Dans cette interview, Dr Joe Borel Mahoungou Ncani, ce médecin résidant en France parle des préparatifs de cet évènement et sollicite l’apport de tous pour sa réussite.
Le coordinateur du Réseau des organisations pour les actions humanitaires et la solidarité internationale, médecin humanitaire, organise du 2 au 4 mars, à Nkayi, la deuxième édition du festival humanitaire Solid’Actions couplé au carnaval des cultures, en collaboration avec la Fondation Humanis Congo et l’ONG AHP Sida/IST Congo.
Docteur, vous revenez au Congo douze ans après l’organisation de la première édition du festival humanitaire Solid’Actions à Sibiti, dans le département de la Lékoumou, en 2006. Pourquoi avoir attendu si longtemps ?
Mon activité requiert beaucoup d’énergie et de don de soi… Il a fallu recueillir l’assentiment et l’engagement des principaux partenaires tels que les élus locaux qui soient réceptifs et sensibles aux besoins de leur population. Ceux de Nkayi, en l’occurrence, ont réagi favorablement et nous préparons tout cela ensemble dans une franche collaboration. Entre 2006 et 2018, nous avions mené plusieurs actions dans des localités différentes du Congo. Cela prouve que nous sommes présents bien que loin des médias. L’essentiel pour nous est que la population constate et bénéficie des bienfaits de nos actions. La deuxième édition du festival se tient douze ans après, je vais vous avouer que certains professionnels avaient eu la malice de mettre un gros plomb dans l’aile de cet événement qui nous tient à cœur. Nous voulions sédentariser le festival dans la localité qui avait accueilli la première édition. Malheureusement, très peu de gens comprennent qu’on n’avance pas d’un seul pied et, le public et les humanitaires constituent les deux pieds pour faire avancer les choses, c’est à dire développer certains secteurs.
Quelles sont vos principales motivations ?
Le bien- être de nos concitoyens et prôner le « Mieux vivre ensemble » que nous distillons depuis 2012 ou encore, si vous voulez, le « Vivre ensemble » que vous entendez maintenant. En rappel, je suis à la fois humanitaire et humaniste.
Vous parlez également de carnaval des cultures qui sera couplé au festival Solid’Actions. Pourquoi ce carnaval et quels en sont les participants ?
Ma troisième oreille entend une question que vous auriez posée, celle de savoir ce que c’est le carnaval des cultures. Le carnaval des cultures est un espace de revalorisation et de vulgarisation de nos us et coutumes, de la diversité culturelle de notre pays, en général, et de la ville de Nkayi, en particulier. A savoir pourquoi ce carnaval, je vous dirais simplement qu’après la revalorisation et la vulgarisation, chaque culture doit figurer dans l’aire de l’inter échange. Cela conduit à l’acceptation de l’autre. Nkayi est une ville cosmopolite. Notre souhait serait de voir l’implication et la participation de toutes les ethnies que compte la ville. C’est leur carnaval!
Le Congo traverse actuellement une crise économique, on parle de « Rupture », avez- vous tenu compte de cette situation ?
En tout état de cause, nous ne devons pas démissionner de notre mission, parce que le pays connaît des difficultés financières. Bien au contraire, cela devrait sonner « le moment » d’un éveil citoyen, c’est-à-dire de ne pas tout attendre de l’Etat. Que chacun réfléchisse sur son apport dans cet élan de solidarité. Les médias ne jouent pas pleinement leur rôle pédagogique. Votre rôle serait celui d’expliquer le contexte dans lequel le mot « Rupture » a été utilisé. Je ne pense pas que le festival Solid’Actions soit une antivaleur. Comme je l’ai dit plus haut, c’est une activité humanitaire et non lucrative. Nous ne venons pas vendre des produits à nos concitoyens. Nous apportons un peu d’humanité à la population pour lui donner de la joie mais aussi, luir offrir un lendemain meilleur.
Sur qui comptez-vous pour réussir cet événement très important ?
Le festival des actions humanitaires et de la solidarité n’est ni une activité politique ni une activité régionaliste. Il répond à un besoin solidaire et humanitaire et obéit à une logique de développement socio-économique et culturel. C’est la raison pour laquelle, il a été dénommé « Festival de la Vallée du Niari et le Kouilou ». La Vallée du Niari renvoie avant tout à un espace géographique présentant les mêmes caractéristiques physiques, climatiques et végétales. Pour revenir à votre question, nous comptons sur la sensibilité et la générosité des Congolais et des étrangers vivant au Congo, sans distinction aucune. Toutes les personnes éprises de convivialité sont les bienvenues. Pour cette édition, comme cela a été le cas lors de la précédente, et pour les éditions futures, la participation et l’apport de toutes les compétences sont souhaités. Il ne s’agit pas de cannibaliser le festival. J’ai œuvré, par le truchement de notre plateforme associative, pour la réhabilitation, la rénovation et l’équipement des centres de santé dans plusieurs localités de notre pays. Il a donc fallu se fixer un lieu pour abriter le siège et la ville de Nkayi nous a accordé son hospitalité. En passant, Nkayi n’est pas ma ville natale (rire), c’est un grand carrefour, facilitant l’accès dans l’hinterland. Pour cela, nous remercions M. Gaston Mampassi, président du Conseil municipal et maire de Nkayi, pour sa remarquable hospitalité et son entière implication dans le projet.
Pour conclure, quel est votre message au peuple congolais, en général, et à ceux de la vallée du Niari et du Kouilou, en particulier ?
Nous relançons ce festival dans cette partie du pays mais, les bénéficiaires ne sont pas forcément dans cette zone. Notre programme d’activité ne laisse aucun département à l’écart. A titre de rappel, nous avions organisé la première édition de ce festival à Sibiti. A l’occasion, le centre d’Obouya avait reçu un don de matériel médical. Obouya, c’est bien une localité de la partie septentrionale du Congo. Nous lançons un cri du cœur à tous, il s’agit du sursaut de la solidarité. Je m’adresse surtout aux politiques qui parlent tous au nom du peuple, c’est l’occasion de dire leur reconnaissance et de prouver leur empathie à ce peuple. Les entreprises devraient nous soutenir par le sponsoring, malheureusement, nos demandes demeurent sans suite. Mais, cela ne nous empêche pas de continuer à agir. Unissons-nous pour consolider le concept de l’interdépendance, c’est ainsi que le « Mieux vivre ensemble» aura réellement un sens et le monde retrouvera son vrai sens.