accès limité aux services urbains et au logement, des problèmes de gestion du foncier urbain, des politiques urbaines et le processus de décentralisation inachevé.
Par rapport au Peedu, il marque une différence en adoptant une approche plus cohérente, plus inclusive et mieux intégrée du développement urbain pour établir des liens entre les investissements et le renforcement institutionnel, apportant ainsi des changements systémiques à la gestion du secteur urbain.
Le projet s’attache donc à réhabiliter certains quartiers pauvres des deux villes qui n’ont pas été ciblés par le Peedu, en liant ce processus de restructuration à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une stratégie nationale de restructuration des quartiers précaires.
Il est axé sur la participation de la population bénéficiaire, tout au long de l’évaluation des besoins des quartiers, de la sélection des investissements et de leur exécution, ainsi que de leur entretien et de leur exploitation. La stratégie appliquée est à la fois adaptative et proactive, en privilégiant la restructuration in situ afin de réduire la nécessité de réinstallation de la population et les coûts y relatifs.