Depuis la cessation de leur statut, des anciens réfugiés rwandais au Congo-Brazzaville sont aujourd’hui plus de 8 000 sans-papiers à avoir refusé de rentrer en invoquant des raisons de sécurité. Le gouvernement congolais renouvelle ses appels à suivre la procédure administrative prévue pour ceux qui souhaitent rester dans le pays. A savoir retirer un passeport rwandais à l’ambassade du Rwanda à Brazzaville, avant de pouvoir demander de régulariser leur situation au Congo. Le HCR de son côté estime que la protection internationale a été maintenue pour ceux qui avaient des raisons fondées de craindre pour leur vie s’ils rentraient au Rwanda.
A Brazzaville, près 200 de ces anciens réfugiés se sont réunis dans un collectif, celui dit « des mineurs non accompagnés reconnus par le HCR ». Ils se retrouvent eux aussi sans papiers. Ils disent être arrivés mineurs au Congo-Brazzaville, pris en charge par le HCR alors que leurs parents avaient été massacrés à Kibeho au Rwanda ou dans des camps de réfugiés en République démocratique du Congo en représailles du génocide de 1994. Ces orphelins ne comprennent pas la décision prise de leur refuser toute protection internationale, « faute de nouveaux éléments ».
Comme des milliers d’autres, ils refusent aujourd’hui de rentrer au Rwanda ou de passer par leur ambassade. Ils ont peur d’avoir un quelconque contact avec un gouvernement qu’ils estiment responsable de la mort de leurs proches : « Si les parents ont été tués par le même pouvoir. Si aujourd’hui, on te demande encore d’aller plus en contact avec les mêmes personnes qui n’ont jamais reconnu qu’ils ont assassiné nos parents. Ça, c’est l’injustice ».
Pour l’Adhuc, l’association congolaise qui suit ces anciens réfugiés et tire la sonnette d’alarme depuis des mois, c’est la négation d’un traumatisme. Loamba Moke en est le président : « Ils sont traumatisés, ils ne savent pas sur quel pied danser : repartir au Rwanda, comment et surtout dans quelle maison ? Ils ont été traumatisés en bas âge, c’est cela le grand problème. Ca devait être les premières personnes qui devaient être exemptées parce qu’ils sont des enfants non accompagnés ».
L’Adhuc demande au gouvernement congolais, comme au HCR, de trouver une solution pour ces orphelins, comme pour les milliers d’autres Rwandais aujourd’hui sans papiers, qui rejettent depuis cinq ans les différentes options mises sur la table.
Tout en comprenant leur traumatisme, le gouvernement congolais estime que le risque est inexistant pour ces orphelins de se présenter à leur ambassade à Brazzaville, que cette procédure a fait l’objet de cinq années d’échanges avec le HCR, Kigali et cette communauté. Mais si l’impasse se confirme, dit son porte-parole, le gouvernement congolais « restera à l’écoute comme il l’a toujours été » et se tournera vers le HCR pour envisager un « déblocage » de la situation. Le HCR dit pour sa part avoir déjà tenté de convaincre le gouvernement congolais de trouver une procédure alternative, en vain.