La première édition du Salon des industries musicales d’Afrique Francophone (SIMA) se tiendra à Abidjan du 17 au 18 novembre 2022 avec la participation d’artistes de renom comme A’Salfo.Au cours de cet événement, de nombreux experts de la musique se réuniront pour discuter des questions liées à la digitalisation de l’industrie musicale africaine.
La question brûlante des droits d’auteur y sera également abordée, afin d’éclairer la lanterne de nombreux artistes africains qui, en réalité, ne maîtrisent véritablement pas cette notion du droit d’auteur pour lequel une nécessité de sensibilisation s’impose.
De nombreux pays africains tels que le Burkina Faso, le Bénin, le Sénégal et la Côte d’Ivoire disposent de lois sur les droits d’auteur, et qui correspondent aux standards internationaux. Les droits d’auteurs, en Côte d’Ivoire, sont régulés par le Bureau ivoirien du droit d’auteur (BURIDA).
Cet organisme de gestion collective du droit d’auteur reverse les dus aux artistes et agit en justice pour défendre leurs intérêts. Malheureusement, en Afrique, ce droit est très peu connu et faiblement pratiqué par les acteurs de l’industrie musicale eux-mêmes et par les détenteurs du pouvoir public.
Des efforts supplémentaires en termes de sensibilisation et même d’éducation des artistes devraient être déployés pour permettre aux acteurs de l’industrie musicale de comprendre les mécanismes du droit d’auteur.
« Une personne qui n’est pas informée n’est pas formée. Je pense que des cadres de formation doivent être créés afin de permettre à nos artistes africains de savoir ce qu’est le droit d’auteur. Si ces artistes connaissent leurs droits, ils peuvent réclamer leurs droits d’auteur. La formation s’impose et je me réjouis que des plateformes naissent pour résoudre ce problème », a déclaré Salif Traoré dit A’salfo, lead vocal du groupe musical ivoirien de Magic System.
A’salfo interviendra sur cette problématique lors de cette première édition du SIMA aux côtés d’autres grands noms de l’industrie musicale tels que Olivier Laouchez, Alexandre Kirchhoff, Michel Duval, Benjamin Ifrah ou encore Edgar Yonkeu.
Pour sa part, Singuila, artiste franco-congolais de RNB, pointe du doigt un défaut de structuration et d’organisation de l’industrie musicale, ce qui a pour conséquence de rendre plus difficile l’identification et le respect des droits d’auteur.
« Le droit d’auteur est censé être la principale source de revenu d’un artiste. Malheureusement, ce n’est pas le cas. On consomme énormément de musiques dans des radios, des clubs, sur Internet et partout ailleurs, sans même que l’artiste ne bénéficie de tout ceci, tout simplement parce que rien n’est organisé pour qu’il en soit ainsi », a-t-il ajouté.
« La question des droits d’auteur devient d’autant plus importante que la digitalisation de la musique, même si elle apporte un dynamisme au secteur, fait aussi le lit de toutes les violations des droits d’auteur sur internet », ont soutenu Mamby Diomande et Pit Baccardi, co-fondateurs de cette première édition du Salon des Industries Musicales d’Afrique Francophone.
Les experts estiment que le droit d’auteur naît dès la production d’une œuvre musicale, mais pour des questions de sécurité, il est conseillé de déposer l’œuvre auprès d’un organisme approprié pour sa protection.
Partout dans le monde, les auteurs-compositeurs et les interprètes sont les premiers bénéficiaires d’une œuvre produite et ceux-ci se partagent équitablement l’ensemble des droits d’auteur, 50% pour chacun.
Ceci étant, lorsque l’exploitation commerciale d’un album musical génère 50 millions de F CFA, le compositeur des chansons de l’album recevra 25 millions de F CFA et l’interprète percevra lui aussi 25 millions de Francs CFA.
Par ailleurs, ces derniers peuvent céder les droits de leurs œuvres à un éditeur de musique à la suite d’un accord avec lui, mais celui-ci ne pourra les exploiter que sur un temps bien déterminé, fixé par le contrat d’édition musicale.
En France, où de nombreux artistes africains commercialisent leurs œuvres, la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SACEM), une fois que les différentes parts découlant des droits d’auteur sont distribuées entre l’auteur et le compositeur, fixe diverses redevances sur l’exploitation sur l’œuvre.
« Le droit d’auteur est essentiel pour les auteurs et compositeurs de musique. Il représente souvent pour eux l’unique source de revenus. C’est le salaire des créateurs. Ils adhèrent aux sociétés de gestion collective afin que celles-ci récupèrent auprès des utilisateurs et leur reversent, les revenus que génèrent leurs musiques chaque fois qu’elles sont diffusées, jouées ou reproduites » a dit Okio Akotchaye Koula, International Development Officer de la SACEM pour l’Afrique, qui lui aussi interviendra lors de cette édition du SIMA à Abidjan.
L’on peut citer également le droit de reproduction mécanique (DRM) lorsqu’une œuvre est reproduite sur un CD, jouée en streaming ou téléchargée de façon digitale. La répartition de ces revenus est gérée par la SACEM.
Au cours du Salon des Industries Musicales d’Afrique Francophone (SIMA), toutes les questions relatives à ce sujet seront développées par les artistes eux-mêmes et par des spécialistes du secteur.