La mesure qui débutera dès le 1er juillet a été annoncée lors d’une conférence organisée le 22 avril à Washington, aux Etats-Unis. Une rencontre ayant conduit l’institution financière à durcir le ton sur la pratique déloyale et à encourager les Etats à s’attaquer aux acteurs privés.
Après avoir reconnu qu’il manquait de « clarté » sur la corruption, le Fonds monétaire international (FMI) a adopté un nouveau cadre réglementaire pour permettre à ses équipes, via leurs missions annuelles sur le terrain, d’évaluer de manière régulière « la nature et la gravité de la corruption ».
L’institution financière s’est engagée à faire l’évaluation de ce mal, parce qu’il affecte maintenant tous les pays dans le monde, le secteur public comme privé. Elle encourage les pays membres à « se prêter volontairement à une évaluation de leurs dispositifs juridiques et institutionnels », dans le cadre des missions annuelles de surveillance. De même, elle va examiner en particulier « s’ils criminalisent et jugent les versements de pots-de-vin à des fonctionnaires étrangers et s’ils disposent de mécanismes adéquats pour éradiquer le blanchiment et la dissimulation d’argent sale ». À ce sujet, Christine Lagarde a indiqué que le FMI pouvait demander à examiner le détail des contrats des entreprises, observant que les secteurs miniers, de la construction et des télécommunications étaient les plus touchés par la corruption.
La corruption sévit dans tous les échelons de la société, comme le prouvent certains dirigeants de pays, autres cadres de l’Etat, qui sont poursuivis par la justice pour blanchiment d’argent ou détournement de finances publiques. Et commentant ce phénomène, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, qui participait à la conférence de Washington, a déploré ce mal qui gangrène chaque pays. « Nous savons que la corruption affecte les pauvres (…), sape la confiance dans les institutions », a-t-elle déclaré. « Nous ne devons pas interférer dans la politique des Etats mais lorsqu’il en va de problématiques macroéconomiques (…), lorsque nous négocions le début d’un programme d’aide financière, nous avons toute la légitimité pour agir », a-t-elle ajouté. Christine Lagarde a souligné que l’élaboration d’un programme d’aide pouvait être l’occasion de « mettre un maximum de pression » pour exiger des informations complètes.
2% de la richesse mondiale engloutie par la corruption
Dans un rapport publié il y a deux ans, le FMI avait estimé que la corruption engloutit surtout chaque année 2% de la richesse mondiale et nuit au partage équitable de la croissance économique. Evoquant les pots-de-vin versés chaque année dans le monde, l’institution soulignait qu’ils totalisent, à eux seuls, entre 1 500 et 2 000 milliards de dollars, soit pas loin du Produit intérieur brut (PIB) français. Les pays aussi bien riches que ceux en développement sont concernés alors que la population, la plus défavorisée, en est la victime parce qu’elle dépend davantage de services publics plus coûteux en raison de la corruption.
Si le FMI n’a pas de pouvoir policier en matière de corruption, il faut signaler qu’elle peut exercer une certaine pression via ses programmes d’aide financière. C’est ce qu’elle fait lorsque le déblocage des fonds supplémentaires pour certains pays est conditionné par la mise en œuvre des réformes et de réels progrès dans la lutte contre la corruption.
« La corruption prospère dans l’obscurité », a poursuivi Christine Lagarde, se félicitant de ce que les équipes de son institution avaient obtenu du comité de direction le feu vert « pour être plus intrusives ». Ce qui va leur permettre de s’attaquer aux acteurs privés, dont les multinationales, qui se livrent à des pratiques de corruption ou qui contribuent au blanchiment d’argent.
La ministre des Finances du Paraguay, Lea Gimenez, et le ministre béninois du Développement, Abdoulaye Bio-Tchané, ont, de leur côté, relevé que la corruption est un problème qui implique de nombreux acteurs et qui est multidimensionnel. Et plaidant pour la lutte contre l’impunité, le ministre du Bénin a dit que l’on doit « s’assurer que toutes les lois et réglementations sont en place pour sanctionner les auteurs ».