Ce changement de dénomination lié aux attributions de l’organe, sans en modifier ses missions, s’inscrit dans le cadre des réformes engagées depuis une dizaine d’années pour la transformation structurelle du marché financier de l’Uemoa.Un Colloque international sur le marché financier et régional de l’Uemoa a été organisé ce jeudi 19 janvier 2023 à Abidjan, dans le cadre du changement officiel de la dénomination du Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (CREPMF) en Autorité des marchés financiers de l’Union monétaire ouest-africaine (AMF-UMOA).
Selon le ministre ivoirien de l’Economie et des finances, Adama Coulibaly, le président du Conseil des ministres de l’UMOA, cela « se justifie non seulement par des confusions relevées avec d’autres entités territoriales décentralisées, mais est surtout le résultat des recommandations formulées par les chefs d’Etat et de gouvernement (de l’union) lors de leur session extraordinaire du 10 avril 2017 ».
La nouvelle dénomination, dira-t-il, vise également à « offrir à l’organe et au marché financier régional une meilleure visibilité ». Abidjan, la capitale économique ivoirienne, abrite le siège de l’ex-CREPMF devenu Autorité des marchés financiers de l’Union monétaire ouest-africaine (AMF-UMOA).
Créé en 1996, le marché financier régional de l’Uemoa constituait l’une des principales réformes structurelles en vue d’une meilleure intégration des économies de l’Union dans l’économie mondiale. L’objectif visé était de franchir une nouvelle étape dans la restructuration et la modernisation du secteur financier.
Le but essentiel était surtout de favoriser et renforcer la dynamique de l’investissement de ce marché financier des huit Etats membres, à travers l’épargne afin de permettre aux épargnants de disposer d’une gamme plus complète de produits financiers.
M. Badanam Patoki, le président de l’AMF-UMOA, a relevé « qu’après 25 ans de fonctionnement, nous pouvons nous féliciter des avancées significatives enregistrées grâce aux efforts des acteurs du marché et des partenaires techniques et financiers ».
Il a cité, entre autres, la mise en place d’un troisième compartiment dédié aux PME, la mise en place d’une Commission consultative spécialisée afin de renforcer la gouvernance des organes, notamment le Comité d’audit et le Comité scientifique ainsi que l’opérationnalisation de la bourse en ligne depuis janvier 2022.
Les principes qui sous-tendent cette synergie de l’espace communautaire est la garantie d’une égalité d’accès au marché à tous les intervenants de l’Uemoa, de mettre le marché au niveau des standards internationaux en vue d’attirer les capitaux étrangers, d’assurer l’accès au marché des PME et de favoriser la culture financière.
Dans cette optique, l’architecture du marché financier régional de l’Uemoa a été structurée autour de deux pôles, un pôle public représenté par l’AMF-UMOA, dont la mission est de veiller à la protection de l’épargne en valeur mobilière et au bon fonctionnement du marché.
En outre, un pôle privé, qui constitue la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), du Dépositaire central banque de règlement (DCBR) et des intervenants commerciaux.
L’on peut observer, aujourd’hui, que les besoins de financement des Etats et des entreprises ont considérablement augmenté ces dernières années, impulsés aussi bien par les enjeux climatiques et énergétiques que par les défis de développement des infrastructures.
Ces besoins ont été particulièrement exacerbés par la crise sanitaire de Covid-19 et du conflit en Ukraine. Dans le même temps, les ressources conventionnelles de financement s’amenuisent et leurs conditions d’octroi se durcissent.
M. Adama Coulibaly a rappelé que les marchés des capitaux, grâce à leur capacité d’innovation, doivent constituer une source de financement alternatif, tout en relevant que le marché financier régional de l’Uemoa, en dépit de la conjoncture économique mondiale, a enregistré « des progrès significatifs ».
L’on enregistre, entre autres, le passage de la cotation en continu en septembre 2013, après 15 années de cotation au fixing, le passage d’un délai de livraison des titres de cinq jours à trois jours et l’autorisation de la notation financière lors des levées de ressources comme alternatif à la garantie financière.
Par ailleurs, les maturités des instruments de taux qui ne dépassaient guère trois ans au démarrage des activités du marché, vont au-delà de 10 ans aujourd’hui. Dans le même temps, les taux d’intérêt des émissions obligataires ont significativement baissé, passant de 12% en 1996 à moins de 7% aujourd’hui.
Les levées de ressources, depuis son lancement en 1998, sont évaluées à plus de 17.581 milliards Fcfa avec une capitalisation boursière d’environ 16.000 milliards Fcfa pour 156 lignes dont 46 sociétés cotées et plus de 200 intervenants commerciaux agrées pour 1018 milliards Fcfa d’actifs sous gestion et plus de 10.000 milliards Fcfa d’actifs en conservation.