Les humanitaires et les populations voient à travers cette réhabilitation l’amélioration de la sécurité alimentaire dans un proche avenir et surtout la baisse de la dépendance vis-à-vis des produits congelés.
Totalement abandonnée lors des derniers évènements qui ont détruit le tissu socio-économique du Pool (sud), la grande station piscicole de Mayama vient d’être réhabilitée grâce à une contribution financière de la Chine gérée par le Programme alimentaire mondial (PAM).
À la sortie nord de Mayama dans un bas-fond environ 200 personnes : des hommes et des femmes bottes aux pieds, gangs aux mains viennent de couper la forêt, les bambous de Chine et les hautes herbes qui avaient envahi et bloqué la production de plusieurs étangs de 25 mètres carrés chacun ainsi que d’autres, réservés à la reproduction. La pisciculture renaît à Mayama à la grande satisfaction de Christine Missamou et d’autres habitants de ce district.
« Avant, nous aménagions seulement des étangs de petite taille. Mais cette fois-ci, les donateurs nous ont apporté des poissons ; voilà pourquoi nous avons prévu des étangs de grande capacité pour que les poissons y soient vite élevés pour plus de revenus pour nos enfants qui vont à l’école et pour les familles », raconte sourire aux lèvres une habitante de Maya travaillant dans un étang.
Des demandes en variété de poissons
Dans les étangs piscicoles, les bénéficiaires souhaitent désormais avoir une grande variété de poissons. Leurs doléances seront prises en compte, assure Daouda Bamba qui coordonne une ONG chargée de la relance de la pisciculture dans le Pool. « L’espèce tilapia demeure l’espèce principale. Nous allons ajouter une espèce appelée Congo ya sika en langue locale ; nous allons ajouter les silures. Puis un autre poisson qui joue un peu le rôle de prédateur et empêche les tilapias de se multiplier de façon anarchique et limite leur croissance », a indiqué M. Bamba
Les habitants de Maya-Maya manifestent le désir de mener, en dehors de la pisciculture, d’autres activités génératrices de revenus dans cette zone où la terre est riche et surtout disponible. « Après avoir fait la pisciculture, nous devons développer le maraîchage par exemple. Parce que la pisciculture est un travail à long terme. Il nous faut aussi un travail à court terme afin que nous mangions », nous a confié un chef de famille.
Des populations encore touchées par la malnutrition
Les humanitaires quant à eux appellent les donateurs à multiplier les interventions en faveur des populations du Pool qui connaissent encore la malnutrition. « La population continue malheureusement d’affecter la population du Pool où l’on estime qu’un enfant sur dix est toujours malnutri. Ce qui s’est passé entre 2017 et 2018 a beaucoup affecté les moyens d’existence des gens. Ce n’est pas en quelques mois que tout va revenir à la normale », a expliqué Jean-Martin Bauer, représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) au Congo.
À cause de l’insécurité, l’activité économique du Pool avait nettement ralenti à partir de 2016. Elle a bien repris, car depuis quelque temps sur le chemin de fer et la nationale 1 des marchandises et des personnes traversent de nuit comme de jour cette province jadis considérée à juste titre comme le grenier de Brazzaville.