Une délégation malienne, en visite au débarcadère Mohammed VI de Locodjro, s’imprègne de l’expertise des mareyeuses et des transformatrices dans le fumage de poissons avec les Fours FTT.Ce voyage d’échanges d’expériences a été organisé par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Il se veut un outil de vulgarisation et de dissémination des bonnes pratiques en matière de fumage de poisson pour garantir des produits de qualité et la santé des populations.
Selon M. Koné Aboubakar, administrateur national du projet Initiative pêche côtière – Afrique de l’Ouest (IPC-AO), en Côte d’Ivoire, ce projet a également pour objectif d’accompagner les acteurs de la pêche artisanale afin d’améliorer leurs conditions de travail.
Le four FTT est un système bâti sur les acquis des modèles de fours améliorés existants et qui sont déjà largement adoptés sur le continent africain, tel le Chorkor. Il est né des efforts collaboratifs entre la FAO et l’Institut de formation CNFTPA du Sénégal.
Il comprend un four à braise, une plaque à graisse, un générateur de fumée, et un répartiteur d’air. Cette technique est une réponse au besoin d’améliorer les opérations de séchage et de fumage de poisson à petite échelle.
M. Koné Aboubakar a fait observer que le fumage des poissons au four FTT améliore la qualité du poisson en évitant les produits cancérigènes appelés HAP (Hydrocarbures aromatiques polycycliques) contrairement au four traditionnel qui expose la santé des consommateurs à des maladies.
Pour démocratiser ces bonnes pratiques, la FAO, au niveau de la Côte d’Ivoire fait venir au débarcadère Locodjro des mareyeuses de Sassandra, une cité balnéaire du Sud-ouest ivoirien. Aussi, des femmes de Locodjro ont-elles fait le déplacement pour un échange d’expériences au Sénégal, où les fours FTT ont été mis au point.
Transformatrice de produits halieutiques, Sana dite Wony Tiéminta, directrice d’un centre de formation en pisciculture au Mali et membre de l’Union nationale des femmes intervenant dans la filière de la pêche, se félicite de cette initiative de la FAO.
« On a eu l’impression d’être à l’école. C’est une chose d’apprendre les connaissances dans un cahier, c’en est une autre de les pratiquer sur terrain. D’ores et déjà, on a le sentiment d’avoir une solution dans nos bagages pour retourner au pays », a dit Wony Tiéminta.
« Au Mali, aujourd’hui, nous avons énormément de problèmes, surtout pour l’exportation du poisson fumé à cause du taux élevé de HAP dans nos produits », renseigne Sana qui pense que le système de four FTT « est la solution à nos problèmes au Mali ».
Elle propose qu’il serait judicieux de faire venir à Abidjan les jeunes artisans Maliens pour apprendre la technique d’installation des fours FTT, car au regard des défis dans la transformation des produits halieutiques, « c’est une synergie qui s’impose d’elle-même ».
Au Mali, rapporte-t-elle, « c’est principalement les fours traditionnels qui sont utilisés et il y a quelques années il y a eu les fours Chorkors ». Sinon, généralement, « nous utilisons les insecticides et des produits chimiques pour maintenir le poisson fumé en état pour la conservation ».
Avec cette pratique, « on a de la peine à exporter ce poisson fumé », confie Wony Tiéminta. Cette visite facilitée par la FAO Mali et s’inscrivant dans le cadre de l’appui institutionnel au gouvernement, vient lui donner un moyen pour avoir des produits compétitifs sur le marché régional.
Dr Kossobo Abdoulaye Aziz, co-consultant technique dans la coordination du projet à la FAO Mali, relève que cette visite intervient dans le cadre d’un projet intitulé promotion des normes et codes d’usage dans la filière poisson fumée et la documentation des potentiels et faits positifs sur d’autres filières.
Ce projet est financé par le Fonds pour l’application des normes et le développement du commerce. Initiative conjointe de l’OMS et de la FAO, il a pour objectif la fourniture d’équipements et le développement des capacités locales dans le suivi des contaminants en matière de denrées alimentaires.
Le Bureau de la FAO du Mali a mis en œuvre le projet MTF/MLI/063/STF relatif à la sécurité sanitaire des produits halieutiques mis à la consommation humaine. Ce projet a permis de relever d’importants niveaux de pertes post-captures et de résidus de contaminants chimiques notamment les HAP dans les produits fumés.
À la suite des échanges du comité national de pilotage de ce projet tenu le 06 juillet 2022 à Bamako, les membres ont recommandé une visite de partage d’expérience en Côte d’Ivoire pour observer des modèles de fours améliorés de fumage des poissons.
L’objectif global de cette mission qui se déroule du 24 au 28 janvier 2023 est de capitaliser les leçons apprises auprès des transformatrices ivoiriennes utilisant les fours FTT ou d’autres fours ou techniques de transformation-conservation du poisson, et de partager les bonnes pratiques à répliquer au Mali.
L’équipe du projet Initiative Pêches Côtière de la FAO Côte d’Ivoire a organisé durant cette visite, une séance de démonstration de fumage de poisson avec les fours FTT. Cette démonstration a été assurée par les transformatrices de Locodjro au profit des transformatrices de poissons du Mali.