Cette institution financière devrait prendre en compte les réalités des économies du continent noir largement dominées par le secteur informel.L’avis des agences de notation financière a une grande influence sur l’accès aux marchés financiers. En rehaussant la note d’un pays, elles diminuent le risque d’y investir et favorisent son accès aux crédits. Les économies africaines, souvent victimes d’une dégradation de leurs notations, sont ainsi confrontées à une surestimation des risques d’investissement et une flambée des primes d’assurance et par ricochet des taux d’intérêt de la dette. D’où la nécessité pour le continent de se doter d’une structure parallèle d’évaluation des risques.
« Avoir une agence de notation africaine nous permettra d’avoir notre propre benchmarking. Une agence qui comprend mieux les réalités africaines et qui prendra en compte davantage l’impact du secteur informel dans notre Produit Intérieur Brut (PIB) », a déclaré le ministre sénégalais de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott.
Il s’exprimait ce mardi à la clôture de la 54e session de la Commission économique pour l’Afrique (CoM2022) tenue au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad) de Diamniadio, à la périphérie de Dakar.
Cette institution panafricaine, a fait savoir l’ancien directeur du Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis), « devra prendre en compte davantage la résilience de nos économies et faire des rapports qui vont inspirer les agences de notation internationale » afin que celles-ci revoient leurs méthodes d’évaluation des risques en Afrique.
Dans son discours d’ouverture officielle de la CoM2022, lundi dernier, Macky Sall avait déjà fustigé les procédés utilisés par les agences de notation quand il s’agit des pays africains. Le président sénégalais a signalé à ce titre que le rapport 2022 sur le financement du développement durable avait pointé du doigt les limites et les méthodes d’évaluation de ces agences.
« L’étude établit un parallèle entre la célérité des agences de notation vis-à-vis des pays du Sud et leur relative mansuétude à l’égard des nations riches », a dénoncé le successeur d’Abdoulaye Wade.
Citant le rapport, Macky Sall a rappelé que les pays développés, ayant connu une augmentation de la dette et un ralentissement économique beaucoup plus important, ont largement échappé aux dégradations, non sans ajouter que cette notation renforce leur accès aux marchés financiers.
Le document insiste ainsi sur l’importance de méthodologies transparentes afin de ne pas saper la confiance dans la notation.
Ce rapport a été réalisé par une soixantaine d’institutions multilatérales dont le Fonds Monétaire International (FMI), la Banque Mondiale, le Comité de Bale sur la supervision bancaire, le Comité international des régulateurs de l’assurance et le Conseil de stabilité financière.