Par René Mavoungou Pambou, Activiste politique
Le leader de Unis Pour le Congo (UPC) Paulin Makaya, prisonnier politique, ayant effectivement purgé une peine arbitraire deux ans d’emprisonnement ferme, est maintenu à la maison d’arrêt de Brazzaville de manière illégale et arbitraire.
Il faille souligner que dans le meilleur des mondes, et de surcroit dans un pays de droit, jouissant de l’indépendance de son institution judiciaire, le leader de l’UPC aurait pu recouvrer la liberté de manière spontannée, au regard de législation du système judiciaire. Mais au Congo-Brazzaville, la situation de la justice et surtout de celle des droits des prisonniers politiques semblent avoir pris un sérieux coup. Il y a cependant lieu de s’en inquiéter!
D’emblée, il convient de signaler que Paulin Makaya n’est nullement coupable de haute trahison, n’a jamais tué personne encore moins d’avoir pillé les caisses de l’Etat et entraîné le Congo à la ruine, comme l’ont fait allègrement et en toute impunité les dirigeants de ce pays. Or tout le monde sait que les véritables criminels qui ont mal géré, pillé des sociétiés publiques et les ont méné à la faillite n’ont jamais été inquiétés. L’exemple en date est celui de la compagnie aérienne ECAIR (Equatorial Congo Airlines) qui a mis la clé sous le paillasson en moins de cinq ans de fonctionnement. Et à la surprise générale, personne de ses gestionnaires indélicats n’a jamais été interpellé devant “son parquet” par le petit procureur de Brazzaville Oko Ngakala!
C’est pourquoi on peut affirmer sans coup férir que le Congo-Brazzaville est pris en otage par une mafia à la tête de cet Etat et dont on ne saurait évaluer l’ampleur des dégâts au niveau du tissu social, des institutions publiques ainsi que la gravité des crimes économiques et de sang. Aussi, on ne peut pas comprendre que pour une simple marche pacifique de protestation contre un référendum illégal et impopulaire; et ce, en rapport avec une disposition de la loi fondamentale, Paulin Makaya puisse indéfiniment subir des représailles sinon une persécution injuste de la part d’un pouvoir notoirement criminogène, liberticide et régicide. Hélas, dans ce pays on est devant un paradoxe tel que les innocents sont embastillés et les véritables criminels et traîtres à la patrie courent encore. Cette situation est symptomatique de l’insoutenable réalité d’une justice à deux vitesses. Comme qui dirait deux poids, deux mesures!
C’est dans ces conditions que la demande de libération conditionnelle introduite quelques mois plus tôt par maître Ibouanga auprès du parquet avait reçu une fin de non-recevoir. Les deux ans d’emprisonnement ferme prononcé par une justice aux ordres viennent d’être purgées totalement et Paulin Makaya, contre toute attente, n’a toujours pas quitté l’univers carcéral. Il y’a donc lieu d’être consterné et scandalisé de constater qu’après une semaine de la date butoir, le pouvoir congolais s’illustre par un mépris des droits d’un prisonnier politique. On est donc réduit à se demander ce que l’on reproche encore à Paulin Makaya pour qu’il soit l’objet d’un tel acharnement. Pourquoi le juge d’application des peines ne statue-t-il pas pour la libération d’un prisonnier ayant observé un comportement irréprochable durant sa détention? Ne pourrait-on interpréter cette indécision par une inféodation de l’institution judiciaire à l’exécutif, de la part duquel elle recevrait des ordres; ce qui prouverait l’instrumentalisation de la justice congolaise?
Cette situation insolite et surréaliste prouve à suffisance qu’au Congo-Brazzaville on a bel et bien affaire à un régime totalitaire et tyrannique pratiquant le terrorisme d’Etat et dont l’arbitraire est la règle. En effet, outre la situation de Paulin Makaya, nombreux sont les prisonniers politiques et d’opinion qui croupissent depuis longtemps dans les geôles du pouvoir maléfique; et ce, sans jugement. Sassou Nguesso s’est donc allègrement assis sur le droit congolais! Il est de notoriété publique que la justice et le droit sont les protecteurs de la liberté et de l’égalité fondamentale des citoyens devant la loi et, par conséquent, du fonctionnement normal de la démocratie. C’est pourquoi il convient d’affirmer qu’il ne saurait y avoir de démocratie là où règne l’arbitraire et où le droit ainsi que la justice sont dévoyés.
- Tribune initialement publiée sur pagesafrik.info