Depuis septembre 2018, les Congolais attendent la Haute autorité de lutte contre la corruption, le nouvel organe qui va traquer les corrupteurs et les corrompus.
Au Congo-Brazzaville, après la dissolution de la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’Observatoire national anti-corruption, les populations attendent depuis six mois la mise en place de la nouvelle Haute autorité de lutte contre la corruption. La corruption est devenue une vraie gangrène dans ce pays.
Selon la nouvelle loi, la Haute autorité de lutte contre la corruption est dotée d’importants pouvoirs d’investigation et de saisine à la justice, et sera dirigée par une personnalité indépendante.
Pour Fortune Maixent Animbat, président du Forum pour la gouvernance et les droits de l’Homme, une ONG local, le retard peut s’expliquer par la prudence : « Si les gens sont prêts à aller vers cet outil de lutte contre la corruption qui va leur échapper et continuent à réfléchir à comment conserver la main sur cet outil, ils prendront le temps pour évaluer le risque ».
Pour l’économiste Augustin Benazo, la corruption fait du mal à l’économie nationale : « La corruption a un impact sur l’évolution des politiques publiques dans notre économie ».
L’opposition ne croit pas à la volonté du gouvernement de s’attaquer à la corruption. Elle estime que les dignitaires du pouvoir devraient être eux-mêmes la cible de la Haute Autorité de lutte contre la corruption.
Selon le professeur Charles Zacharie Bowao, porte-parole de la Fédération de l’opposition congolaise : « Nous n’y croyons pas. La Commission nationale de lutte contre la corruption s’est mise debout avec un certain nombre de dossiers rendus publics, au terme de dénonciations du système lui-même, cette commission a été dissoute au profit d’une hypothétique haute autorité en la matière. Le pouvoir actuel, dont les grands tenants sont impliqués dans ces dossiers, ne pourra jamais être juge et parti. Il n’y a rien de sérieux ».
L’ancien ministre Alain Akouala, qui est aussi membre du PCT, le parti présidentiel, affirme qu’il n’est plus question de majorité ou d’opposition, mais d’éradiquer une gangrène qui ronge le pays depuis bien longtemps : « C’est difficile de faire la chasse à tout le monde et nous savons tous dans quel système nous avons baigné et cette culture de corruption est liée au fait que depuis toujours, le Congolais associe une espèce de progression économique à un poste de l’administration ou un poste obtenu grâce à la politique. Cette culture ne date pas d’aujourd’hui, donc il va falloir extirper ce mal ».
Après l’adoption au parlement de la nouvelle loi sur la corruption, tous les acteurs attendent maintenant sa promulgation par le président de la République.