Depuis le sacre de George Weah en 1995, jamais un Africain ne s’était aussi bien classé au Ballon d’Or France Football.Vingt-sept ans durant, le podium du Ballon d’Or (BO) France Football s’est obstinément refusé aux footballeurs africains. Ni l’Ivoirien Didier Drogba (4e en 2007) ni le Camerounais Samuel Eto’o (5e en 2009) ni l’Égyptien Mohamed Salah (6e en 2018) ni l’Algérien Riyad Mahrez (7e en 2016) n’ont réussi à l’apprivoiser.
Présent à quatre reprises depuis 2017 sur la liste des 30 meilleurs joueurs du monde et au pied du podium en 2019, le Sénégalais Sadio Mané vient d’écrire une nouvelle page d’histoire du football africain. L’attaquant âgé de 30 ans s’est hissé à la 2e place du classement de la 66e édition de cette prestigieuse récompense individuelle lors d’une cérémonie tenue lundi soir au Théâtre du Châtelet, à Paris (France).
Avec Liverpool, le joueur formé à l’Académie Génération Foot, située à Déni Biram Ndao, dans la périphérie de Dakar, a gagné la Coupe d’Angleterre et la Coupe de la Ligue, terminé 2e de Premier League à un point seulement de Manchester City et finaliste de la Ligue des champions. Dans ces compétitions, il a inscrit un total de 23 buts.
En sélection, Mané a offert à son pays la première Coupe d’Afrique des nations de son histoire (Cameroun 2021). Le parcours triomphal des Lions a notamment porté la griffe de l’actuel sociétaire du Bayern Munich, auteur de 3 réalisations et 2 passes décisives. Comme son équipe, le métronome d’Aliou Cissé est monté en régime au fil des matchs jusqu’à l’apothéose face à l’Égypte, auréolée sept fois dans l’épreuve.
Cerise sur un gâteau déjà croustillant, le Joueur africain de l’année en 2019 et 2022 s’est adjugé le tout premier Prix Socrates (du nom de la légende brésilienne) pour son engagement dans « des projets sociétaux et caritatifs ». À Bambali, son village natal dans le Sud du Sénégal, Sadio Mané a amélioré les conditions de vie avec entre autres la construction sur fonds propres d’un hôpital, d’un lycée et d’une mosquée. Avec ses partenaires, il a aussi doté la localité d’une station-service et d’une antenne 4G. Vêtu d’un costume africain bleu à la cérémonie du Ballon d’Or, l’international sénégalais s’est exprimé en ces termes : « Je suis vraiment très content d’être là même si parfois je suis peut-être un peu timide. Je suis content de ce que je fais pour toutes ces personnes chez moi (au Sénégal) ».
Seul dans son monde
Sans surprise, le Français Karim Benzema (34 ans) a remporté la palme. Haut la main ! Le couronnement de l’avant-centre du Real Madrid et des Bleus était une évidence, même pour ses concurrents. « Karim mérite le Ballon d’Or. Je le pense sincèrement », a affirmé Sadio Mané, le 12 octobre dernier, après la balade du Bayern Munich à Plzen (0-5), lors de la 3e journée de la phase de groupes de la Ligue des champions.
À l’apogée de sa carrière, le joueur formé à l’Olympique Lyonnais a guidé les Merengue vers une 14e victoire finale en Champions League et un 35e titre de champion d’Espagne. Capitaine d’une équipe habitée par quelque chose d’étrange, souvent touchée mais pas coulée, Benzema a ébloui le monde du foot par sa classe dans le jeu, sa détermination en toutes circonstances et son efficacité clinique aux abords de la surface de réparation. En Bleus, le successeur de Lionel Messi au palmarès du BO a également conquis la Ligue des nations.
Le Ballon d’Or France Football, créé en 1956, a distingué des Européens jusqu’en 1994. La saison suivante, quand il s’est enfin ouvert aux joueurs de toutes nationalités, le trophée a été décerné au Libérien George Weah (Paris Saint-Germain puis Milan AC).
Cette année-ci, les critères d’attribution ont changé. D’abord, la saison sportive écoulée, et non plus l’année civile, est prise en considération dans les votes. Le jury de journalistes a ensuite été réduit, passant à 100 votants qui représentent les premières nations au classement FIFA. Enfin, le vainqueur est désigné en fonction de ses performances individuelles et collectives, de son palmarès, mais aussi de sa classe et son fair-play.