Les dirigeants sortants de l’APROMAC, l’Organisation interprofessionnelle agricole (OIA) de la filière, sont accusés d’avoir créé une association, dont la candidature pourrait « fausser les calculs » lors de l’Assemblée générale élective prévue ce 16 décembre 2022.La Fédération des OPA des producteurs de la filière hévéa de Côte d’Ivoire (FPHCI) récuse notamment l’entrée dans le processus électoral de l’Association nationale des planteurs d’hévéa et affiliés de Côte d’Ivoire (ANAPHA-CI), créée selon elle par les dirigeants sortants de l’APROMAC pour ces joutes électorales.
L’ANAPHA-CI a été « créée le 6 mai 2022 et le 23 juin 2022, cette association a déposé son dossier de reconnaissance déjà à l’APROMAC », a dit M. Issouf Camara, secrétaire général de la FPHCI, ajoutant que de la date de création à celle du dépôt de dossier, « en 47 jours, cette association a fait adhérer 31.000 producteurs en son sein, soit 18% des producteurs, donc éligible à l’OIA APROMAC ».
« Même le ministère de l’Agriculture, au temps du ministre Mamadou Sangafowa, malgré les campagnes sur le terrain, nous n’avons pas dépassé les 11.000 producteurs (en termes de recensement) », a fait remarquer M. Issouf Camara, estimant que cela pose un « problème d’éthique », lors d’une conférence de presse ce mercredi 14 décembre 2022.
M. Issouf Camara, le secrétaire général de la FPHCI, a ensuite fait observer que le mandat en cours des dirigeants actuels devrait s’achever le 26 juin 2022, mais déjà le 23 juin 2022 l’ANAPHA-CI a déposé son dossier de reconnaissance et « demande à être membre à part entière de l’APROMAC ».
Suite au dépôt, un accusé de réception a été remis à l’ANAPHA-CI le 11 juillet 2022 en vue d‘être membre de l’APROMAC. Pour M. Camara, on ne peut pas empêcher des personnes de mettre en place une association, toutefois leurs desseins ne doivent pas ignorer les problèmes de la filière hévéicole.
« Ce sont les Techniciens du développement hévéicoles (TDH), agents de l’APROMAC sous la responsabilité de M. Konan Albert qui sont le relais de cette nouvelle association », a affirmé M. Camara, faisant savoir que « ce sont les TDH qui ont commencé à faire les enrôlements des planteurs ».
M. François Nogbou, le président du Syndicat national des planteurs d’hévéa de Côte d’Ivoire (SYNAPHECI), a soutenu que c’est M. Eugène Kremien, le président sortant de l’APROMAC qui a « monté l’ANAPHA-CI de toute pièce ». Le président sortant a laissé entendre depuis qu’il ne compte pas rempiler.
M. Issouf Camara a révélé que ce mardi 15 décembre 2022, à la veille de cette conférence de presse, le président sortant M. Eugène Kremien a demandé au ministère de tutelle, lors d’une rencontre, que « l’autorité de régulation prenne le contrôle de l’APROMAC ».
Pour le secrétaire général de la FPHCI, Issouf Camara, « la filière hévéa toute entière vient d’échapper à un attentat perpétré par Kremien et son (organisation) ANAPHACI et nous pensons que l’Etat de Côte d’Ivoire ne va pas suivre » cette démarche.
La filière hévéa, à l’instar de plusieurs autres filières, s’est dotée d’une Organisation Interprofessionnelle Agricole (OIA). Depuis l’année 2020, l’APROMAC a été officiellement reconnue comme étant l’OIA de la filière hévéa en Côte d’Ivoire, premier producteur africain.
L’APROMAC regroupe en son sein deux collèges à savoir le collège des transformateurs (AUPCN) et le collège des producteurs (composé de la FPH-CI et des planteurs individuels). M. Camara a assuré que « l’Assemblée générale va se tenir dans les normes » selon la décision de deux collèges.
L’ANAPH.A-CI a cinq membres fondateurs qui forment le Bureau Exécutif de l’Association. L’organisation est présidée, selon une note explicative de l’objet, par M. Léonce Obrou Aka, avec un vice-président M. Alexis Mossou Kadjo. L’objectif de la nouvelle association qui n’est pas encore membre de l’APROMAC, est de veiller au bien être des planteurs d’hévéa.
Le secteur de l’hévéa en Côte d’Ivoire a rapporté en 2021 environ 850 milliards de Fcfa, Le pays qui envisage de rester leader africain de la production d’hévéa vise le 3e rang mondial, avec une production en passant de 1,100 million de tonnes par an à 1,5 million de tonnes par an.