Le gouvernement se réjouit du dit accord, mais le trouve « exigeant » : il est assorti de 48 mesures à appliquer.
Après quasiment deux années de rudes négociations, le Congo et le Fonds monétaire international (FMI) sont parvenus le 11 juillet dernier à Washington à un accord d’un prêt d’environ 250 milliards de francs CFA à décaisser sur trois ans. Le gouvernement se réjouit du dit accord, mais le trouve « exigeant » : il est assorti de 48 mesures à appliquer. Des universitaires disent qu’il s’agit d’un « ouf » de soulagement et appellent à la rigueur, tandis que les opposants politiques critiquent cet accord. Pour eux, c’est un retour à la case départ.
C’est à Sibiti, son fief du sud du Congo, que le Premier ministre congolais Clément Mouamba a appris la signature de l’accord entre son pays et le FMI. Quelques jours après, à Brazzaville, il a animé une conférence de presse en présence de plusieurs membres de son gouvernement pour expliquer le bien-fondé de cet accord qui, d’après lui, est juste un début de solution aux problèmes socio-économiques que connaît le pays et non une panacée.
« L’accord ne règle pas toutes les questions. Mais, je considère qu’on est sur la bonne voie. Donc, c’est notre accord. Nous l’assumons en disant que c’est un déclencheur psychologique d’abord. Le Congo, quand il y avait l’embellie, on avait des budgets d’investissement qui dépassaient les 1 000 milliards de francs CFA (1 524 millions d’euros). Donc, c’est normal que les Congolais disent que cette somme qu’on va avoir en trois ans ne représente pas grand-chose en effet. Mais, c’est beaucoup de choses pour nous dans le contexte actuel », a déclaré Mouamba.
« Prudence et rigueur dans la gestion »
À la question de savoir si c’est au gouvernement actuel que reviendra la tâche de gérer les financements générés par le prêt du FMI, Clément Mouamba a répondu : « Pensez-vous que même s’il y avait remaniement je dois vous le dire. Donc, c’est une question qui n’a pas son objet ici », a-t-il indiqué.
Enseignant d’économie à l’université publique de Brazzaville, Léon Mayeko considère cet accord comme un « ouf » de soulagement. Pour lui, le Congo sort la tête de l’eau. Mais, il recommande la prudence et la rigueur dans la gestion. « Il nous faut de la rigueur dans le sens de la bonne gouvernance. Il faudrait qu’on mette un accent particulier dans la gestion des deniers publics », a-t-il exhorté.
5 580 milliards de francs CFA de dette
Économiste, statisticien et ancien ministre passé à l’opposition, Clément Miérassa se dit plutôt triste. Il ne comprend pas comment un pays qui a bénéficié de l’effacement de 80 % de sa dette en 2010 traîne actuellement une dette de 5 580 milliards de francs CFA, soit 117 % de son PIB.
« Je suis triste d’avoir appris que le Congo était un mauvais élève : il avait caché sa dette », a lâché M. Miérassa, avant de souligner : « les acteurs politiques congolais doivent prendre conscience de ce que, par notre mauvaise gouvernance, les Congolais souffrent. Il faut que cette souffrance s’arrête et qu’on mette le Congo sur de bons rails. »
Avec ses quatre millions d’habitants, le Congo a une économie essentiellement dépendante du pétrole. Sa diversification est inscrite comme une priorité par le gouvernement.