Dans une COP 27 marquée par des négociations houleuses sur le financement climatique en Afrique, le continent cherche également ses propres propres voies. L’African Green Bank initiative (Initiative des banques vertes en Afrique) qui sera doté d’un fonds fiduciaire de 1,5 milliards $ escompte prendre progressivement les devants, en promouvant le financement de projets verts par les banques locales.Mardi, 15 novembre 2022, en marge de la COP 27 à Sharm el-Sheikh en Égypte, la Banque africaine de développement (BAD) a présenté, sous l’égide de l’Alliance financière africaine sur le changement climatique (AFAC), sa nouvelle initiative des banques vertes en Afrique. Cette présentation a eu lieu lors d’un événement qui avait pour thème : « Libérer le potentiel vert de l’Afrique grâce à l’Initiative des banques vertes africaines », présidé par Kevin Kariuki, vice-président de la BAD chargé de l’Electricité, de l’Energie, du Climat et de la Croissance verte.
L’Initiative des banques vertes africaines découle de l’ambition du président Akinwumi Adesina d’accroître la participation du secteur financier à l’action climatique. Cette initiative, qui vise à structurer un écosystème de facilités de financement vertes à travers le continent africain, apporte une solution pour la participation du secteur privé au financement climatique à l’échelle en utilisant une partie relativement faible des « fonds publics » pour attirer des fonds privés beaucoup plus importants afin d’investir dans des projets d’adaptation et d’atténuation en particulier.
« L’initiative des banques vertes est un outil puissant pour réduire les coûts de financement et mobiliser les investissements du secteur privé dans l’action climatique en Afrique. Les banques multilatérales de développement et les institutions financières internationales ont un rôle crucial à jouer en donnant aux institutions financières locales les moyens de développer des projets verts locaux et de faciliter leur accès aux ressources nécessaires pour mettre les pays africains sur la voie d’une croissance durable et décarbonée », a déclaré Kevin Kariuki dans son allocution de bienvenue.
Le point fort de cet événement en marge de la COP 27 africaine, largement dominée par les questions de financement, était un panel d’experts et de spécialistes de la finance climatique. Autour de la table, des praticiens de la finance climatique, des gestionnaires d’actifs, des banques commerciales africaines, des banques vertes ont discuté des opportunités de mise en place d’un écosystème de facilités de finance verte en Afrique.
Levier de vitesse
Selon ces experts, les banques vertes sont une solution clé pour remédier au manque de financement climatique sur le continent africain – de loin le plus touché au monde-, les promesses des pays développés n’étant toujours pas tenues et la grande majorité du financement climatique étant allouée à d’autres régions du monde. L’Afrique abrite pourtant 9 des 10 pays les plus touchés et 35 des 45 États les plus vulnérables au monde. Elle représentait moins de 5 % du total des investissements climatiques mondiaux en 2020, alors qu’elle a besoin de 2 800 milliards de dollars d’ici 2030 pour mettre en œuvre ses contributions déterminées au niveau national (CDN).
Face à cet important déficit, que la BAD estime à plus de 125 milliards de dollars par an, les banques vertes et les fonds nationaux pour le changement climatique sont devenus des leviers que les acteurs africains veulent utiliser pour accélérer l’action climatique sur le continent. Et pour cause : ils ont l’avantage de très bien connaître les conditions, les risques et les opportunités de leur marché.
Selon Audrey-Cynthia Yamadjako, coordinatrice de l’Initiative, les facilités de financement vert, nouvellement créées ou hébergées dans des institutions financières existantes sont « la solution pour amener le financement privé à l’échelle dans l’action climatique par la traduction des 2,8 trillions USD de besoins de mise en œuvre des NDC en projets bien structurés et bancables ».
Dans cette optique, en 2023, suite à la COP 27, la BAD débutera la phase pilote de cette Initiative par la fourniture d’une assistance technique à une première cohorte d’entités : des banques locales et des gouvernements.
Cette Initiative comptera notamment sur le soutien d’Amundi, leader européen de la gestion d’actifs et pionnier de l’Investissement responsable. Amundi contribuera en nature aux activités d’assistance technique, en soutenant la formation des équipes de gestion et d’investissement des établissements verts et en accompagnant ces entités dans leur stratégie de mobilisation des ressources. Amundi mobilisera également ses véhicules d’investissement dédiés au développement durable dans les marchés émergents et les économies en développement (EMDE), dont le fonds Amundi Planet Emerging Green One (EGO) lancé avec la Société financière internationale (SFI), pour soutenir la capitalisation des facilités vertes et participer ainsi au développement de l’investissement vert sur le continent.
Dans le contexte de cette COP 27 où il est question d’appeler les banques multilatérales de développement et les institutions financières internationales à déployer des instruments financiers pour de plus grands résultats, notamment sur la mobilisation des capitaux privés afin d’assurer une plus grande efficacité financière et de maximiser l’utilisation des capitaux concessionnels et à risque existants pour stimuler l’innovation et accélérer l’impact, le Fonds pour la facilité de financement vert en Afrique (AG3F), véhicule dédié soutenant l’Initiative des banques vertes en Afrique, sera parfaitement aligné avec le plan de mise en œuvre de Sharm el-Sheikh.