L’ambassadeur de la République du Congo en République populaire de Chine estime, qu’il existe encore des pistes à explorer dans le cadre des relations entre l’Afrique et la Chine qui ont porté leur coopération en 2015 au rang de partenariat stratégique global.
Les chefs d’Etat d’Afrique et de Chine se réuniront en septembre, à Beijing, dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine. Selon vous, que représentent ces assises pour les deux parties ?
Je pense que c’est un moment très important pour l’Afrique et la Chine d’autant plus qu’aujourd’hui, c’est le cadre de ce forum qui s’occupe de l’essentiel de la coopération entre les deux parties ; même si on doit toujours noter qu’un grand accent est mis sur le volet bilatéral entre la Chine et chacun de ces pays, mais l’essentiel se joue dans ce cadre de la coopération qui a été mis en place depuis 2000. Comme le disent nos amis chinois, 2018 est une année importante réservée à l’Afrique à travers ce sommet des chefs d’Etat, mais aussi en ce sens que la Chine est devenue pratiquement le premier partenaire commercial de l’Afrique. Quand vous notez tout cela, vous pouvez réaliser l’importance que les deux parties accordent à ce sommet qui se tient trois ans après celui de Johannesburg, en Afrique du Sud.
Certains observateurs estiment que la coopération sino-africaine n’est pas gagnant-gagnant. Ce forum peut-il offrir l’occasion aux deux parties d’explorer de nouvelles pistes de coopération ?
Ils sont libres de penser ainsi mais je ne suis pas sûr que ce soit le point de vue des Africains et des Chinois qui vivent cette coopération au quotidien. Ce sommet reste malgré tout un moment important qui permettra de faire le point de ce qui avait été décidé en Afrique du Sud, notamment la mise en œuvre de la déclaration de Johannesburg et du programme d’action. Il s’agira aussi de voir vers quels horizons les deux parties peuvent continuer à développer leur coopération. En Afrique du Sud, il y a eu quelque chose de notable à retenir, la mise en place d’un partenariat stratégique global entre la Chine et l’Afrique. Ce partenariat n’a pas encore atteint toutes ses limites, il y a encore beaucoup de choses à explorer par rapport à ce qui a été fait sur la base des dix mesures de Johannesburg et aux attentes des deux parties.
Nous avons au niveau de l’Afrique, l’Agenda 2063 et la Chine, de son côté, travaille pour réaliser la société de moyenne aisance à court terme et à long terme la réalisation du rêve du grand renouveau de la nation chinoise. Nous avons des ambitions que nous comptons mettre en perspectives pour atteindre les objectifs qui se cachent derrière. Il y a également du côté chinois, l’initiative de la ceinture et de la route du président Xi Jinping qui est en train de courir le monde, de conquérir les espaces. L’Afrique a montré, à travers ses dirigeants, l’intérêt qu’elle peut y trouver et c’est un des points qui pourra certainement s’inviter au prochain forum Chine-Afrique.
Derrière cette initiative du président chinois, il y a aussi cette autre idée qu’il a développée sur la communauté des destins. Il sera en quelque sorte question de continuer à travailler, à consolider l’idée de mettre en commun nos moyens pour développer la communauté des destins. Aujourd’hui, tel que le monde se présente, il est difficile de se développer seul. Le sort des uns et des autres dépend pratiquement de tout ce qui se passe dans le monde. Il suffit qu’il y ait une épidémie quelque part pour que l’on la ressente à des milliers de kilomètres. Vous avez suivi dernièrement la situation d’Ebola en République démocratique du Congo avec des conséquences jusqu’ici en Chine sur le continent asiatique. Donc, le monde est devenu un et je pense que c’est à juste titre que le président Xi Jinping s’emploie à mettre en œuvre cette idée de communauté des destins.
La coopération sino-africaine a-t-elle connu quelques avancées après le sommet de Johannesburg de 2015?
Avant Johannesburg, il n’y avait pas, par exemple, le chemin de fer reliant Addis-Abeba en Ethiopie et Djibouti, de même que celui assurant la connexion entre les villes de Mombasa et de Nairobi au Kenya. Hormis cela, au Congo, nous avons commencé à mettre en place la zone économique spéciale de Pointe-Noire qui est aussi l’un des projets emblématiques de Johannesburg. Il y a plusieurs projets du genre à travers l’Afrique. L’évaluation à mi-parcours qui a été faite de la mise en œuvre des recommandations du sommet de Johannesburg faisait constater que plus de 80% des soixante milliards de dollars que la Chine avait consentis, dans le cadre de la coopération sino-africaine, ont déjà été consommés à travers la réalisation d’un certain nombre de projets. Je crois que beaucoup de choses ont été faites depuis le sommet de Johannesburg. Il y a certains projets qui vont continuer à suivre leur cours quatre à cinq ans après.
Le processus de création de la zone économique spéciale de Pointe-Noire pourra-t-il connaître une accélération au terme du prochain sommet de Beijing?
La zone économique spéciale de Pointe-Noire fait partie des projets de 2015. Le travail va se poursuivre et s’il y a quelques difficultés, elles ne seraient pas nécessairement dues à la partie chinoise. Nous avons eu quelques difficultés à rendre le terrain disponible à cause des occupations. Il faut exproprier ceux qui ont légitimement leurs droits sur la zone retenue pour ce projet. Il y a certainement beaucoup de travaux à faire qui relèveraient plus de la responsabilité congolaise que chinoise. Je ne pense pas que le développement de ce projet dépend du prochain forum, parce qu’il n’y a pas de difficultés de ce côté.
Le forum Chine-Afrique est un cadre qui a l’avantage d’exister et au fil des ans, continue à se nourrir de son dynamisme. Cette fois-ci, nous aurons l’avantage de ce que l’Union africaine, qui était absente à Pékin, pourra ouvrir son bureau. Il y a aussi l’arrivée de trois nouveaux membres au forum dont la Gambie et le Burkina Faso.