En séjour à Brazzaville, Yann Baggio exprime sa satisfaction aux activités de sa structure développées en République du Congo, notamment dans la ville capitale et le département de la Likouala.
Que peut-on retenir de l’Ordre de Malte France ?
L’Ordre de Malte France est la section française de l’activité internationale de l’Ordre de Malte au niveau mondial qu’est l’Ordre souverain de Malte. C’est une association française qui rassemble des salariés, des bénévoles et des chevaliers de Malte pour agir au profit des personnes les plus pauvres dans le domaine de la santé. Son action est à la fois en France et dans les pays francophones.
Quelles sont les activités que vous avez menées en dehors de la France ?
L’action de l’Ordre de Malte France se découpe en deux parties : la première en France dans le domaine médical à travers des soins dans les maisons médico-sociales, donc en faveur des personnes âgées dépendantes ou atteintes des maladies comme celle d’Alzheimer, des personnes qui sont handicapées, voire celles ayant des maladies particulières comme l’autisme qui affecte beaucoup de personnes. On s’occupe aussi des personnes qui sont dans la rue, sans ressources.
A l’étranger, l’Ordre de Malte poursuit son action dans le domaine hospitalier. Dans les pays francophones, notre action est essentiellement portée en Afrique noire, dans une vingtaine de pays, en Asie aussi dans les anciens pays francophones où nous agissons contre la lèpre. Les soins sont apportés à la rééducation et à la chirurgie nécessaires pour permettre aux lépreux de retrouver une vie sociale, d’être autonomes dans leur vie et de pouvoir réaliser ce qu’ils avaient perdu du fait de leur maladie.
Nous développons des activités dans le domaine des soins médicaux avec des hôpitaux, des dispensaires, des maternités que nous gérons nous-mêmes au travers d’un accord avec le ministère de la santé du pays dans lequel nous sommes installés. C’est en fait, une coopération entre l’Ordre de Malte et le ministère de la santé. Ce n’est jamais une action isolée de l’Ordre de Malte. Nous travaillons au service de la population en soutien à l’action que mène l’Etat dans son propre pays.
Que peut-on savoir des interventions de l’Ordre de Malte au Congo ?
Nous menons deux programmes dans le pays dont l’un, plus ancien, à Brazzaville, dans un dispensaire à l’église Saint-Kisito (Makélékélé). Près d’une quinzaine de salariés permanents travaillent dans ce dispensaire qui permet d’offrir des soins à la population pauvre. Nous destinons ces soins plus particulièrement aux femmes et aux enfants considérés comme les personnes les plus fragiles. Ce dispensaire possède un médecin permanent, un cabinet de consultation gynécologique et pour des femmes enceintes avec du matériel échographique moderne.
Il apporte aussi des soins courants destinés à tous les patients. C’est un dispensaire qui fonctionne depuis plusieurs années et a déjà permis de réaliser dix-huit mille actes médicaux qui sont soit des consultations médicales avec un médecin, soit des soins donnés par des infirmiers, soit des dispensations des médicaments. Toutes ces activités connaissent un développement et on sent que la population apprécie non seulement les soins mais aussi ce dispensaire. C’est un succès dont nous sommes très fiers.
L’autre programme, nous l’avons démarré l’année dernière dans le département de la Likouala. C’est un programme visant à aider la population autochtone qui n’a pas accès aux soins. Notre objectif, c’est de développer pendant trois ans des centres de soins pour cette population, afin de lui permettre d’avoir un minimum de soins. Il faut savoir que ces peuples autochtones ont un taux de mortalité infantile deux fois supérieur à celui du reste de la population. Par ailleurs, on essaie aussi de les accompagner vers leur autonomisation à travers l’exploitation du miel de façon plus rationnelle et la récolte du poivre sauvage. En cultivant ce poivre, par exemple, ces derniers obtiendront des meilleurs résultats et pourront mieux le commercialiser et avoir plus de ressources pour leur autonomisation. Ce programme a été engagé avec les ressources de l’Ordre de Malte et de l’Agence française de développement.
Quelles sont les raisons de votre visite à Brazzaville ?
Je suis venu à la demande de madame le ministre de la Santé qui voulait renouveler les accords que nous avions avec ce ministère ; de telle sorte que ceux-ci prennent plus d’importance et que la façon de travailler en commun soit écrite de manière plus ferme. Nous sommes contents de ces accords qui vont permettre de développer notre action et de l’inscrire dans la pérennité. Je suis aussi venu pour montrer que nous nous sommes installés pour travailler dans la perspective de développement. Dans les pays d’Afrique où nous opérons, nous sommes dans une perspective de coopération sanitaire de très long terme. J’ai été récemment à Dakar, au Sénégal, pour commémorer l’installation d’un hôpital qui y existe depuis cinquante ans. Nous sommes au Bénin aussi depuis 1968 et c’est le cas de la plupart de nos hôpitaux. Nous travaillons au profit du pays, en accord avec le gouvernement et dans un souci de continuité. C’est ce message que je voulais réaffirmer en venant ici au Congo.
Vous venez de visiter le Musée Galerie du Bassin du Congo. Qu’est-ce que ce lieu vous inspire ?
Je suis étonné de la qualité des pièces qui sont présentées. Je trouve que vous avez associé d’ethnographies tout à fait remarquables, des pièces historiques qui traduisent les différentes régions, une très grande variété. Il n’y a pas que seulement le Congo et la République démocratique du Congo, mais aussi d’autres pays. Je trouve que votre musée est riche et les pièces présentées sont de grande qualité.
L’autre chose que j’ai remarquée, j’admire les politiques d’ouverture à l’art moderne. Parce que l’art ancien, c’est bien de savoir le conserver, on a besoin de nos racines dans ce domaine. Je trouve bien qu’on puisse aussi mettre en valeur la création, l’inventivité de ces artistes. J’aime bien ce que vous avez fait. Je souhaite beaucoup de succès à tous ces artistes et à votre musée. Qu’il soit plus connu et puisse avoir un maximum de gens qui le visitent ; des gens qui habitent le Congo pour qu’ils retrouvent aussi leurs racines. La France a toujours été intéressée par cela. On a le musée du Quai Branly à Paris, je pense un des plus beaux dans le monde sur les arts, les arts anciens de ce pays. J’espère que le gouvernement du Congo utilisera vos compétences et vos pièces pour les mettre aussi en valeur au niveau national.