D’ici neuf mois, la Côte d’Ivoire ne comptera plus de casque bleu au Mali.
En septembre 2021, à la tribune des Nations unies, le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, avait reproché à la France son « abandon en plein vol », déplorant le retrait partiel de la force Barkhane dans son pays confronté à la violence jihadiste depuis une décennie. Ces derniers mois, des pays africains ont annoncé également leur désengagement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).
Les derniers casques bleus ivoiriens quitteront le territoire malien en août 2023, sans être relevés. Les autorités ivoiriennes en ont fait l’annonce mardi 15 novembre sans expliquer les raisons du retrait de leurs 900 compatriotes déployés au Mali dans le cadre de la mission onusienne de stabilisation de ce pays sahélien. Mais avant la Côte d’Ivoire, le Bénin et l’Egypte étaient les deux autres pays africains à avoir annoncé leur retrait de la Minusma à la suite de plusieurs pays européens tels que le Royaume-Uni.
En mai dernier, le Bénin avait exprimé le besoin de rappeler ses troupes en vue de renforcer sa sécurité intérieure après des attaques à la frontière avec le Burkina Faso. Ce sont ainsi 456 éléments béninois de la Minusma qui rentreront progressivement dans leur pays avant novembre 2023, assure Cotonou.
« Ces derniers temps, le Bénin est confronté à une situation sécuritaire inquiétante du fait des actes de terrorisme orchestrés à ses frontières nord par des hommes armés non identifiés. De ce fait, le pays prévoit de mobiliser toutes les compétences humaines, matérielles et logistiques nécessaires pour renforcer sa sécurité », avait expliqué le ministère béninois des Affaires étrangères dans sa lettre adressée au secrétaire général des Nations unies.
A la suite du Bénin, l’Onu a reçu la lettre de désengagement de l’Egypte qui compte un millier de soldats dans la Minusma. Après avoir perdu sept soldats depuis le début de l’année, Le Caire a décidé de suspendre temporairement les activités de ses casques bleus présents au Mali à compter du 15 août 2022 pour une durée indéterminée.
« La décision de l’Égypte de se retirer temporairement des forces des Nations Unies correspond d’abord aux attaques contre ces soldats. La force de la Minusma est une force défensive. Elle n’est pas une force qui a l’autorisation d’attaquer et d’éliminer. Et je pense que c’est aussi une faiblesse structurelle liée à cette présence », analysait pour la chaîne panafricaine Africa 24 Hichem Ben Yaïche, expert en géopolitique.
Quant à la Côte d’Ivoire, son retrait inexpliqué de la Minusma intervient alors que les relations diplomatiques avec Bamako se sont considérablement dégradées depuis l’affaire dite des « 49 militaires ». Ces soldats ivoiriens accusés de « mercenariat » sont arrêtés à Bamako le 10 juillet dernier et placés sous mandat de dépôt. Si trois d’entre eux ont été libérés, 46 sont toujours détenus au Mali, accusés par la justice malienne de « tentative d’atteinte à la sûreté de l’État ».
La Côte d’Ivoire a toujours réfuté ces accusations, assurant que ces soldats étaient appelés en opération de soutien logistique à la Minusma. Le Togo joue le rôle de médiateur entre Abidjan et Bamako depuis le 28 juillet, mais les négociations n’ont toujours pas permis d’aboutir à un règlement de cette affaire dans un contexte de lutte contre le terrorisme encore prégnant dans la région du Sahel, particulièrement au Mali.
A la date du 16 septembre, dix-neuf pays africains étaient contributeurs de militaires et de policiers à la Minusma.
Le retrait annoncé de troupes africaines de la Minusma est diversement commenté et sonne chez certains analystes comme un mauvais signe quant à la longévité de cette mission dont l’efficacité est de plus en plus en remise en cause. Le mandat de la Minusma a été renouvelé le 30 juin dernier par le Conseil de sécurité des Nations Unies pour une année supplémentaire avec quelques changements majeurs comme la suppression de l’appui logistique de Barkhane aux forces onusiennes ainsi que la réduction par la junte malienne du champ d’action de la Division des Droits de l’Homme pour enquêter sur les allégations d’exactions qui lui sont rapportés.