Durant presque tout le mois de février, l’Institut français du Congo (IFC) organisera une exposition dénommée Boulevard d’Afrique sur le thème : « Boulevard Jane et Jean Rouch ». Elle est consacrée à l’œuvre cinématographique du grand cinéaste français, Jean Rouch et son épouse.
L’une des artistes formées par Jean Rouch, Fifi Tamsir Niane Cochery, invitée à l’exposition de Brazzaville, évoque, avec forts souvenirs, dans un entretien exclusif avec Les Dépêches de Brazzaville, celui qui lui a donné le goût de devenir actrice du cinéma.
Assise dans son luxueux salon de la case De-Gaulle dans le deuxième arrondissement de Brazzaville, Bacongo, Fifi Niane Cochery nous reçoit jovialement pour réaliser une interview sur un personnage qui l’a beaucoup marquée. D’entrée de jeu, elle nous demande d’être plus détendus que d’habitude, parce qu’elle va parler de son « père spirituel », presque tuteur.
A la question de savoir comment elle s’était rencontrée avec Jean Rouch, Fifi Cochery répond, toute souriante : « J’avais à peine 22 ans, en 1986, quand je regardais l’émission de télé Le cinéma de minuitet je tombe sous le charme de Moi un noir, un film de Jean Rouch. J’ouvre le bottin téléphonique et je trouve le numéro du réalisateur, je l’appelle et je tombe sur Jane, son épouse. Je prends un rendez-vous et ainsi commence ainsi notre relation professionnelle ».
A cette époque, poursuit-elle, Niane n’avait l’idée ni l’ambition de devenir cinéaste. Après quelques années de fréquentation de Jean Rouch et la participation comme figurante dans les films de Rouch, elle prend goût du cinéma.
Le premier film de Niane sous la conduite de son mentor est sa première pièce de théâtre dénommée: Bac ou mariage réalisée en 1988. Ce film traite d’une histoire d’amour. En effet, à Dakar, Soukey qui vient d’obtenir son brevet apprend que son père a choisi pour elle entre le baccalauréat et le mariage, en lui faisant épouser un vieux polygame directeur d’usine. Soukey se révolte et tente de s’enfuir, aidée par ses amis.
Evoquant la forte implication de Jane dans les œuvres de son époux, Niane Cochery a constaté que pendant le centenaire d’hommage à Jean Rouch, rendu dans beaucoup de pays, notamment en France, on a parlé peu de son épouse, Jane.
Niane se donne le plaisir, a-t-elle indiqué, de rendre hommage à cette femme de culture qui lui a permis de rencontrer son époux. « Son regard de l’Afrique est bien souvent associé, et les gens ne le savent pas, à celui de son épouse », a-t-elle expliqué.
De son vivant, Jean Rouch a visité plusieurs pays africains, a laissé entendre Niane avant d’ajouter, cela reste à vérifier que Jean Rouch était également au Congo et aurait son studio de montage ou de réalisation à Pointe-Noire, la ville économique. « C’est bien dommage, parce que le temps ne m’a pas permis de vérifier l’exactitude de cette information », a-t-elle indiqué.
Notons que du 3 au 23 février, il est prévu à IFC, entre autres activités : une projection du « Petit à petit », un film hommage à Jean Rouch et une conférence-débat sur le thème : « Jean Rouch et le cinéma », avec la participation de Fifi Tamsir Niane Cochery (artiste), Pierre-David Fila (cinéaste), Véronique Joo’ Aisenberg (responsable de la cinémathèque Afrique à l’Institut français de Paris) et Ana Lisa de Santana Afonso (représentante de l’Unesco au Congo).
Retenons que Jean Rouch est décédé en 2004 et son épouse Jane Rouch en 1987.