Pour la Société nationale d’énergie électrique, ces coupures répétées se justifieraient, entre autres, par les travaux de maintenance des installations.
Ces dix dernières années, la République du Congo a inauguré au moins deux barrages et augmenté la capacité de sa plus grande unité, la centrale électrique de Pointe-Noire qui a atteint 484 mégawatts. Avec plus de 800 mégawatts de puissance installée, contre 89 mégawatts il y a 20 ans, le pays envisageait d’exporter la denrée. Mais, les petites activités et les ménages sont aujourd’hui confrontés à d’interminables coupures. Pour la Société nationale, la desserte est perturbée par les surcharges les travaux de maintenance des installations.
Dans le périmètre du CEG de l’Amitié à Bacongo, la grande boucherie de Rigobert Massamba grouille de monde. L’homme est envahi par la clientèle. Mais il tourne parfois à perte parce que la qualité du courant laisse à désirer. « Bon ! L’électricité au Congo est un casse-tête comme tous les autres aspects des problèmes. L’électricité n’est jamais stable. Il y a à peine une semaine, j’ai perdu un stock de denrées alimentaires congelées à cause d’une coupure qui a duré 48 heures », se plaint M. Massamba.
À quelques encablures de cette boucherie se trouve une menuiserie moderne. Ses machines sont souvent à l’arrêt faute d’électricité et André Kandza, chef d’atelier, livre certaines commandes avec beaucoup de retard. « On est pénalisés. Il y a bien des travaux confiés par les clients qu’on peut faire, mais ça ne vaut pas la peine parce qu’il n’y a pas de courant. On est assis là, alors qu’on peut travailler de 7 heures à 12 heures. Puis, de 12 heures à 17 heures, mais on n’a pas d’électricité », explique M. Kandza.
Tous logés à la même enseigne
À Brazzaville les quartiers huppés tout comme ceux éloignés du centre-ville sont logés à la même enseigne : les coupures intempestives y sont observées tous les jours ou presque. Les populations sont désemparées. « Si je me souviens bien, on connaît les délestages depuis l’année 2000 jusqu’aujourd’hui. Imaginez vous-mêmes, ça ne s’améliore pas. On ne comprend pas pourquoi ça ne marche pas », se désole un habitant.
« Évidemment l’histoire des coupures d’électricité c’est tout un problème. Je ne sais même pas comment qualifier cela. C’est compliqué. On n’arrive même pas à bien vivre : pas moyen de faire les provisions à la maison, les chambres froides de la boucherie ne marchent pas ! Ça ne marche pas », lâchent d’autres habitants de Brazzaville mécontents.
Des coupures d’électricité justifiées pour la Société énergie électrique du Congo
Et pourtant les investissements destinés à l’amélioration de la desserte ont été conséquents ces dernières années. Mermans Babounga, de l’Observatoire congolais des droits des consommateurs, reste interrogateur. « C’est assez curieux. Mais, le problème c’est de s’interroger si on a bien investi ces milliards-là ; si on s’est contentés d’investir dans l’équipement et non dans les ressources humaines pour assurer la maintenance… Il est évident que des problèmes se posent lorsqu’il s’agit de régler un problème de maintenance », analyse M. Babounga.
Du côté de la Société énergie électrique du Congo (2EC), ces coupures répétées se justifieraient, entre autres, par les travaux de maintenance des installations. Un argument qui ne convainc pas de nombreux abonnés.