Si la Zone franc réalise d’importantes performances du point de vue macroéconomique, l’ancien directeur général du Fonds monétaire international, le Français Dominique Strauss-Kahn, pense que ces succès sont liés à la garantie de convertibilité et à la stabilité dont bénéficie cette monnaie.
Selon Jeune Afrique, l’économiste devenu conseiller du Congo Brazzaville, souligne que «le problème politique devient de plus en plus sensible comme l’ont montré les protestations de l’été 2017». D’où la sonnette d’alarme qu’il tire afin de réformer cette monnaie commune aux 14 Etats membres de la zone Franc.
Pour lui, la Zone franc présente plusieurs défauts «qui en limitent les potentiels bienfaits». Les limites au fonctionnement optimal de cette monnaie résident selon l’ancien ministre de l’Economie de France, dans la quasi-impossibilité d’aboutir à une modification de la parité fixe avec l’euro, la mise des destins des deux sous-régions que sont la Cemac et l’Uemoa, le dépôt des réserves auprès du Trésor français ou encore la faiblesse de l’intégration régionale.
«Le marché commun est encore inachevé en Afrique de l’Ouest (région dotée de traditions d’échanges) et il est demeuré en grande partie nominal en Afrique centrale (régions de forêts aux échanges traditionnellement limités et, aujourd’hui, sous l’empire de la rentre pétrolière. », indique l’économiste dans une étude analytique de 29 pages intitulée « Zone franc, pour une émancipation au bénéfice de tous », publiée le 13 avril dernier.
Ainsi, pour que l’on n’aboutisse pas à une réforme cosmétique du fonctionnement du CFA, dont les conséquences fragiliseraient davantage les économies faibles, DSK préconise une réforme en profondeur.Celle-ci passe par la réattribution des sièges détenus par la France dans les conseils d’administration des banques centrales africaines à des administrateurs internationaux indépendants étrangers, l’élargissement de l’ancrage de la monnaie à des devises autres que l’euro, l’assurance d’une meilleure coordination économique des économies de la région, et l’’élargissement de l’Uemoa au Ghana. Cela passe par la promotion de la coopération entre la Banque centrale européenne et les banques centrales de la zone Franc car, seule l’Union européenne est seule habilitée à discuter des accords de change.
Au-delà, il faut améliorer le dialogue avec les autorités africaines, associer les partenaires européens aux négociations et mettre l’accent sur le renforcement de la monnaie.